
 
		il  inftruit  fes  chameaux,  il  les  élève  &  les  exerce  dans  
 cette  même vue;  peu  de  jours  après  leur  naiflànce\  il  
 leur  plie  les  jambes  fous  le ventre,  il  les  contraint  à  
 demeurer à terre  &   les  charge, dans  cette fituation , d’un  
 poids  allez  fort  qu’il  les  accoutume  à  porter  &  qu’il  
 ne  leur  ôte  que  pour  leur  en  donner  un  plus  fort;  au  
 lieu  de  les  biffer  paître  à  toute  heure  &   boire  à  leur  
 foif,  il  commence  par  régler  leurs  repas,  &  peu  à  peu  
 les  éloigne  à  de grandes  dillances,  en  diminuant auffi  la  
 quantité  de  la  nourriture ;  lorfqu’ils  font  un  peu  forts  il  
 les  exerce  à  la courfe,  il le s  excite  par  l’exemple  des  
 chevaux  &  parvient  à  les  rendre:  auffi  légers  &  plus.  
 robuftesb;  enfin  dès  qu’il  eft,  fur  de  la  force,  de  la 
 1 On  couche  fur  Je  ventre,  tes quatre pieds  pliés  defious,  tes jeunes  
 chameaux  qui  viennent  de  naître  &   on  les dent  tes  quinze  ou-  vingt  
 premiers jours  dans cette  pofture  pour  tes  accoutumer  à. s-’y  tenir;  ils  
 ng'tèr  couchent  janjais  autrement  :  on  ne  leur donne auffi-,  alors  q.u,’un  
 peu  de  lait,  pour leur apprendre  à. vivre de  peu de  choie  :  à  quoi  on  
 tes  élève  fi  bien  qu’ils  font  des  huit  ou  dix  fours  fins  boire ;  &  pour  
 te  manger,  cet  animal  eft  non  feulement  celui  qui  mange  le  moins  
 de  tous  à  beaucoup  près-;  mais  il  y  a  lieu  de  s’étonner  comment  
 un  fi  grand, animal  peut vivre  de  fi  peu de  choie.  Voyage  de Chardin,  
 tome.  II,  page  2  8. 
 1  Le  dromadaire,  eft  particulièrement  remarquable  par  fit  grande  
 vîtetlê ;  les Araires  dilènt  qu’il  peut  faire  autant  de  chemin  en un jour  
 qu’un  de  leurs  meilleurs  chevaux  en  huit  ou  dix.  L e   Bekh qui nous-  
 conduifit au.môntiSinaï,  étoit monté fur un de ces chameaux, &prenoit  
 fouvent  plaifîr  à  nous  divertir  par  ta  grande  diligence  de  fa monture;  
 il  quittoit.  notre,  caravane  pour  en  reconnoître  une  autre  que  nous,  
 pouvions  à  peine  aperçevoir,  tant  elle  étoit  éloignée,  &  revenoit  à  
 nous en moins  d’un  quart d’heure. Voyage de Show, tome I > page p i  1 , 
 du  C h a m e a u   i f   du  D r o m a d a i r e .  223  
 légèreté  &  de  la fobriété  de  fes  chameaux,  il  les charge  
 de  ce  qui  eft  néceffaire  à  fa  fubfiftance  &  à  la  leur  ,  il  
 part  avec  eux,  arrive  làns  être  attendu  aux  confins  du  
 défert,  arrête  les  premiers  paflàns,  pille  les habitations  
 écartées,  charge  fes  chameaux  de  fon  butin ;  &  s’il  eft  
 pourfuivi,  s’il  eft  forcé  de  précipiter  fa  retraite  ,  c ’eft  
 alors  qu’il  développe  tous  fes  talens &  les  leurs ;  monté  
 fur  l’un  des  plus  légers  a,  il  conduit  la  troupe,  la  fait  
 marcher  jour  &  nuit  ,  prefque  làns  s’arrêter,  ni  boire,  
 ni  manger ;  il  fait  aifément  trois  cents  lieues  en  huit  
 joursb,  &  pendant  tout  ce  temps  de  fatigue  &   de  
 mouvement,  il  laiffe  fes  chameaux  chargés,  il  ne  leur 
 — On élève en Arabie  une  forte de chameaux pour  lèrvir  à la coule. ...  
 Us  vont  au  grand  trot,  &  fi  vite,  qu’un  cheval  ne  les  peut  luivre  
 qu’au  galop.  Voyage de  Chardin,  tome 11,  page  2  8. 
 3 Les  dromadaires  font  fi  vîtes  qu’il  y   en  a  qui  font  trente - cinq  
 ouquarante  lieues  en  un jour ,  &  continuent  de  la  forte  huit ou dix  
 jours par  les  déferts,  fans manger  que  fort peu.  Tous  les  Seigneurs  
 Arabesffie• la  Numidie,  &  les  Africains  de  la  Lybie,  s’en  fervent  
 comme  . des  chevaux  de  p o lie ,  quand  l’occafîon  fe  préfente  de  faire  
 une  longue  traite,  &  les montent  auffi .dans  le  combat.  L ’Afrique de  
 Marmol,  tome  I , page  4 9 . — Le  vrai  dromadaire  eft  beaucoup  plus  
 léger  & plus  vite  que  les autres ;  il  peut faire  cent  milles  en  un  jour  
 & marcher  ainfi  fept  ou  huit  jours  de  fuite  à  travers  les  déferts  avec  
 très-peu  de  nourriture.  L ’Afrique  d ’Ogilby, page  1 2 . 
 1  Les  dromadaires  font  plus  petits,  plus  grêles  &  plus  légers  que  
 les chameaux ,  &  ne  fervent  guère  qu’à  porter  des hommes ;  iis  ont  
 un bon- trot,  alfez doux ,  &  font  facilement  quarante  lieues  par  jour  ,   
 il-~ n’y  a  feulement  qu-’à  fe  bien  tenir,  &  il  y  a  des  gens  qui  le  font  
 lier deflùs  de peur de tomber.  Relation de Thevetwt,  tome I , page y 1 2 .