
 
		2  9  8-  H i s t o i r e   N a t u r e l l e   
 féroces & guerriers.  Pline 11 en parlant des boeufs  lâuvages  
 de  Germanie,  dit  que  c ’elt  par  ignorance:  que  le  vulgaire  
 donne  le  nom  de  bubalus  à  ces  boeufs  ,  attendu  
 que  le  bubalus  elt un  animal  d’Afrique,  qui  reffemble  
 en  quelque  façon  à un  veau  ou  à un  cerf.  L e   bubalus  eft  
 donc  un  animal  timide,  auquel  les  cornes  font  inutiles P  
 qui  n’a  d’autre reffource  que la  fuite  pour  éviter les bêtes  
 féroces,  qui  par  conféquent  a  de  la  légèreté,  &  tient  
 pour  la  figure  de  celle  de  la  vache  &  de  celle  du  cerf;  
 tous  ces caraétères; dont aucuns neconviennentau buffle,  
 fe trouvent parfaitement réunis dans l’animal dontHoraCe-  
 fontana  envoya  la figure  à Aldrovande L; & dont M.rs  de  
 l’Académie  c  ont  donné  auffi  la figure &   la  defcription  
 fous le nom  de vache de Barbarie, &  ils ont penfé, comme  
 moi,'  que  d’étoit  le  bubalus  des anciensd.  Lie  zébu  ou  
 petit boeuf de Belon  n’a aucun  des  caractères  du  bubalus;  
 il en diffère prefqu’autant qu’un boeuf diffère d’une gazelle;  
 auffi  Belon,  eft  le  feul  de  tous  les Naturaliftes,  qui  ait  
 regardé  fon petit bceuf comme  le bubalus  des  Anciens. 
 * Germania  gignit  irtfgmâ  boum  ferorum  généra,  jubatos  bißhtes,  
 excellenftque  vi  velacitate  uros  quibus  imperitum  vulgus  bubalornm  
 nomen  impofuit;  cum  id  gignat  Africa;  vitu/i  patois  cervive  quâdam  
 fimiktildine.  PIns.  Hiß.  nat;  lib. .VHt, <cap» XV. 
 b Cette  figure eft gravée ,  page y 6p.  Aldrov.  de quad.  Bifùlcis. 
 '  -c‘ Mémoires pour fêrvir à l’Hiftoire  dés animänrf, partie I I ,  page 2 4   
 &  fuivantes. 
 d  II  y   a  apparence  que  cet  animal  doit  être  pluftôt  pris  pour  le  
 bubale  des  Anciens  que  le petit  boeuf d’Afrique,  que  Belôn  décrit.  
 Idem.  Ibid.  pdg.  2 6. 
 q *   Ce  petit  boeuf de  Belon,  n efl qu’une  variété  dans  
 l’efpèce  du boeuf ;   nous  le  prouverons  aifément,  en  renvoyant  
 feulement  à  la  figure  de  cet animal,  donnée  par  
 Belon,  Profper Alpin,  Edwards, &  à  la  defcription  que  
 nous en avons faite nous-mêmes;  nous  l’avons vu.vivant :  
 fon  conducteur  nous  dit  qu’il  venoit  d’Afrique,  qu’on  
 l’appeloit  fb u ,  qu’il  étoit  domeftique,  &  qu’on  s’en  
 fervoit  pour monture;  c ’eft en  effet  un  animal  très-doux  
 & même  fort  careffant,  d’une  figure  agréable,  quoique  
 maffive  &  un  peu  trop  carrée;  cependant,  il  eft  en  tout  
 fi  femblable  à  un  boeuf,  que  je  ne  puis -en  donner  une  
 idée  plus  jufte,  qu’en  difant  que  fi  l’on  regardoit  un  
 taureau  de  la  plus  belle  forme &  du  plus  beau  poil  avec  
 un  verre  qui  diminuât  les  objets  de  plus  de  moitié,,  
 cette  figure  rapetiffée  feroit  celle  du  .zébu. 
 On  peut  voir  dans  la  note  ci-déifions  *  la defcription 
 *  C e   petit boeuf réflèmble  parfaitement  à  celui  de  Belon ,;  il  a  la  
 croupe  plus  ronde  &   plus  pleine  que  les  boeufs  ordinaires,  il.e ft  fi  
 d o u x ,  fi  familier  qu’il  lèche  comme  uii  chien,  &   ftit  des  careffes  
 à  tout  le  monde ;  c ’eft  un  très -jo li  animal  qui  paraît  avoir  autant  
 d’intelligence  que  de docilité.  Son   conducteur  nous  dit  qu’il  venoit  
 d’Afrique ,*:& qu’il étoit  âgé  de  vingt -  un  mois;  il  étoit  de  couleur  
 blanche  ,  mêlée  de  jaune  &   d’un  peu  de  rouge  ;  les  pieds . étoient  
 tout blancs  , 1 e   poil  fur  l’épine  du  dos  étoit  couleur  noirâtre  ,  de  la  
 Largeur  d’environ  un  pied,  la  queue  de même  couleur.  A u   milieu  
 de  cette  bande  noire,  il  y   avait  fur  k l  croupe-une  petite  raie  
 blanche  dont  les  poils  étoient  hérifles  & .  relevés  en  haut,  il  n ’avoit  
 point  de  crinière  &   le  poil  du  tqupet  étoit  trè s-p e tit,  le  poil  du  
 corps.fort;  ras.  II avoit  cinq  pieds  fept  pouces  de-longueur,  mefurés  
 ligne  droite ,  depuis. le  bout  du  ntufeau  jufqulà  l’origine  de  la 
 P P  ij 
 en