enfemble : leur nature eft plus, éloignée que celle de
Tane ne l ’eft de celle du cheval, elle paraît même antipathique
; car on allure que les vaches ne veulent
pas nourrir les petits buffles, & que les mères buffles
refhfent de fe faifier teler par des veaux. L e buffle eft
d’un naturel plus dur & moins traitable que le boeuf,
if obéit plus difficilement, il eft plus violent, if a des
fântaifies plus brufques & plus fréquentes ; tontes fes habitudes
font groffières & brutes : il e ft, après le cochon,
le plus fàie des animaux domeftiques, par la difficulté
qu’il met à fe laiffer nétoier & panfer ; là figure eft
groffe & repouftànte, fon regard ftupidement farouche,
if avance' ignoblement fon cou , & porte mal là tête ,
prefque toûjours panchée vers la terre ; là voix eft un
mugilTement épouvantable d’un ton beaucoup plus fort
& plus grave que celui d’un taureau; il a les membres
maigres & la queue nue, la mine obfcttre, la phvfio-
nomie noire comme le poil & la peau ; rl diffère principalement
du boeuf à l’extérieur par cette couleur de la
peau, qu’on aperçoit aifément fous le p oil, qui n’eft que
peu fourni; il a le corps plus gros & plus court que le
boeuf, les jambes plus hautes, la tête proportionnellement
beaucoup plus petite, les cornes moins rondes,
noires & en partie comprimées, un toupet de poil crépu
fur le front; il a aulfi la peau plus épaiffe & plus dure
que le boeuf ; fa chair noire & dure, eft non feulement
defagréable au goût, mais répugnante à l ’odorat * ;
* E n allant de Rome à Naples, on eft quelquefois régalé de buffle
du Buffle , du Bon a sus , fr*. 331
le lait de la femelle buffle, n’eft pas fi bon que celui
de la vache ; elle en fournit cependant en plus grande
quantité Dans les pays chauds, prefque tous les fro -
mages font faits de lait de -buffle; la chair des jeunes
buffles, encorenourris défait, n’en eft pas meilleure; le
cuir feul vaut mieux que tout le refte de la bête , dont
il n’y a que la langue qui foit bonne à manger ; ce cuir
eft folide., aflèz léger & prefque impénétrable. Comme
ces animaux font en général plus grands & plus forts
que les boeufs, on s’en fert utilement au labourage,;
on leur fait traîner & non pas porter les fardeaux ; on
les dirige, & on les contient au moyen d’un anneau
qu’on leur paiïe dans le nez ; deux buffles attelés ou
piuftôt enchaînés à un chariot, tirent autant que quatre
& de corneilles, & encore e f t -o n tout heureux d’en trouver; le
buffle eft une viande noire, puante & dure, dont il n ’y a guère
que les pauvres gens ou tes Juifs de Rome qui aient accoûtumé d ’en
manger. Voyage de Afijfon , tome I I I , page y 4,
* E n entrant en Perfe par l’Arménie, le premier lieu digne d’être
■ remarqué, eft celui qu’on appelle lesTroés-eglifis à trois lieues d E rivan,
ils ont en ce p ays-E grande quantité de ces animaux, qui leur fervent
au labourage, & ils tirent des femelles beaucoup de lait, dont .ils
font du beurre & du fromage, & qu’ils mêlent avec toute forte de
la it ; il y a des Femelles qui en rendent pat jour jufqua vingt-deux
-pintes. Voyage de Tavcrnhr,- livre 1, tome 1, gagé 4 1 . — Les femelles
buffles portent jufqu’à douze mois, & font fi abondantes en lait
qu’il y en a qui-rendent .par jour jüfqu’à vingt-deux pintes de L i t ; il
s’y fait une fi,grande quantité de beurre, que.-dans quelques-uns des
villages que nous mouvions fur le .T ig re , nous vîmes ju lq u à vingt
& v in g t-c in q barques chargées de, beurre, qu’on va vendre le long
du golfe Perfique, tant du côté de* la Perfe que de I Arabie. Idem. Ib.