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 „   veut  monter  deffus  8c  le  foulage  avec  fa  trompe....  11  
 »,  eft  fi  obéiffant  qu’on  lui  fait  faire  tout  ce  que  l’on  
 »  veut,  pourvu  qu’on  le  prenne  de  douceur....  II  fait  tout  
 »  ce  qu’on  lui  dit,  il  careffe  ceux qu’on  lui montre,  &c. 
 ,»  En  donnant  aux  éléphans. (  difent  les  voyageurs  
 » Hollandois a  ) tout  ce  qui  peut  leur  plaire,  on  les  rend  
 »  auffi  privés  &   auffi  fbûmis  que  le  font  les  hommes.  
 »  L ’on  peut  dire  qu’il  ne  leur  manque  que  la  parole....  
 »  Ils font orgueilleux &  ambitieux  ,  mais  ils  fe  fouviennent  
 »  du  bien  qu’on  leur  a  fait  Sc  ont  de  la  reconnoiffance „  
 »  jufque-là  qu’ils  ne  manquent  point  de  baiffer  la  tête  
 »>  pour  marque  de  refpeét  en  pafïant  devant  les  maifons  
 où  ils  ont  été  bien  traités....  Ils  fe laifTent  conduire  b  Sc  
 »  commander  par  un  enfant,  mais  ils  veulent  etre  loues  
 ,»  8c  chéris.  On  ne fauroit  fe moquer  d eux,  ni  les  injurier  
 „   qu’ils  ne  l’entendent,  &  ceux  qui  le  font  doivent  bien  
 »>  prendre  garde  à  eux,  car  ils  feront  bien  heureux  s ils  
 »  s’empêchent  d’être  arrofés  de  l’eau  des  trompes  de  ces  
 »  animaux  ou  d’être  jetes  par  terre,  le  vifàge  contre  la  
 »,  pouffière. 
 „  Les  éléphans  ( dit  le P. Philippe  c  )  approchent  beau-  
 »  coup  du  jugement  &  du  raifonnement  des hommes.. . .   
 »»  Si  on  compare  les  finges  aux  éléphans,  ils  ne  femble-  
 ,,  ront  que  des  animaux très-lourds  &  très - brutaux,  &  en 
 * Voyage de la Compagnie des  Indes de Hollande,  tome I , p.  4 1 3- 
 1 Idem,  tome  V I I ,  page  y / . 
 * Voyage  d’Orient  du  P.Philippe delaTrès-Sainte-Trinite'.Carme-  
 déchaufle.  Lyon,  / 66j) ,  pages 3 6 6  &   J . 
 effet  les  éléphans  font  fi  honnêtes,  qu’ ils  ne  fauroient  «  
 fouffrir  qu’on  les  voie  lorfqu’ils  s’accouplent,  &  fi  «  
 de  hafard  quelqu’un  les  avoit  vûs  en  cette  aétion  ,  «  
 ils  s’en  vengeroient  infailliblement,  &c—   Ils  faluent  «  
 en  fléchiflànt  les  genoux  &  en  baillant la tête,  Sc lorfque  «  
 leur maître  veut  les monter  iis  lui  prefentent  fi  adroite-  «  
 ment  le  pied  qu’il  s’en  peut  fervir  comme  d’un  degré.  «  
 Lorfqu’on  a  pris  un  éléphant  fauvage  Sc  qu’on  lui  a  lié  «  
 les  pieds,  le  chaffeur  l’aborde,  le  falue,  lui  fait  des«  
 excufes  de  ce  qu’il  l’a  lié,  lui  protefte  que  ce  n’efl  «  
 pas  pour  lui  faire  injure—   lui  expofe  que  la  plufpart  «  
 du  temps  il  avoit  faute  de  nourriture  dans  fon  premier  «  
 état,  au  lieu  que  déformais  il  fera  parfaitement  bien  «  
 traité,  qu’il  lui  en  fait la promeffe,  &c.  L e   chaffeur  n’a  «  
 pas  pluftôf achevé  ce difcours  obligeant,  que  l’éléphant  «  
 le  fuit  comme  ferait  un  très-doux  agneau;  il  ne  faut  «  
 pas pourtant  conclurre  de  là  que  l’éléphant  ait  l ’intelli-  «  
 gence  des  langues ;  mais  feulement  qu’ayant  une  très-  «  
 parfaite  eflimative,  il  connoît  les  divers  mouvemens  «  
 d’eftime  ou  de mépris,  d’amitié  ou  de  haine  6c  tous  les  «  
 autres  dont  les  hommes  font  agités  envers  lui,  Sc  pour  «  
 cette  caufe  il  eft  plus  aifé  à dompter,  par  les  raifons que  «  
 par  les  coups Sc  par  les  verges—  Il  jette  des  pierres  fort  «  
 loin  Sc  fort  droit  avec  fà  trompe,  &  il  s’en  fert  pour  «  
 verfer de  l’eau avec  laquelle  il  fe  lave  le corps.  « 
 De  cinq  éléphans  (  dit  Tavernier  *  )  que  les  «  
 chaffeurs  avoient  pris,  trois  fe  fàuvèrent,  quoiqu’ils  «  
 *   Voyage  de  Tavernier,  tome  I I I ,   page  2 ]  8. 
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