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 cerfs  qui  eft  connue  dans  le  pays  fous  le  nom  de  
 Brandhirti,  &   de  nos  chaffeurs  fous  celui  de  ce rf des  
 Ardemies.  Ce  cerf eft  plus  grand  que  le  cerf  commun,  
 &   il  diffère des  autres cerfs  non-feulement par le  pelage,  
 qu’il  a d’une  couleur  plus  foncée  &  prefque  noire, mais  
 encore  par  un  long  poil  qu’il  porte  fur  les  épaules  &   
 fous  le  cou.  Cette  efpèce  de  crinière  &  de  barbe  lui  
 donnant  quelque rapport,  la  première avec  le  cheval,  &  
 la  fécondé  avec  le  bouc,  les  Anciens  ont  donné  à  ce  
 cerf  les  noms  compofés  d’Hippélaphe &  de Tragélaphe ;   
 comme  ces  dénominations  ont  occafionné  de  grandes  
 difcuflions  critiques,  que  les  plus  fàvans  Naturaliftes  ne  
 font  pas  d’accord  à  cet  égard,  &   que  Gefner*,  Caïus  
 &  d’autres  ont  dit  que  l’hippélaphe  étoit  l’élan,  nous  
 croyons  devoir  donner  ici  les  raifons  qui  nous  ont  fait  
 penfer  différemment  ,  &  qui  nous  ont  porté  à  croire  
 que  l’hippélaphe  d’Ariftote  eft  le  même  animal  que  le  
 tragélaphe  de  Pline  ,  &  que  ces  deux  noms  défignent  
 également  &  uniquement  le  cerf des  Ardennes. 
 Ariftote  b  donne  à  fon  hippélaphe  une  efpèce  de 
 *  Gefiier.  Hiß.  quad.  pag.  4 9 1   &   4 9 2 . 
 b  Quin  etiam  Hippelaphus  fatis  juboe  fammis  contint t  amis,  qui  a  
 fom â  equi  à "  cervi,  quam  habet  compofitam,  nomen  accepit,  quaß  
 equicervus  dici  meruijfet.. . .   Tenuißmo  juboe  ordine a  capite  ad fimmos  
 armos  crinefcit.  Proprium  equicervo  vi/lus  qui  ejus  gutturi,  modo  barba,  
 dependet.  Gerit  cornua  utrunque,  excepta  fam'mâ....  à 1  pedes  habet  
 bifulcos.  Magnitudo  equicervi  non  dijfidet  a  cervo.  Gignitur  apud  Ara-  
 chotas  ubj etiam  bores fyheßres funt,  qni  differmt  ab  urbanis,  quantum  
 inter fie s   urbanos,  &  fylveßres  intsreß.  Sunt  colore  atro,  cor pore robußo 
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 crinière ftir le cou & furie  deffus  des  épaules,  une  efpèce  
 de  barbe  fous  la  gorge,  un.bois au mâle  affez femblable  
 à  celui  du  chevreuil,  point  de  cornes  à  la  femelle ;  il  
 dit  que  l’hippélaphe  eft  de  la  grandeur  du  cerf,  &  naît  
 chez les Arachotas  (aux Indes  ),  où  l’on  trouve  auftî  des  
 boeufs  fauvages,  dont  le corps  eft  robufte,  la peau noire,  
 le muffle  relevé,  les  cornes  plus courbées  en arrière  que  
 celles  des  boeufs  domeftiques.  II  faut  avouer  que  ces  
 caraétères  de  l ’hippélaphe  d’Ariftote  conviennent  à peu  
 près  également  à  l’ élan  &  au  cerf des Ardennes,  ils  ont  
 tous  deux  de  longs  poils  fur  le  cou  &  les  épaules,  &  
 d’autres  longs  poils  fous  la  gorge  ,  qui  leur  font  une  
 efpèce  de  barbe  au  gofier,  &  non  pas  au  menton;  mais  
 l ’hippélaphe  n’étant  que  de  la  grandeur  du  cerf,  diffère 
 riâu  leviter  adunco ;  cornua  gerunt  refipinatiora.  Equicervo  cornua funt  
 Capræ  proximà.  Arift.  H if.  anim.  L iv .  I I ,  cap.  I.  Nota.  Théodore  
 Ga za ,  dont  nous  citons  la  verfion  latine,  a  fait  une  faute  en  tra-  
 duiilmt  ici  Ao/xcsù  capra ,  au  lieu  de  caprea,  il  faut  donc  fiibflituer  
 nu  mot  capra  celui  de  caprea,  c’e f t - à -d i r e ,  le  chevreuil  à  la  chèvre.  
 N o t a .  2 .0  Les  boeufs  fauvages  dont  Ariftote  fait  ici  mention  nie  
 paroifîent  être  les  buffles ;  fa  courte  defcription  qu'il  en  donne  leur  
 convient  en  entier,  le  climat  leur  convient  auffi,  leur  refîêmblance  
 avec  le  boeuf,  &   leur  couleur  noire  ont  fait  croire  à  ce  philofophe  
 qu’ils  ne  différoient  pas  plus des  boeufs  domeftiques  que  les  fangliers  
 diffèrent  des  cochons :  mais  comme  nous  l’avons  d it ,  le  bufHe  &   le  
 boeuf  font  deux  efpèces  diftincles.  Si  les  Anciens  11’ont  point  donné  
 de  nom  particulier  au  buffle  ,  c ’eft  parce  que  cet  animal  étant  
 étranger pour  eux ,  ils ne  le connoifloient  qu’imparfàirement,  &   qu’ils  
 le  regardoient comme  un  boe uf' fàuvage,  qui  étoit  de  la  même  efpèce  
 que  le boeuf domeftique  &  n’en différoit  que par de  légères  variétés. 
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