5 0 4 - H i s t o i r e N a t u r e l l e
notices d’Ariftote, ce qu’elles ont d’obfcur, d’oppofé
& même de fabuleux, il m’a paru'qu’elles fe réduifoient
à ce qui fuit. Le bonafus eft un bçeuf fauvage de Pceonie,
il eft au moins auftï grand qu’un taureau domeftique, &
de la même forme; mais fon cou eft, depuis les épaules
juique fur les yeux, couvert d’un long poil bien plus
doux que le crin du cheval ; il a la voix du boeuf, les
cornes aflez courtes & courbées en bas autour des
oreilles ; les jambes couvertes de longs poils, doux
comme la laine, .& là queue aflez petite pour fa grandeur,
quoiqu’àu refte femblable a celle du boeuf. Il a
comme le taureau l’habitude de faire de la pouflière avec
les pieds ; fon cuir eft dur, & fa chair tendre & bonne
à manger. Par ces caraétères, qui font les feuls fur lef-
quels on puifle tabler dans les notices d’Ariftote, on
voit déjà combien le bonafus approche du bifon : tout
convient en effet à cet animal, à l’exception de la forme
des cornes, mais comme nous 1 avons dit, la figure des
cornes varie beaucoup dans ces animaux, fans qu’ils
ceflent pour cela d’être de la même efpèce : nous avons
vû des cornes ainfi courbées, qui provenoient d’un
boeuf boflu d’Afrique, & nous prouverons tout-à-l’heure
que ce boeuf à bofle n’eft autre chofe que le bifon.
Nous pouvons auffi confirmer ce que nous venons de
dire, par la comparaifon des témoignages des Auteurs
anciens. Ariftote donne le bonafus, pour un boeuf de
Poeonie, &Paufanias * en pariant des taureaux de Poeor.ie,
* Vide Paujdn.in Beoticis & Phocicis.
dit
du B u f f l e , du B o n a s u s , <y.c 305
dit en deux endroits diffèrens, que ces taureaux font
des bifons; il dit même expreflement, que les taureaux
de Poeonie qu’il a vûs dans les fpeétacles de Rome,
avoient des poils très-longs fur la poitrine & autour
des mâchoires. Enfin Jules Cé fa r, Pline, Paufànias,
Solin, &c. ont tous, en parlant des boeufs fauvages , cité
l’aurochs & le bifon, & n’ont rien dit du bonafus ;
il faudrait donc fuppofer qu’en moins de quatre ou
cinq fiècles l’efpèce du bonafus fe ferait perdue, fi^
l’on ne vouloit pas convenir que ces deux noms bonafus
& bifon , n’indiquent que le même animal.
6.° Les bifons d ’Amérique pourvoient bien venir originairement
des bifons d Europe ; nous avons déjà jete
les fondemens de cette opinion dans notre difcours fur
les animaux des deux continens * : ce font les expériences
faites par M. de la Nux qui nous ont éclairés ;
il nous a appris que les bifons ou boeufs à bofle des
Indes ôc de l’Afrique produifent avec les taureaux &
vaches de l’Europe , & que la bofle n’eft qu’un caractère
accidentel qui diminue dès la première génération
& difparoît à la fécondé ou à la troifième. Puifque les
bifons des Indes font de la même efpèce que nos boeufs,
& ont par conféquent une même origine, n’eft-il pas naturel
d’étendre cette même origine au bifon d’Amérique !
Rien ne s’oppofe à cette flippofifton, tout femble au
contraire concourir à la prouver. Les bifons parodient
* Voyez le IX .' volume decetie Hiftoire naturelle, articles animaux
de l'ancien continent, ed animaux communs aux deux continens.
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