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à l’éléphant | qifil emploie non feulement fes mouve-
mens naturels, mais même les relfources de foo intelligence
pour s’en délivrer; il fe fort de là queue, de
fes oreilles , de fa trompe pour les frapper ; il fronce
là peau par - tout où elle peut le contracter & les ecrale
entre les rides; il prend des branches darbres, des
rameaux, des poignées de longue paille pour les chalfer,
& lorfque tout cela lui manque, il ramalfe de la pouf-
fière avec fa trompe & en couvre tous les endroits
fenlibles ; on l’a vû le poudrer ainfi plulieurs fois par
jour & fe poudrer à propos, c’ell - à - dire, en fortant
du bain *. L ’ufage de l’eau elt prefqu’aulfi nécelfaire à
ces animaux que celui de 1 air & de la terre, lorfqu ils
font libres ils quittent rarement le bord des rivières, ils
fe mettent fouvent dans l’eau jufqu’au ventre, & ils y
palfent quelques heures tous les jours. Aux Indes ou
l’on a appris à les traiter de la manière qui convient
le mieux à leur naturel & à leur tempérament, on les
lave avec foin & on leur donne tout le temps nécelfaire
* On nous a dit que l’éléphant de Verfâilles le rouloit toujours lui'
ïa pouffière quand il s’étoit baigné, ce qu il fàilôit le plus louvent
q u ’il p ouvoit, & nous avons remarqué qu’il fe jetoit de la pouffière
aux endroits où il ne s’en étoit pas attaché quand il fe vautrait, &
qu’ il avoit accoutumé de chaftèr les mouchés ou avec une poignéè
de paille qu’il prenoit avec fa trompe ou avec de la pouffière qu’il
jetoit adroitement fur les endroits où il le lëntoit piqué , n’y ayant
rien que les mouches évitent davantage que la pouffière qui tombe.
Mémoires pour Jeryir à l’HiJi. des Animaux, part. I I I , pages 1 1 7
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& toutes les facilités poflîbles pour fe laver eux-mêmesa;
on nétoie leur pe,au en la frottant avec de la pierre
ponce, & enfuite on leur met des elfences, de l’huile
& des couleurs.
La conformation des pieds & des jambes ell encore
fingulière & différente dans l’éléphant de ce qu’elle elt
dans la plufpart des autres animaux ; les jambes de devant
paroilfent avoir plus de hauteur que celles de derrière,
cependant celles-ci font un peu plus longues b, elles ne
font pas pliées en deux endroits comme les jambes
de derrière du cheval ou du boeuf, dans lefquels la
* Sur les huit ou neuf heures avant midi , pous fumes au bord de
la rivière pour voir comme on lave les éléphans du R o i & des grands
Seigneurs ; l’éléphant entre dans l’eau jufqu’au ventre & lé couchant
fur un côté', prend à diverfes fois de l’eau avec fa trompe qu’il jette
lùr celui qui elt à d’air pour le bien laver; le maître vient enfuite
avec une plpèçe de pierre de ponce frottant la peau de 1, éléphant,:
la nétoie de toutes, les ordures q u i °W pû s’y apialfer. Quelques-uns
croient que torique cet animal eft couché par terre , il ne peut le
relever de fo i-m êm e , ce q u i ,eft bien,contraire à ce que j ’ai v û ;
car dès que le maître l ’a bien frotté d’un cô te , il lui commande de le
tourner de l ’autre , ce que. l’éléphant fait promptentent, & après qu’il
eft bien lavé.des deux côtés, il fort de là rivière & demeure .quelque
tëpips ’ debout, fur le bord'" de la .rivière- pour f e , féçher '. . puis le
maître vient avec'u n ■ pot plein dè côùleur 'ro ù g e où dé douleur
jaune & lui en lait des raies lùr le fro n t, autour des y e u x , lur
la poitrine, lur le derrière; le frottant enfuite d’huile dé coque pour
lui renforcer lés nerfs. Voyage de Tayernier. Rouen, 1 7 1 3 ' , tome 111,
pages 26 g. & 2 6 7 . "
h Mém. pour lèrvir à l’Hift. des Anim. partie 111, page 1,02.
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