8 6 H i s t o i r e N a t u r e l l e
détail, fi l’éléphant n’étoit de tous les animaux le premier
à tous égards, celui par conféquent qui méritoit
le plus d’attention ; nous n’avons rien dit de la production
de Ton ivoire, parce que M. Daubenton nous
paraît avoir épuifé ce fujet dans fa defcription des différantes
parties de l’éléphant. On verra combien d’ob-
fervations utiles & nouvelles, il a fait fur la nature &
la qualité de l’ivoire dans fes différens états, & en même
temps on fera bien aife de favoir qu’ il a rendu à l’éléphant
les défenfes & les os prodigieux qu’on attribuoit
au Mammout. J ’avoue que j’étois moi-même dans
l’incertitude à cet égard, j ’avois plufieurs fois confidéré
ces olfemens énormes & je les avois comparés avec le
fquelette d’éléphant que nous avons au Cabinet du Roi,
que je favois être le fquelette d’un éléphant prefque
adulte; & comme avant d’avoir fait l’hifloire de ces
animaux, je ne me perfuadois pas qu’il pût exifter des
éléphans fix ou feptfois plus gros que celui dont je voyois
le fquelette, que d’ailleurs les gros offemens n’avoient
pas les mêmes proportions que les os correfpondans
dans le fquelette de l’élephant, j’avois cru comme
le vulgaire des Naturaliftes, que ces grands offemens
avoient appartenu à un animal beaucoup plus grand, &
dont l’efpèce s’étoit perdue ou avoit été détruite. Mais
il efl certain, comme on l’a vu dans cette hifloire, qu’il
exifte des éléphans qui ont jufqu’à quatorze pieds de
hauteur, c’eft-à-dire, des éléphans fix ou fept fois
plus gros, ( car les maffes font comme les cubes de la
hauteur ) que celui dont nous avons le fquelette, & qui
n’avoit que fept pieds & demi de#hauteur; il efl certain
d’ailleurs par les obfèrvations de M. Daubenton, que
l’cîge change la proportion des o s , & que lorfque l’animal
efl adulte ils groffiffent conficlérabiement quoiqu’ils
aient ceffé de grandir; enfin il efl encore certain par
le témoignage des Voyageurs , qu’il y a des défenfes
d’éléphans qui pèfent chacune plus de cent vingt livres * :
Tout cela réuni, fait que nous ne doutons plus que ces
défenfes & ces offemens ne foient en effet des défenfes
* M . Eden rend témoignage qu’il mefura plufieurs défenfes d ’élé-
phant auxquelles il trouva n eu f pieds de longueur, que d’autres
avoient I’épaifîèur de la cuilïè d’un homme, & que quelques-unes
pefoient quatre-vingt-dix livres ; on prétend qu’il s’en trouve en
Afrique qui pèfent jufqu’à cent v in g t-c in q livres c h a cu n e .... Les
voyageurs Angiois rapportèrent auffi de Guinée la tête d’un éléphant
que M . Eden vit chez M . le Chevalier Ju d d e , elle étoit fi groiîê
que les os ièuls & le crâne, lins y comprendre les défenfes, peioient
environ deux cents livres ; de forte qu’au jugement de l’auteur elle
en auroit dû peler cinq cents dans la totalité de lès parties. H ijl.
générale des Voyages, tomeI, page 2 2 y. — Lopes pritplaifir à peler
plufieurs dents d’éléphant, dont chacune étoit d’environ deux cents
livres. Idem, tome V , page y y . — L à grandeur des éléphans peut
être connue par leurs dents qu’on a ramalTées, dont quelques-unes
ont été trouvées du poi’ds de deux cents livres. Voyage de Drack,
page 1 04. — Au royaume de Lowango j’achetai deux dents d ’éléphant,
qui étoient de la même bête , qui pefoient chacune cent vingt-
fix livres. Voyage de la Compagnie des Indes de Hollande, tome IV ,
page y 1 ÿ ___Les dents des éléphans , au cap de Bonne - elpérance ,
font très-grolîès, elles pèfent de foixante à cent vingt livres. Defcript.
du cap de Bonne-ejpérance, par Kolbt, tome I I I , page 1 2 .