
 
		être  originaires  des  pays  froids  &  tempérés  ,  leur  nom  
 eft  tiré  de  la  langue  des Germains ;  les Anciens  ont  dit  
 qu’ils  fè  trouvoient  dans  la  partie  de  la Germanie,  voi-  
 fine  de  la Scythie  * ;  actuellement  on  trouve  encore  des  
 bifons  dans  le  nord  de  l’Allemagne,  en  Pologne,  en  
 Écoffe ;  ils  ont  donc  pû  paffer  en  Amérique,  ou  en  
 venir  comme  les  autres  animaux  qui  font  communs  aux  
 deux  continens  ;  la  feule  différence  qui  fe  trouve  entre  
 les  bifons  d’Europe  &  ceux  d’Amérique,  c’eft  que  
 ces  derniers  font  plus  petits  :  mais  cette  différence  
 même  eft  une  nouvelle  préfomption  qu’ils  font  de  la  
 même  efpèce  ;  car  nous  avons  vû  ,  que  généralement  
 les animaux domeftiques ou fauvages qui  ont paffé  d’eux-  
 mêmes  ou  qui  ont été  tranfportés  en Amérique,  y  font  
 tous  devenus  plus  petits,  &  cela  fans aucune  exception:  
 d’ailleurs  tous  les  caractères  jufqu a  ceux  de  la  boffe  &  
 des  longs poils  aux  parties  antérieures ,  font abfolument  
 les mêmes  dans  les  bifons  de  l’Amérique  &  dans  ceux  
 de  l’Europe;  ainfi  nous  ne  pouvons  nous  refufer  à  les  
 regarder,  non  feulement  comme  des  animaux  de  la  
 même  efpèce,  mais  encore  de  la  même  race  f>. 
 a Paucijfima Scythia g'ignit animalia,  inopia fruâûs,  pane a  con termina  
 illi  Germania,  infignia  tarnen  boum  ferorum  généra,  jubatos  bifontes•  
 PJin.  Hiß.  nat.  lib.  V I I I ,   cap.  x v . 
 , b Comme  j’étois  fur  le  point  de  donner  cet  article  à  Pimprefîion,  
 M .  le Marquis  de Montmirail  m’a  envoyé  une  traduction  par  extrait  
 d ’un  voyage  en  Penfilvanie  ,  par M .  Kalm,  dans  Laquelle  fè  trouve  
 fe  pafîâge  fuivant,  qui  confirme  pleinement  tout  ce  que j ’avois  penfe  
 d ’avance  fur  le  bifon  d’Amérique,  «c  Plufieurs  perfonnes  confidérablés 
 7.®  L ’iirus  ou  l ’auroclis  eft  le même  animal  que  notre  
 taureau  commun  dans  fon  état  naturel  &  fauvage ;   ceci  
 peut  fe  prouver  d’abord  par  la  comparaifon  de  la figure  
 &  de  l’habitude  entière  du  corps  de  l’aurochs,  qui  eft  
 abfolument  femblable  à  celle  de  notre  taureau  domef-  
 tique;  l’aurochs  eft  feulement  plus  grand  &  plus  fort,  
 comme  tout  animal  qui  jouit  de  fà  liberté,  1  emportera  
 toûjours  par  la grandeur &   la  force  fur  ceux  qui  depuis  
 long-temps  font  réduits  à  l’efclavage.  L  aurochs  fè  
 trouve  encore  dans  quelques  provinces  du  Nord  :  on  
 a  quelquefois  enlevé  des jeunes  aurochs  à  leur  mère * , 
 &  les  ayant  élevés,  ils  ont  produit  avec  les  taureaux &  
 vaches  domeftiques,  ainû  l’on  ne  peut douter  qu ils  ne  
 foient  de  la même  efpèce. 
 •  8.®  Enfin  le  bifon  ne  diffère  de  l ’aurochs  que  par  aes  
 variétés  accidentelles,  é f par  conféquent  ils font  tous  deux 
 ont  élevé  des  petits  des  boeufs  &   vaches  fauvages  qui  fe  trouvent  «   
 dans  la  Caroline  &   dans  les  autres  pays  auffi  méridionaux  que  la  cc  
 Penfilvanie.  Ces  petits  boeufs  fauvages  fe  font  apprivoifés,  il  leur  “   
 reftoit  cependant  affez  de  férocité  pour  percer  toutes  les  haies  qui  «   
 s’oppofoient  à  leur  paffage;  ils  ont  tant  de  force  dans  la  tête,  qu'ils  «  
 renverfoient  les  paliffades  de  leur  parc  pour  aller  faire  enfuite  toutes  «   
 fortes  de  ravages  dans  les champs  femés,  &  quand  ils  avoiem  ouvert  «   
 le  chemin,  tout  le  troupeau  des  vaches  domeftiques  les  fuivoit  :  ils  «   
 s’accouploient  enfemble,  &   cela  a -formé  une  autre  efpèce  ».  Voyage  
 de M .  Piene  Kalm, profejfeur à  Aobo,  Ù* Adembre  de / Academie des  
 Sciences  de  Suède  dans  l’Amérique feptentrionale.  Gottingue,  1 7 5 7 ,   
 page  3 j  0. 
 * Vide Epißol. ant. Schmebergenis, ad Gefnerum. Hiß. quad. pag.  1 4 1   
 &  1 4 2 .