
 
		déformées  par  ces  callofités;  Je  dos  efl  encore  plus  
 défiguré  parla  boffe  double ou  fimple  qui  lefiirmonte;  
 les  callofités  fe  perpétuent  auffi-bien  que  les  boffes  
 par  la  génération;  &  comme  il  efl  évident  que  cette  
 première  difformité  ne  provient  que  de  l’habitude  à  
 laquelle  on  contraint  ces  animaux,  en  les  forçant  dès  
 leur  premier  âge  *  à  fe  coucher  fur  l’eftomac,  les  
 jambes  pliées  fous le  corps ,  &  à porter  dans  cette  fitua-  
 tion  le  poids  de  leur  corps  &   les  fardeaux  dont  on  les  
 charge,  on  doit préfumer auffi  que  la boffe  ou  lesboffes  
 du  dos  n’ont  eu  d’autre  origine  que  la  compreffion  de  
 ces mêmes  fardeaux,  qui portant inégalement fur certains  
 endroits  du  dos  auront  fait élever  la chair  &  bourfoufler  
 la  graiffe  &   la  peau  :  car  ces  boffes  ne  font  point  
 offeufes,  elles  font  feulement  compofées  d’une  fubf-  
 tance  graffe  &   charnue,  de  la même  çonfiftance  à  peu 
 fubftance  ,  qui efl moyenne  entre  ïa graiffe  &   îe ligament,  nous trouvâmes  
 au petit  chameau,  qu’en  quelques-unes  il  y   avoit  un  amas  de  
 pus  allez  e'pais.. . .   L a   callofité attachée  au  fternum  avoit  huit  pouces  
 de  longueur,  fix  de  largeur  &   deux  d’épaiflêur,  il  s’y   trouva  auffi  
 beaucoup  de pus. Mémoires pour fervirà l’hifloire  des Animaux, part. I ,  
 pages  7 4   &   7 / . 
 *  Dè s  que  le  chameau  efl:  né ,_on  lui  plie  les  quatre  pieds  fous  le  
 Ventre  &   on  le  couche  deffus, après  on lui  couvre'le  dos  d’un  tapis  
 qu i  pend  jufqu’à  terre,  fur  les  bords  duquel  on  met  quantité  de  
 pierres, afin  qu’il  ne  Ce  puiflê  lever,  &  on  le  laifle en  cet  état  l’elpace  
 de  quinze  ou  vingt  jours ;  on  lui  donne  cependant  du  lait  à  b o ire ,  
 mais  peu  fouvent,  afin  qu’il  s’accoutume  à  boire  peu.  Voyage de  
 Tavemier,  tome  J ,   page  1 6 1 . 
 près  que  celle  des tetines  de  vache * ;  ainfi  les  callofités  
 Sc  les  boffes  feront  également  regardées  comme  des  
 difformités  produites  par  la  continuité  du  travail  &  de  
 la  contrainte  du  corps ;  &  ces  difformités  qui  d’abord  
 n’ont été qu’accidentelles &  individuelles,  font devenues  
 générales  &  permanentes  dans  l’efpèce  entière.  L ’on  
 peut préfumer  de même, que la poche  qui  contient l’eau,  
 & qui  n’efl  qu’une  appendice  de  la  panfe, a été  produite  
 par  l’extenfion  forcée  de  ce vifeère ;  l’animal  après avoir  
 fouffèrt  trop  long-temps  la  foif,  prenant  à  la  fois autant  
 &  petit-être  plus  d’eau  que  l’eflomac  ne  pouvoit  en  
 contenir,  cette  membrane  fe  fera  étendue,  dilatée  &  
 prêtée  peu  à  peu  à  cette  furabondance  de  liquide ;  
 comme  nous  avons  vu  que  ce même  eftomac  dans  les  
 moutons  s’étend  &  acquiert  de  la  capacité  proportionnellement  
 au  volume  des  alimens ;  qu’il  refte  très-petit  
 dans  les  moutons  que  l’on  nourrit  de  pain,  &  qu’il  
 devient  très-grand  dans  ceux  auxquels  on  ne  donne  
 que  de  l’herbe. 
 On  confirmeroit  pleinement,  ou  l ’on  détruirait  ab-  
 folument  ces  conjectures  fur  les  non  conformités  du  
 chameau,  fi  l’on  en  irouvoit  de  fàuvages  que  l’on  pût  
 comparer  avec les domefliques; mais,  comme  je  l’ai  dit,  
 ces  animaux  n’exiflent  nulle  part dans  leur  état  naturel,  
 ou  s’ils  exiftent,  perfonne  ne  les a remarqués ni décrits • 
 * L a   chair  du  chameau  efl  fade,  particulièrement  celle  de  la  b o ffe ,  
 dont  Je  goût  efl  comme  celui  d ’une  tétine  de  vaclte  fort  graffe.  
 L ’Afrique  de  Marmol,  tome  1 ,   page  y o.