forts chevaux ; comme leur cou & leur tête fe portera
naturellement en bas, ils emploient en tirant tout le
poids de leur corps, & cette maffe furpaffe de beaucoup
celle d’un cheval ou d’un boeuf de labour.
La taille & la grolfeur du buffle indiqueraient feules
qu’il eft originaire des climats les plus chauds ; les plus
grands, les plus gros quadrupèdes appartiennent tous
à la Zone torride dans l’ancien continent, & le buffle
dans l’ordre de grandeur ou pluftôt de maffe Si d’épaiffeur,
doit être placé après l’éléphant, le rhinocéros & l’hippopotame.
La giraffe & le chameau font plus élevés,
mais beaucoup moins épais, & tous font également
originaires & habitans des contrées méridionales dè
l ’Afrique ou de l’Afie; cependant les buffles vivent &
produifent en Italie , en France & dans les autres provinces
tempérées ; ceux que nous avons vus vivans à la
Ménagerie du Roi, ont produit deux ou trois fois; la.
femelle ne fait qu’un petit & le porte environ douze
mois, ce qui prouve encore la différence de cette efoèce
à celle de la vache, qui ne porte que neuf mois. Il paraît
auffi que ces animaux font plus doux & moins brutaux
dans leur pays natal, & que plus fe cfimat eft chaud,
plus ils font d’un naturel docile; en Egypte*,, ils font
. * II fe trouve beaucoup de buffles en Égypte;, k chair en eft bonne
à manger, & ils n’ont pas la férocité des buffles d’E u ro p e , leur lait
eft d’un très - grand u fa ge, & l’on en fût même du beurre qui eft
excellent. Defcription de l’Egypte, par Maillet, page z j .
du B uffle, du B o n a s u s , ère. . 3 3 3
plus traitables qu’en Italie ; Ôc aux Indes ", ils le font
encore plus qu’en Égypte. Ceux d’Italie ont auffi plus
de poil que ceux d’Égypte, & ceux-ci plus que ceux
des Indesb ; leur fourrure n’eft jamais fournie, parce
qu’ils font originaires des pays chauds, & qu’en général
les gros animaux de ce climat n’ont point de poil ou
n’en ont que très-peu.
“ Les buffles font extraordinairement hauts & relevés d’épaules,
(dans le royaume d’Aunanj. dans fo Tunquin ) ils font auffi robuftes
& grands travailleurs, de façon qu’un fèul fuffit à tirer la charrue ,
encore que le coutre entre bien avant dans fa terre, & k chair même
n’en eft pas dekgréable , encore que:;celle du boeuf y foit plus commune
& meilleure. Hiftoire de Tunquin,par le P . de Rhodes.Lyon, i 66 y,
page j i àr fichantes.
h L e buffle, à Malabar, eft plus grand que le boe uf, à peu-près fort
de même, il a k tête plus longue & plus plate, les- yeux plus o-rands
& prelque tout blancs, les cornes plates & fouvent de deux pieds,
de lo n g , les jambes groflës & courtes; il eft laid, prefque fans p o il,
.va lentement, & porte des charges fort pefontes ; " on en voit par
troupes comme des vaches , & ils donnent du lait qui fert à. foire du
beurre & du fromage ; leur chair eft bonne,. quoique moins délicate
que celle du boeuf; il nage parfaitement bien & traverfe les plus
grandes rivières ; on en voit de privés, mais il y en a. de. fouvaees-
qui font extrêmement dangereux, déchirant les hommes ou Iqs écrafont
d’un feul coup de tête ; ils font moins à craindre dans les bois que
par-tout ailleurs, parce que leurs cornes s’arrêtent fouvent aux. branches
■ & donnent le temps de fuir à ceux qui .en font pourfmvis •
le cuir de ces animaux fort à une infinité de chofes, & l’on en foit
jufqu’à des cruches pour conforver de l ’eau ou. des liqueurs ; ceux
de la côte de Malabar font prelque tous fouvages,- & il n ’eft..point,
défendu aux étrangers de leur donner 1a charte & d’en manger-
Voyage de De lion, pages 1 1 0 n i .
T t iij.