être rares, puifqu’il n’y a nul motif de guerre, ni de
part ni d’autre, & que d’ailleurs on n’a pas remarqué
qu’il y eût aucune efpèce d’antipathie entre ces animaux;
on en a vu même en captivitéa, vivre tranquillement &
fans s’offenfer ni s’irriter l’un contre l’autre. Pline eft,
je crois, le premier qui ait parlé de ces combats du
rhinocéros & de l’éléphant ; il paroît qu’on les a forcés
à fe battre dans les fpeéhcles de Rome Ë, & c’eft probablement
de-là que l’on a pris l’idée, que quand ils
font en liberté & dans leur état naturel, ils fe battoient
de même ; mais encore une fois, toute aétiorr lans
motif n’eft pas naturelle, c ’eft un effet fins eaufe, qui
ne doit point arriver ou qui n’arrive que par hafard.
Les rhinocéros ne fe raflemblent pas en troupes ,
ni ne marchent en nombre comme les éléphans; ils
font plus folitaires, plus balivages & peut-être plus
difficiles à chafier & à vaincre. Ils n’attaquent pas les
hommes c , à moins qu’ils ne foient provoqués ; mais 1
1 L a Relation Hollandoife qui a pour titre, VAmbaJfade de la Chine,
fait une defcription de cet animal tout-à-fàit faufîc, liir-tout en ce
qu’elle porte que c ’ett un des principaux ennemis de l'éléphant ; car
ce rhinocéros-ci étoit dans une même écurie avec deux éléphans, &
.je les ai vus diverfes fois l’un auprès de l’autre dans la place Royale fins
fe marquer la moindre antipathie. Un Ambalîàdeur d’Ethiopie avoit
amené cet animal en préfent. Voyage de Chardin, tome 111, page g.y ,
1 Les Romains ont pris plaifir à foire combattre le rhinocéros &
Téléphant pour quelque fpeclacle de grandeur. Singular. de la France
antardique, par André Thevet, page 4 1 .
’ Les rhinocéros n’attaquent pas ordinairement, & ils ne fe .mettent
alors ils prennent de la fureur & font très-redoutables :
l’acier de Damas, les fabres du Japon n’entament pas leur
peau les javelots & les lances ne peuvent la percer,
elle rélifte même aux balles du moufquet ; celles de
plomb s’ aplati fient ftir ce cuir , & les lingots de fer
ne le pénètrent pas en entier; les feuls endroits abfo-
lument pénétrables dans ce corps cuirafle, font le ventre,
les yeux & le tour des oreilles b; auflî les chalfeurs au
en fureur que quand ils font attaqués, mais alors ils font de la dernière
férocité; ils grognent comme des pourceaux, ils renverfent les
arbres & tout ce qui fe préfente devant eux. Voyage de la Compagnie
des Indes de H ollande, tome V I I , page a y S .
“ Sa peau eft égaiffe, dure & inégale...........impénétrable même aux
fabres du Japon; on en fiit des cottes-d’armes, des boucliers, &c.
Voyage de la Compagnie des Indes de H ollande, -tome V I I , page 4 8 3 .
— Le rhinocéros attaque allez rarement les hommes, à moins qu'ils
ne le provoquent ou que l’homme n'ait un habit rouge; dans ces
deux cas il fe met en fureur & renverfe tout ce qui s’oppofe à lui.
Lorfqu’ il attaque un homme, il le foifit par le milieu du corps
& le foit voler par-deffus fe tête avec une telle force, qu’il eft tué
par la violence de fe chute.............. Si on le voit venir, il n’eft pas
difficile de i’éviter, quelque furieux qu’il foit ; il eft fort vite, il eft
vrai, mais il ne fe tourne qu’avec beaucoup de peine : d’ailleurs if
ne voit, connue je l ’ai déjà dit, que devant lui, ainfî on n’a qu’à
le laiffer approcher à ,-cinq ou dix pas de diftance, & alors fe mettre
un peu.à.eôté; il ne vous voit plus & ne peut que très-difficilement
vous retrouver. Je l’ai expérimenté moi - même; il m’eft arrivé plus
d’une fois de le voir venir à moi .avec toute fe furie. Defcription du
cap de Bonne-efpéranse, p a r Kolbc, tome 111, p a g e 1 y .
‘ •On 1e .tue difficilement, & .on -ne l’attaque jamais fens péril d’en
être déchiré. Ceux qui s’adonnent à cette ChafTe ont pourtant trouvé
les moyens de fe garantir de fe fureur; car.comme cet;animal aime
B b ij