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 leptentrionales  de  l’Inde.  Le'  dromadaire  occupe  donc  
 des  terres  immenfes ,  &  le chameau  eft  borné à  un  petit  
 terrein;  le premier  habite  des  régions  arides & chaudes;  
 le | fécond,  un  pays  moins  fes  &   plus  tempéré,  &  
 l’efpèce  entière,  tant  des  uns  que  des autres,  paroît  être  
 confinée  dans  une  zone  de  trois  ou  quatre  cents  lieues  
 de  largeur,  qui  s’étend  depuis  la  Mauritanie  jufqu’à  la  
 Chine :  elle  ne  fu b fille  ni  au  defliis  ni  au  deflous  de  
 cette zone;  cet animal,  quoique naturel aux pays chauds,  
 craint  cependant  les climats  où  la  chaleur  efl;  exceflive  :  
 fon  efpèce  finit  où  Commence  celle  de  l’éléphant,  
 &  elle  ne  peut  fubfifler  ni  fous  le  ciel  brûlant  de  la  
 zone  torride,  ni  dans  les  climats  doux  de  notre  zone  
 tempérée.  Il  paroît  être  originaire  d’Arabie * ;  car  non  
 feulement  c’ eft  le pays  où  il  efl en  plus  grand  nombre,  
 mais  c’eft  aulfi  celui  auquel  il  efl  le  plus  conforme;  
 l’Arabie  efl  le  pays  du  monde  le  plus  aride,  &  où  
 l ’eau  efl  la  plus  rare ;  le  chameau  efl  le  plus  fobre  des 
 tcndentibus  redimuntur,  ita  ut  optlmus  camelus  duodecim  vel  ad fummuta  
 quindecimrubelis haberipojfit.  Noviffima Sinica hiftoriam noltri  temporis  
 illuitratura, & c .  edente G.  G.  L .  am.  /  6y  g ,  pag.  i 66. — L a  Tartane  
 »bonde  en  beftiaux,  &   fur-tout  en  chevaux  &   en  chanteaux.  Voyage  
 hiftoiique  de l'Europe,  Paris,  i  6y  y ,  tome  V II,  page  2. 04. 
 *  L e   lieu  natal  des  chameaux  eft  l’Arabie ;  car  encore  que  l’on  en  
 trouve  ailleurs,  non  feulement  qu’on  y   a  conduits, mais  même  qui  
 y   font  n és,  néanmoins il  n’y   a  lieu  de  la  terre  où  l’on  en  voie  une  
 fi  grande  quantité  qu’en  Arabie.  Voyage  du  P .  Philippe, page  y 6 a,  
 — Tanta  apud Arabes  ejl  camelorum Copia,  ut  eorum pauperrimus  deceni  
 ad minus  camelos  habeat:  multique funt quorum quifque  quatuor  centum  ae  
 mille  ctiam  nmerare pojfit,  Prplp.  Alpin,  hift,  Æ gypti,  pag.  226. 
 animaux 
 du Ch am e a u   àr.  du  Dr o m a d a ir e .  2 1 7   
 animaux  &  peut  pafler  plufieurs  jours  fans  boire a ;  le  
 terrein  eft prefque  par-tout  fec & fablonneux ; le chameau  
 a  les  pieds  faits  pour  marcher  dans  les  fables,  &   ne  
 peut  au  contraire  le  foûtenir  dans  tes  terreins  humides  
 &  glifîans  b;  l’herbe  &  les  pâturages  manquant  à  cette  
 terre,  le boeuf y   manque  auffi,  &  le  chameau  remplace 
 a Les vafles  fblitudes  de  Soïyme,  où  Ton  ne  trouve  ni  oifeaux,  ni  
 bêtes fàuvages, ni  herbes, ni  même  aucun  moucheron, &  où  l’on  110  
 voit  que  des  montagnes  de  fable,  des  carrières  &  des  ofîemens  de  
 chameaux,  fèroient  bien  difficiles  à  traverfêr  fans  ïe  ïecours  des  
 chameaux. Ces animaux font fix  à  fept jours  fans boire  &  fans manger,  
 ce que  je n’aurois jamais  cru  fi  je  ne  Pavois  obfervé  avec  exactitude.  
 Relation du Voyage de  Poucet en Éthiopie.  Lettres édifiantes, IV ? recueil,  
 page  2 y  y . — En  faifant route  d’AIep  à  Ifpahan  par  le  grand  défert,  
 nous marchâmes  près  de  fix  journe'es  fans  trouver  de  l’eau, Iefqueifes  
 jointes  aux  trois  précédentes,  font  les  neuf jours  dont  j’ai  parlé  &  
 que nos  chameaux  pafsèrent  fans  boire.  Voyages  de  Tavernier, tome 1  
 page 2 0 2 . 
 bLes  chameaux  ne  peuvent  marcher  fur  des  terres  graffes  &  dans  
 les  endroits  glifîans,  ils ne  font bons  que  pour  les  fables.  Voyage  de  
 Jean  Ovington,  tome  I ,  page  2 2 2 .   —  II  y  a  principalement  deux  
 fortes de  chameaux,  les  uns  qui  font  propres  pour  les  pays  chauds,  
 &  les  autres  pour  les  pays  froids ;  les  chameaux  des  pays  chauds,  
 comme  font  ceux  qui  vont  d’Ormus  jufqu’à  Ifpahan,  ne  peuvent  
 marcher  fi la  terre efl mouillée & glifïànte, & ils s’ouvriroient le ventre  
 en  s’écartant  par  les  jambes  de  derrière,  ce  font  de  petits  chameaux  
 qui ne portent que  fix ou fept  cents livres.. . .   Les  chameaux des pays  
 froids,  comme  font  ceux  de  Tauris  jufqu’à Conflantinople,  font  de  
 grands  chameaux, qui  portent d’ordinaire  mille  livres ;  ils  fe  tirent  de  
 la  boue, mais dans les  terres  grafîès & chemins glifîans,  il  faut  étendre  
 des  tapis,  &.  quelquefois  jufqu’à  cent  de  fuite,  pour  qu’ils  paffent  
 defliis.  Voyage  de  Tavernier,  tome  I ,  page  1 6 1, 
 Totne  X I. E e