eft le tréfor de l’A fie, il vaut mieux que l’éléphant ;
car il travaille, pour ainfi dire, autant, & dépenfe peut-
être vingt fois moins ; d’ailleurs l’efpèce entière en eft
foûmife à l’homme, qui la propage & la multiplie
autant qu il lui plaît, au lieu qu’il ne jouit pas de celle
de l’oléphant, qu’il ne peut multiplier, & dont il faut
conquérir avec peine les individus les uns après les
autres ; le chameau vaut non feulement mieux que
l ’éléphant, mais peut-être vaut-il autant que le cheval,
l ’âne & le boeuf tous réunis enfembie; il porte feu!
autant que deux mulets, il mange aulîi peu que l’âne,
& fe nourrit d’herbes aulïï gro/fières ; la femelle fournit
du lait pendant plus de temps que la vachea ; la chair
des jeunes chameaux eft bonne & laine b, comme celle
du veau; leur poil eft plus beau c, plus recherché que
‘ Tant in vere, à 1 lac fuiim ufque e'o fervat quo jam conceperit. Arirt.
hiß. Anim. Iib. V I, cap. xxvi. — Fcemina poß partum interpoßto anno
coït. Id. Iib. V, cap. XIv.
L Les Africains & les Arabes remplirent des pots & des tinettes de
chair de chameaux, qu’ils font frire avec !a graifîè, & ils la »ardent
ainfi toute l’année pour repas ordinaires; L ’Afrique de Marmol, tome I,
page 50. — Prceter alia animalia quorum carnem in cibo plurimi faciunt,
cameli in magno honore exißunt; in Arabum principum caßris cameli pluns
vnius anni auf biennes maâçmtur, quorum cames avide comedunt, eafquc
odoratas, fuaves atque optimas ejje fatentur. Profp. Alpin. Hiß. Ægypt.
pars I.3 pag. 226.
- D u poil des chameaux on fait des chauffons ; on en fut auffi en
Perle des ceintures .fort fines; il y en a qui coûtent deux toinans, principalement
quand elles font blanches, à caufe que les chameaux de ce
poil font rares. Relation de Theyenot, tome I I , page 22g.
la
du Ch Am e a u i f du Dr oma h aïr e . 24. i
la plus belle laine; il n’y a pas jufqu’à leurs excrémens
dont on ne tire des choies utiles : car le fel ammoniac
fe fait de leur urine; & leur fiente delféchée & mile en
poudre leur fert de litière a, aulfi-bien qu’aux chevaux;
avec lefquels ils voyagentb fouvent dans des pays où
l’on ne connoît ni la paille, ni le foin ; enfin on fait
des mottes de cette même fiente qui brûlent aifémentc,
6c font une flamme auffi claire & prefque auffi vive que
celle du bois fe c ; cela même eft encore d’un grand
fecours dans ces deferts, où l’on ne trouve pas un
‘ Pour litière 011 leur prépare leur propre fumier, lequel on laifîè
pour cet effet expofé au foleil tout le jour, & il s’y sèche tellement,
qu’il le réduit prelqu’en poudre, & le loir on a grand foin de l’étendre
fort proprement & fort uniment; ce qu’on ne peut pas faire chez
nous à caufo des longues pailles qui y font mêlées. Relat. de Thevenot,
page 7 j>.
1 C ’efi: mal-à-propos que les Anciens ont prétendu que les chameaux
avoient une forte antipathie pour les chevaux ; je n’ai pû connoître,
dit Olearius, ce que Pline dit, d’après Xénophon, que les chameaux
ont de l’averfion pour les chevaux; quand j’en voulois parler aux
Perfes, ils fè moquoient de moi.. . En effet, il n’y a prefque point
de caravane où l’on ne voie des chameaux, des chevaux & des ânes
logés enfembie dans une même écurie, lans qu’ils témoignent de
l’averfion ni de l’animofité les uns contre les autres. Voyage dOlearius,
tome I , page y y y .
" La fiente des chameaux de quelques caravanes qui nous avoient
précédé, nous forvoit communément pour faire la cuifine, car après
avoir été un jour ou deux au foleil, elle prend fou comme de
l’amorce, & fait un feu auffi clair & auffi vif que le charbon de bois.
Préface des Voyages de Show, pages IX i f X.
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