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 qu’ils  atteignent  aifément  l ’homme  le  plus  léger  à  la  
 courfe,  ils  le  percent  de  leurs  défenfes  ou  le  fàifrfiant  
 avec  la  trompe,  le  lancent  comme  une  pierre  &  achèvent  
 de  le  tuer  en  le  foulant  aux  pieds ;  mais  ce  n’eft  
 que  iorfqu’ils  font  provoqués  qu’ils  font  ainfi  main-  
 bafle  fur  les  hommes  ,  ils  ne  font  aucun  mal  â  ceux  
 qui  ne  les  cherchent  pas ;  cependant  comme  ils  font  
 fufceptibles &  délicats  fur  le  fait  des  injures,  il  eft  bon  
 d’éviter  leur rencontre,  &  les voyageurs  qui  fréquentent  
 leur  pays  allument  de  grands  feux  la  nuit  &  battent  de  
 la  cailfe  pour  les  empêcher  d’approcher.  On  prétend  
 que  lorfqu’ils  ont  une  fois  été attaqués  par  les  hommes,  
 ou  qu’ils  font  tombés  dans  quelque  embûche,  ils  ne  
 l ’oublient  jamais  &  qu’ ils  cherchent  t   fe  venger  en  
 toute  occafion ;  comme  ils  ont  l’odorat  excellent  &  
 peut-être  plus  parfait qu’aucun  des animaux,  à  caufe  de  
 la  grande  étendue  de  leur  n e z ,  l’odeur  de  l’homme  
 les frappe  de  très-loin,  ils  pourroient  aifément  le  luivre  
 à  la  pille ;  les  Anciens  ont  écrit  que  les  éléphans  
 arrachent  l’herbe  des  endroits  où  le  chalfeur  a  pafle,  
 &  qu’ils  fe  la  donnent  de  main  en  main,  pour  que 
 en- pourfuivant  un  homme  qui  lui  cfifoit  des  injures,  &  il  s’elï  
 trouvé  pris  au  trébucher.  Journal  du  voyage  de  Siam,.  -par  l’abbé  de  
 Choify.  Paris,   i  S S  page 24 2 .  —  Ceux  qui  inlukent  ou  qui  font  
 du  mal  a  l’éléphant  doivent  bien  prendre  gardé  à  eux,  car  ils  
 n’oublient  pas  aifément  les  injures  qu’on  leur, fait,  fi  ce  n’eft  après  
 q u ’ ils  s’en font  vengés.  Recueil  des voyages  de  la  Compagnie  des  Indes  
 de  Hollande,  tome  I , page  4 .1 g. 
 tous  foient  informés  du  paflfage  &  de  la  marche  de  
 l’ennemi.  Ces  animaux  aiment  le  bord  des  fleuves  1 ,  
 les profondes vallées,  les  lieux  ombragés  &  les  terreins  
 humides  ,  ils  ne  peuvent  fe  pafîer  d’eau  &  la troublent  
 avant  que  de  la  boire;  ils  en  rempliflent  fouvent  leur  
 trompe ,  foit  pour la porter  à  leur  bouche  ou  feulement  
 pour  fe  rafraîchir  le  nez  &   s’amufer  en  la  répandant  à  
 flot  ou  i’afpergeant  à  la  ronde ;  ils  ne  peuvent fupporter  
 le  froid  &  fouffrent  aulfi  de  l’excès  de  la  chaleur ;  car  
 pour  éviter  la  trop  grande  ardeur  du  foieil,  ils  s’enfoncent  
 autant  qu’ils  peuvent  dans  la  profondeur  des  
 forêts  les  plus  fombres;  ils  fe  mettent aulfi aflez  fouvent  
 dans  l’eau  ,  le volume  énorme  de  leur  corps  leur  nuit  
 moins  qu’il  ne  leur  aide  à  nager,  ils  enfoncent  moins  
 dans  l’eau  que  les  autres  animaux,  &  d’ailleurs  la  longueur  
 de  leur  trompe  qu’ils  redrelfent  en  haut  &   par  
 laquelle  ils  refpirent I  leur  ôte  toute  crainte  d’être  fub-  
 mérgés. 
 Leurs  ali men s  ordinaires,  font  des  racines,  des  herbes, 
   des  feuilles  &   du  bois  tendre,  ils  mangent  aulfi  
 des  fruits  &  des  grains;  mais  ils  dédaignent  la  chair &  
 le  poiflon  b ;  lorfque  l’un  d’entr’eux  trouve  quelque' 
 a Elephanti ' naturce  proprium  eft rofcida loca  &  mollia aman  d f aquam  
 deftderare,  ubi  verfari maxime ftudet;  ita  ut animalpaluftre nominari pojjîtr  
 Ætiari.  Iib.  IV ,  cap.  2 4 . 
 11 Ces  animaux  ne  mangent  point  de  chair|  non  pas  même  les'  
 fauvag.es,  mais  vivent  feulement  de  branches,  rameaux  &   feuilles-  
 d ’arbres  qu’ils  rompent  avec  leur  trompe,  &   mâchent  Je  bois  a lïè i  
 gros.  Voyage de  Fr. Pyrard.  Paris,  1 6 1  y  , tome  I I , page y 6 7 . 
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