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 qu’on  a  vus  en  différer:s  temps  dans  quelques  endroits  
 des Indes,  où  il  s’en  trouve  auffi  quelques-uns  qui  font  
 roux, & ces  éléphans blancs & rougesa fonttrès-eftimés ;  
 au  refte  ces  variétés  font  fi  rares  qu'on  ne  doit  pas  les  
 regarder  comme  fiibfiftantes  par  des  races  diftinétes  
 dans  l’efpèce,  mais  pluflôt  comme  des  qualités  accidentelles  
 &  purement  individuelles;  car  s'il  en  étoit  
 autrement,  on  connoîtroit  le  pays  des  éléphans  blancs,  
 celui  des  rouges  &  celui  des  noirs,  comme  l’on  conçoit  
 les  climats  des  hommes  blancs,  rouges  &  noirs.  
 «  On trouve aux Indes  des éléphans de trois  fortes  (dit le  
 » P. Vincent Marie b )  les  blancs  qui  font  les plus grands ,  
 »  les  plus  doux ,  les  plus  pailibles,  font  eftimés & adorés  
 »  par  plufieurs nations,  comme  des Dieux;  les  roux‘ tels  
 »  que  ceux  de  Ceylan,  quoiqu’ils  foient  les  plus  petits  de  
 »  corfage,  font  les  plus valeureux,  les plus  forts,  les  plus  
 » nerveux,  les  meilleurs  pour  la  guerre,  les  autres  foit  
 »  par  inclination  naturelle,  foit  parce  qu’ils  reconnoiffent  
 »  en  eux  quelque  chofe  de  plus  excellent,  leur  portent  
 » un  grand  relped: ;  la  troifième  efpèce  eft  celle  des  noirs  
 qui  font  les  plus  communs  & les  moins  eftimés  ».  Cet 
 a Dans  les  cérémonies,  fe  roi  de  Pe'gu  fait  mener  deux  éle'phans  
 rcmges  enharnachés  d’étoffes  d’or  &   de  foie.,  puis  les  quatre  éléphans  
 blancs  avec  de  femblables  hamois  relevés  de  pierreries;  ceux-ci  ont  
 <une  garniture  d ’or  toute  couverte, de  rubis  ffir  chaque  dent.  Voyage  
 Je   la. Compagnie  des.  Indes  de  Hollande,  tome  I I I ,  page  do.. 
 b Voyage  du  P .  Fr.  Vincent-Marie  de  S ,‘c Catherine  de.  Sienne;  
 chap.  y c t,  traduit  de  l ’Italien  par  M ,  le  Marquis  de. Montmirail. 
 auteur 
 auteur  eft  le  foui  qui  paroiffe  indiquer,  que  le  climat  
 particulier des  éléphans  roux  ou  rouges  eft Ceylan  ;  les  
 autres  voyageurs  n’en  font aucune  mention.  Il affure auffi  
 que  les  éléphans  de  Ceylan  font  plus  petits  que  les  
 autres;  Thevenot  dit  la  même  chofe  dans  la  relation  
 de  fon  voyage^«  page  2.60,  mais  d’autres  difont  ou  
 indiquent  le  contraire  :  enfin  le  P.  Vincent  Marie  eft  
 encore  le  foui  qui  ait  écrit  que  les  éléphans  blancs  font  
 les  plus  grands;  le  P.  Tachard  affure  afi  contraire,  que  
 l ’éléphant blanc  du  Roi  de  Siam  étoit  affez  petit  quoiqu’il  
 fût  très-vieux.  Après  avoir  comparé  les  témoignages  
 des voyageurs  au fujet de la grandeur  des éléphans  
 dans  les  différens  pays,  &  réduit  les  différentes  mefures  
 dont  ils  fo  font  fervi,  il  me  paraît  que  les  plus  petits  
 éléphans  font  ceux  de  l’Afrique  occidentale  &  fepten-  
 trionale,  &  que  les  Anciens,  qui  ne  connoiffoient  que  
 cette  partie  feptentrionale  de  l’Afrique,  ont  èu  raifon  
 de  dire  qu’en  général  les  éléphans  des  Indes  étoient  
 beaucoup  plus  grands  que  ceux  de  l’Afrique.  Mais  
 dans  les  terres  orientales  de  cette  partie  du  monde  qui  
 étoient  inconnues  des  Anciens  ,  les  éléphans  fo  font  
 trouvés  aulfi  grands,  &  peut-être  même  plus  grands  
 qu’aux  Indes;  &  dans  cette  dernière  région  f  il  paroît  
 que  ceux  de  Siam  ,  de  Pégu  ,  & c  l’emportent  par  
 la  taille  fur  ceux  de  Ceylan,  qui  cependant,  de  l’aveu  
 unanime  de  tous  les  voyageurs,  font  les  plus  courageux  
 &  les  plus  intelligens. 
 Après  avoir  indiqué  les  principaux  faits  au  fujet  de  
 Tome  X I .  G