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 de  fes  jambes  &  de  fes  pieds  paroifîe  indiquer  le  contraire  
 ;  mais  comme  la  capacité  de  la  poitrine  &  du  
 ventre  eft  très-grande,  que  le volume  des poumons  &  
 des  inteflins  eft  énorme,  &  que  toutes  ces  grandes  
 parties  font  remplies  d’air  ou  de  matières  plus  légères,  
 que  l’eau,  il  enfonce  moins  qu’un  autre  ;  il  a  dès-lors  
 moins  de  réfiflance  à  vaincre,  &  peut  par  conféquent  
 nager  plus  vite  en  faifant  moins  d’efforts  &  moins  de  
 mouvement des  jambes que les autres.  Auffi  s’en  fert-on  
 très-utilement  pour  le  pafîàge  des  rivières:  outre  deux  
 pièces  de  canon  de  trois  ou  quatre  livres  de  balles,  
 dont  on  le  charge  dans  ces  occafions * ,   on  lui  met  
 encore  fur  le  corps  une  infinité  d’équipages,  indépendamment  
 de  quantité  de  perfonnes  qui  s’attachent  à  fes.  
 oreilles  &  à  fa  queue  pour  paffer  l’eau ;  iorfqu’il  eft  
 ainfi  chargé,  il  nage  entre  deux  eaux  &  on  ne  lui  voit  
 que  la trompe  qifil  tient  élevée  pour  refpirer. 
 Quoique  l’éléphant ne  fe nourriffe  ordinairement  que  
 d’herbes  &  de  bois tendre  ,  &   qu’il  lui  faille  un  prodigieux  
 volume  de  cette  efpèce  d’aliment  pour  pouvoir  
 en  tirer  la  quantité  de molécules  organiques  néceflàires  
 à   la nutrition  d’un auffi  vafte  corps,  il  n’a  cependant pas  
 plufieurs  eftomacs  comme  la plufpart  des  animaux  qui  
 fe  nourriffent  de  même;  il  n’a  qu’un  eftomac,  il  ne  
 rumine pas,  il  eft pluftôt  conformé  comme  le  cheval, 
 *   Notes  de M .  de  BuiTy,  communique'es  par  M .  le  Marquis  de  
 Montmiraii. 
 que  comme  le  boeuf ou  les  autres  animaux  ruminans;  
 la panfe  qui  lui  manque  eft  fuppléée  par  la  groffeur  &  
 l ’étendue  des  inteflins  &  fur-tout  du  colon,  qui  a  deux  
 ou  trois  pieds  de  diamètre  fur  quinze  ou  vingt  de  longueur; 
   l ’eftomac  eft  en  tout  bien  plus  petit  que  le  
 colon  a,  n’ayant  que  trois  pieds  &  demi  ou  quatre pieds  
 de  longueur  fur  un  pied  ou  un  pied  &  demi  dans  fà  
 plus  grande  largeur;  pour  remplir  d’auffi  grandes  capacités, 
   il  faut  que  l’animal  mange,  pour  ainfi  dire,  continuellement, 
   fur-tout  lorfqu’ii  n’a  pas  des  nourritures  
 plus  fubftantielles que  l’herbe, auffi  les  éiéphans fauvages  
 font  prefque  toujours  occupés  a  arracher  des  herbes,  
 cueillir  des  feuilles  ou  caffer  du  jeune  bois;  &  les  do-  
 meftiques auxquels  on  donne une  grande  quantité  de riz  
 ne  laiffent  pas  encore de  cueillir des herbes  dès  qu’ils fe  
 trouvent  à  portée  de  le  faire.  Quelque  grand  que  foit  
 l ’appétit de  l’éléphant,  il  mange avec  modération, &  fon  
 goût  pour  la  propreté  l’qmporte  fur  le  fentiment  du  
 befoin ;  fon  adrefîè  à  féparer  avec  fa  trompe  les bonnes  
 feuilles  d’avec  les mauvaifes,  & le  foin  q.u  il  a  de les bien  
 fecouer pour  qu’il  n’y  refte  point  d in fuît es  ni  de fable,  
 font  des  chofes  agréables  a  voir  il  aime  beaucoup  
 le  vin,  les  liqueurs  fpiritueufes,  l’eau-de-vie,  1 arac,  &c.  
 On  lui  fait  faire  les  corvées  les  plus  pénibles  &  les 
 a Voye z   la  deicription  du  ventricule  &   des  inteflins  de.  I éléphant  
 dans  les  mémoires  pour  fervir  à  l ’Hift.  des  Animaux,  part.  I I I ,   
 page  1 2  y   £? fuiv. 
 k Notes  de  M .  de  B u f ly ,  communiquées  par  M .  le  Marquis  de  
 Montmiraii. 
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