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 de  la  même  ejpèce  que  le  boeuf domejiique ;   la  bofle,  la  
 longueur &  la  qualité du  poil,  la  forme  des  cornes  font  
 les  feuls  caractères  par  lefquels  on  puilfe  diftinguer  le  
 bilbn  de  l’aurochs  :  mais  nous avons  vu  que  les  boeufs  
 à  bofle  produifent  avec  nos  boeufs ;  nous  lavons  d’ailleurs  
 ,  que  la  longueur  &   la  qualité  du  poil  dépendent  
 dans  tous  les  animaux  de  la  nature  du  climat,  &  nous  
 avons remarqué  que  dans les boeufs,  chèvres & moutons,  
 la  forme  des  cornes  eft  ce  qu’il y a de moins  confiant;  
 ces  différences  ne  fuffîfent  donc  pas  pour  établir  deux  
 elpèces  difiinétes :  &  puifque  notre  boeuf  domeftique  
 d’Europe  produit  avec  le  boeuf boffu  des  Indes  ,  on  
 ne  peut  douter  qu’à  plus forte  raifon  il  ne  produife avec  
 le  bilbn ou boeuf boffu  d’Europe.  Il  y  a dans  les variétés  
 prefqu’innombrables  de  ces  animaux,  lous  les  differens  
 climats,  deux races primitives, toutes  deux anciennement  
 fubfiftantes  dans  l’état  de  nature.  L e   boeuf à  bofle  ou  
 bilbn,  &   le  boeuf lins  bofle  ou  l’aurochs;  ces  races  fe  
 font  foûtenues,  foit  dans  l’état  libre  &.  liuvage,  foit  
 dans  celui de domefticité,  & fe font répandues  ou pluftôt  
 ont  été  tranfportées  par  les  hommes  dans  tous  les  climats  
 de  la  terre ;  tous les boeufs domeftiques  fans  bofle  
 viennent  originairement  de  l’aurochs,  âc  tous  les, boeufs  
 à  bofle  font  ifliis  dubifon.  Pour  donner  une  idée  jufte  
 de  ces  variétés  nous  ferons  une  courte  énumération  de  
 ces  animaux,  tels  qu’ ils  fe  trouvent  actuellement  dans  
 les differentes  parties  de  la  terre. 
 A   commencer  par  le nord  de  l’Europe,  le  peu  de 
 boeufs &  de  vaches  qui  fubfiftent  en  Iflande  1  font  dépourvus  
 de  cornes,  quoiqu’ils  foient  de  la  même  race  
 que nos  boeufs.  La grandeur  de  ces  animaux  eft  pluftôt  
 relative  à  l’abondance  &  à la  qualité  des  pâturages  qu’à  
 la  nature  du  climat.  Les  HollandoiS  h  ont  fouvent  Lit  
 venir des vaches  maigres  de Danemarck,  qui  s’engraif-  
 fent  prodigieufement  dans  leurs  prairies  &   qui  donnent  
 beaucoup  de  lait;, ces  vaches  de  Danemarck  font  plus  
 grandes  que les nôtres.;  lesLoeufs & vaches de l’Lkraine,  
 dont  les  pâturages  font  ex celle ns,  paffent  pour  être  les  
 plus  gros  de  l’E u ro p e ',  ils  font  auffi  de  la  même  rate  
 que  nos boeufs.  En  Suifie  où  les  têtes  des  premières  
 montagnes  font  couvertes  d’une  verdure: abondante;  &  
 fleurie,  qu’on réferve  uniquement à. l’entretien  du bétail,  
 les boeufs font  une  fois  plus gros  qu’en France,  où-communément  
 on  ne  laiflè  à  ces  animaux  que  les  herbes  
 grofiières  dédaignées  par  les  chevaux:  du mauvais  foin, 
 a Jßandi  domefiica  antmalia  'hàbent  vaccas  fed   multcé  fin i '  niutilct  
 cornibus.  Dithmar  Bkfken. Jßandi  Lhgd.  Bat.  1 0 0 7 ]   pag.  49-.' 
 L Vers  le mois  de  février,  on  amène  une  infinité*de  vaches maigres  
 de  Danemarck,  que  les  payfims  de  Hollande  achettËnt  pour  mettre  
 dans  leurs  prairies J  elles  font  beaucoup  plus  grandes  que  celles  que  
 nous  avons  en France ;  elles  rendent  communément  chacune  dix-huit  
 à vingt  pintes défait  par jour,  pinte  de Paris. Voyag.  hiß.  de-l’Europe.  
 Paris,  1  69 5  ,  tome  V ,  page 7 7 . 
 c  Les pâturages  de  l’Ukraine ,  font  fii  excellons,  que  le bétail  y  iur-  
 paffe  en  grandeur  celui  de  toute  l ’Europe;  pour  pouvoir  porter  la  
 main  for  le  milieu  du  dos  d’un  boeuf,  .il  lâut  être  d’une  taille  au  
 delfos-de  la  médiocre.  Relaù  de'la  grande  Tartane.  Amlt.  1 7 3 7 , 
 page 2 2 7 .  •  -  '  -  F ® « !   V  - ,   :  S  V , . / .   Y . " , - '