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 l’efpèce  ,  examinons  en  détail  les facultés  de  l’individu;  
 k sfen s,  les mouvemens,  la grandeur,  la force-,  l’adreffe,  
 l ’intelligence ,  &c.  L ’éléphant  a  les  yeux  très-petits  
 relativement  au  volume  de  fon  corps,  mais  ils  font  
 brillaos &  fpirituels ;  &  ce  qui  les  diflingue  de  ceux  de  
 tous  les  autres  animaux  *  c ’eft  i’exprefïion  pathétique  
 du  fentiment  &  la  conduite  prefque  réfléchie  de  tous  
 leurs  mouvemens  a ;  il  les  tourne  lentement  &  avec  
 douceur  vers  fon  maître,  il  a  pour  lui  le  regard  de  
 l ’amitié,  celui  de  l’attention  lorfqu’il  parle,  le  coup  
 d’oeil  de  l ’intelligence  quand  il  l’a  écouté  ,  celui  
 de  la  pénétration  lorfqu’ il  veut  le  prévenir;  il  fem-  
 ble  réfléchir  ,  (^libérer  ,  penfer  &  ne  fe  déterminer  
 qu’après avoir  examiné & regardé  à  plufieurs  fois &  fans  
 précipitation,  fans  palfion,  les  Agnes  auxquels  il  doit  
 obéir.  Les  chiens,  dont  les  yeux  ont  beaucoup  d’ex-  
 preffion,  font  des  animaux  trop  vifs  pour  qu’on  puifle  
 diftinguer  aifément  les  nuances  fucceflives  de leurs  fen-  
 fitions  mais  comme l’éléphant efl  naturellement grave  
 &  modéré,  on lit,  pour  ainfi  dire,  dans  fes  yeux,  dont  
 les mouvemens  fe  fùccèdent  lentement  h,  l’ordre  &  la  
 fuite  de  fes  affections  intérieures. 
 a ElephantographiaChriJlophori- Pétri  ah Hartenfels. Erfodioe,  1  y i  y ,  
 1  Les  yeux  de  i ’éléphant  font  très-petits  proportionnellement  a  la  
 tête  &   encore  plus  petits  proportionnellement  au  corp s,  mais  ils  font  
 ires-vifs &   éveillés,  &  il  les  remue d'une façon qui lui donne  toujours  
 l’air  penfif &  rêveur.  Voyage  aux  Indes  orientales  du  P .  F r.  Vincent-  
 Marie de S."-Catherine-de-Sienne, ù"c. Venife,  1 6 S y ,  en Italien,in-^j-l  
 page y  y 6 ,  traduit  par  M ,  le  Marquis  de Montmirail. 
 Il a  l’ouïe  très-bonne, &  cet  organe  efl:  à  l’extérieur,  
 comme  celui  de  l’odorat,  plus  marqué  dans  l’éléphant  
 que  dans  aucun  autre  animal ;  fes  oreilles  font  très-  
 grandes  ,  beaucoup  plus  longues,  même  à  proportion  
 du  corps,  que  celles  de  l’âne  &  aplaties  contre  la  tête,  
 comme  celles  de  l’homme:  elles  font  ordinairement  
 pendantes  ;  mais  il  les  relève  &   les  remue  avec  une  
 grande  facilité,  elles  lui  fervent  à  efluyer  fes  yeux  ■ ,  à  
 lès  préferver  de  l’incommodité  de  da  pouflîère  &  des  
 mouches.  Il  fe  déleéte  au  fon  des  inftrumens  Sc  paroît  
 aimer  la  mufique,  il  apprend  aifément  a  marquer  la  
 mefure,  à  fe  remuer  en  cadence  &  à  joindre  à  propos  
 quelques  accens  au  bruit  des  tambours  &  au  fon  des  
 trompettes.  Son  odorat  efl  exquis  &  il  aime  avec  paf-  
 fion  les-parfums  de  toute  efjaèce  &   fur-tout  les  fleurs  
 odorantes ;  il  les  choifit,  il  les  cueille  une  à  une,  il  
 en  fait  des  bouquets  &   après  en  avoir  fàvoure  1 odeur,  
 il  les  porte  à  fà  bouche  &   femble  les  goûter;  la  fleur  
 d’orange  efl  un  de  fes  mets  les  plus  délicieux,  il  dépouille  
 avec  fa  trompe  un  oranger  b  de  toute  fa verdure  
 &   en  mange  les fruits,  les fleurs ,  les  feuilles  &  jufqu au  
 jeune  bois.  Il  choifit  dams  les  prairies  les  plantes  odoriférantes, 
   &  dans  les  bois  il  préfère  les  cocotiers ,  les 
 * Les  oreilles  de  i’éléphant  font  très-grandes.................. IHes  remue 
 continuellement  avec  gravité,  &   elles  défendent  les  yeux  de  tous  les  
 petits  animaux  nuifibles.  Idem,  ibid.  . . .   .  V oy e z   auffi  les  Mémoires  
 pour Jervir  à  l’hijlùire  des  Animaux,  part,  111,  page  I  o y . 
 1  Voyage  de  Guiné e,  par  Bofman, page 24p. 
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