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des feuilles font la nourriture ordinaire de nos boeufs
pendant l’hiver, & au printemps lorfqu’ils auroient be-
foin de fe refaire, on les exclut des prairies ; ils fouf-
frent donc encore plus au printemps que pendant l’hiver;
car on ne leur donne alors prefque rien à l’étable, &
on les conduit fur les chemins, dans les champs en
ïepos, dans les bois, toujours à des diftances éloignées
& fur des terres ftériles, en forte qu’ils fe fatiguent plus
qu’ils ne fe nourriffent ; enfin on leur permet en été
d’entrer dans les prairies , mais elles font dépouillées ,
elles font encore brûlantes de la faux, & comme les
fécherelfes font les plus grandes dans ce temps & que
l’herbe ne peut fe renouveler, il fe trouve que dans
toute l’année il n’y a pas une feule faifon où ils foient
largement ni convenablement nourris ; c’eft la feule
caufe qui les rend foibles, chétifs & de petite llature :
car en Efpagne & dans quelques cantons de nos provinces
de France, où l’on a .des pâturages vifs & uniquement
réfervés aux boeufs , ils y font beaucoup plus
gros & plus forts.
En Barbarie * & dans la plulpart des provinces de
♦ A u x royaumes de Tunis & d’A lg e r , les boeufs & les vaches,
généralement parlant, ne font pas aufli grands & font moins gros que
les nôtres (en Angleterre} ; les plus gros après être bien engrailles
pèiênt rarement au deffus de cinq ou fix cents livres ; les vaches n’ont
que très - peu de lait, & ont encore le défaut de le perdre en perdant
leur veau. Voyage de Shaw, tome I , page 3 * * — Boves domeftici
quotquot in Africte montibus nafcuntur adeo funt exigui, ut aliis collati,
yicu/i biennes appareant, monticolce tainen illos aratro exercentes tum
l’Afrique où les terreins font fecs & les pâturages maigres,
les boeufs font encore plus petits, & les vaches donnent
beaucoup moins de lait que les nôtres, & fa plulpart perdent
leur lait avec leur veau. Il en ell de même de
quelques parties de la Perfe 1 , de la bafie Éthiopie | &
de la grande Tartarie c, tandis que dans les mêmes pays
à dallez petites diftances, comme en Calmouquie d,
robuftos, tum laboris patientes ajferunt. Leon. Afric. Africoe defcript.
tom. I l , pag. y y y , — Les vaches de Guinée font fèches & maigres....
L e lait qu’on en tire eft fi peu abondant & fi peu gras qu’à peine
vingt & trente vaches en pouvoient fournir la table du Général ;
ces vaches font extrêmement petites & légères ( de poids ) ; ■ il faut
que ce fort une des meilleures, quand dans là parfaite croifîànce elle
pète deux cents cinquante livres, quoiqu’à proportion de fa grandeur
elle dût peler la moitié plus. Voyage de Bofman, page 2 y 6.
1 Les peuples de la Caramanie, à quelque diftance du golfe
Perfique, ont quelques chèvres & vaches , niais leurs bêtes à cornes
ne font pas plus fortes que fes veaux ou le? taureaux d’un an en
Ëfpagne, & ont des cornes de moins d’un pied de long. Ambajfade
de Silva Figueroa. Paris, i 6 6y , page 6 2 ,
b Dans la province de Guber en Éthiopie , on nourrit quantité de
gros & de menu bétail, mais les vaches n’y font pas plus groflès que
des géniflès. L ’Afrique de Marmol, tome I I I , page 66,
c A Krafnojarsk les Tartarès ont des bêtës à cornes, mais une vache
en Ruflle donne vingt fois plus de lait qu’une vache de ces cantons.
Voyage de Gmelin à Kamtfchatca ; traduâion communiquée par M . de
l’IJle.
* Les boeufs des provinces que les Tartarès Galmouques occupent,
font encore plus grands que ceux de l’Ukraine & les plus hauts qu’on
connoiflè julqu’à préfent. Relation de la grande Tartarie, page 228.