4 .8 - H i s t o i r e Na t u r e l l e
qu’on a vus en différer:s temps dans quelques endroits
des Indes, où il s’en trouve auffi quelques-uns qui font
roux, & ces éléphans blancs & rougesa fonttrès-eftimés ;
au refte ces variétés font fi rares qu'on ne doit pas les
regarder comme fiibfiftantes par des races diftinétes
dans l’efpèce, mais pluflôt comme des qualités accidentelles
& purement individuelles; car s'il en étoit
autrement, on connoîtroit le pays des éléphans blancs,
celui des rouges & celui des noirs, comme l’on conçoit
les climats des hommes blancs, rouges & noirs.
« On trouve aux Indes des éléphans de trois fortes (dit le
» P. Vincent Marie b ) les blancs qui font les plus grands ,
» les plus doux , les plus pailibles, font eftimés & adorés
» par plufieurs nations, comme des Dieux; les roux‘ tels
» que ceux de Ceylan, quoiqu’ils foient les plus petits de
» corfage, font les plus valeureux, les plus forts, les plus
» nerveux, les meilleurs pour la guerre, les autres foit
» par inclination naturelle, foit parce qu’ils reconnoiffent
» en eux quelque chofe de plus excellent, leur portent
» un grand relped: ; la troifième efpèce eft celle des noirs
qui font les plus communs & les moins eftimés ». Cet
a Dans les cérémonies, fe roi de Pe'gu fait mener deux éle'phans
rcmges enharnachés d’étoffes d’or & de foie., puis les quatre éléphans
blancs avec de femblables hamois relevés de pierreries; ceux-ci ont
<une garniture d ’or toute couverte, de rubis ffir chaque dent. Voyage
Je la. Compagnie des. Indes de Hollande, tome I I I , page do..
b Voyage du P . Fr. Vincent-Marie de S ,‘c Catherine de. Sienne;
chap. y c t, traduit de l ’Italien par M , le Marquis de. Montmirail.
auteur
auteur eft le foui qui paroiffe indiquer, que le climat
particulier des éléphans roux ou rouges eft Ceylan ; les
autres voyageurs n’en font aucune mention. Il affure auffi
que les éléphans de Ceylan font plus petits que les
autres; Thevenot dit la même chofe dans la relation
de fon voyage^« page 2.60, mais d’autres difont ou
indiquent le contraire : enfin le P. Vincent Marie eft
encore le foui qui ait écrit que les éléphans blancs font
les plus grands; le P. Tachard affure afi contraire, que
l ’éléphant blanc du Roi de Siam étoit affez petit quoiqu’il
fût très-vieux. Après avoir comparé les témoignages
des voyageurs au fujet de la grandeur des éléphans
dans les différens pays, & réduit les différentes mefures
dont ils fo font fervi, il me paraît que les plus petits
éléphans font ceux de l’Afrique occidentale & fepten-
trionale, & que les Anciens, qui ne connoiffoient que
cette partie feptentrionale de l’Afrique, ont èu raifon
de dire qu’en général les éléphans des Indes étoient
beaucoup plus grands que ceux de l’Afrique. Mais
dans les terres orientales de cette partie du monde qui
étoient inconnues des Anciens , les éléphans fo font
trouvés aulfi grands, & peut-être même plus grands
qu’aux Indes; & dans cette dernière région f il paroît
que ceux de Siam , de Pégu , & c l’emportent par
la taille fur ceux de Ceylan, qui cependant, de l’aveu
unanime de tous les voyageurs, font les plus courageux
& les plus intelligens.
Après avoir indiqué les principaux faits au fujet de
Tome X I . G