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 l ’unique  caraétère  fenfible,  par  lequel  ces  deux  races  
 diffèrent  ,  confifte  en  ce  que  le  chameau  porte  deux  
 boffes,  &  que  le  dromadaire  n’en  a  qu’une,  il  eft  auffi  
 plus petit  & moins  fort  que  le  chameau;  mais tous  deux  
 fe mêlent,  produifent  enfemble,  &  les  individus  qui  
 proviennent  de  cette  race  croifée,  font  ceux  qui  ont \g  
 plus  de vigueur &  qu’on  préfère  à  tous  les  autres * .  Ces 
 Dromas.  Prof}). Alpin. Hiß. nat. Ægypt.  vol. I I ,  pag.  2 2 3 ,  tab.  1 2 . 
 Camelùs  unïco  in  dorfo  gibbo,  feu  Dromiedarius.  Ray.  Syn,  quai.,  
 pag.  1 4 3 . 
 Chameau.  Mémoires pour  fervîr à l’Hiftoire des Animaux.  Partie 1,  
 page  6p  , fig . planche  VII. 
 *   Les  Perfins  ont  piufieurs  elpèces  de  Chameaux.  Iis  appellent  
 ceux qui ont deux  boffes  Bughur, & ceux qui  n’en ont qu’une Schuttur.  
 D e   ces derniers,  il  y   en  a  quatre  fortes;  lavo ir, ceux  qu’ils appellent  
 par  excellence  Ner,  c’e fl-à -dire,  mâle,  qui  s’engendrent  d'un  Dromadaire  
 ou  d’un  Chameau  à  deux  bofîês  &  d’une  femelle  à  une  
 boffe  que  l’on  appelle  Afaje;   &   c eu x -c i  ne  le  foui  point  couvrir  
 par  d’autres.  C e   fo n t- là   les  meilleurs  &   les  plus  eftimés  de  tous  les  
 Chanteaux,  &   il  y   en  a  qui  le  vendent  cent  écus  la  pièce.  Ils  
 portent  julqu’a  neuf  ou  dix  quintaux  de  charge,  &   font  comme  
 infatigables.  Quand  ils  font  en  chaleur,  ils  mangent p e u ,  écument  
 par  la  bouche,  font  colères  &  mordent ;  de  Ibrte  que  pour  les  empêcher  
 d’oflènfèr  ceux  qui  les  gouvernent,  on  leur  met  des  mulè-  
 lières,  que  les Perles  nomment  agrah.  L es  chameaux  qui  viennent  de  
 c e u x - c i  dégénèrent  fort  &   font  lâches  &   pareffeux,  c ’eft  pourquoi  
 les  Turcs  les  appellent  Jurda  Kaidem,  &   ne  le  vendent  que  trente  
 ou  quarante  écus. 
 L a   troifième  elpèce  eft  celle  qu’ils  appellent  JLohk',  mais  ils  ne  
 font  pas  fi  bons  que  les  Bughur,  auffi  n’écument - ils  point  comme  
 les  N  ers,  quand  ils  font  en  chaleur;  mais  quand  ils  font  en  ru t ,  ils 
 métis  iffus  du  dromadaire  &   du  chameau,  forment  une  
 race  fe condaire,  qui  fe  multiplie  pareillement  &   qui  fe  
 mêle  auffi  avec  les  races  premières.;  en  forte  que  dans  
 cette  efp è ce   comme  dans  celles  des  autres  animaux  
 domeftiques,  il  fe  trouve  piufieurs  variétés  dont  les  
 plus  générales  font  relatives  à  la  différence  des  climats.  
 Ariftote  * ,   a  très - bien  indiqué  les  deux  races  principoufîènt  
 de  deflous  la  gorgé  une  vefîte  rouge  qu’ils  retirent  avec  
 l ’haleine ;  drellènt  la têté & ronflent louvent. On les vend  foixante écus,  
 il  s’en  ftut  beaucoup  qu’ils  foient  auffi  forts  que  les  autres;  c’eft  
 pourquoi  quand  les  Perles  veulent  parler  d’un  homme  vaillant  &  
 courageux,  ils  difent  que  c ’eft  un  Her,  &   pour  lignifier  un  lâche  
 &  un  poltron,  ils  l’appellent  Lohh. 
 Ils  nomment  la  quatrième  elpèce  Schutturi  Baad,  &  les  Turcs  
 Jeldovefi,  c’e f t - à -d i r e ,  Chameaux  de vent ;  ils  font plus  petits,  mais  
 plus  éveillés  que  les  autres  :  car  au  lieu  que  les  Chameaux  ordinaires  
 11e  vont  que  le  p a s , ,  ceux -ci  vont  le  trot  &  galopent  auffi  bien  
 que  les  chevaux.  Voyage d’Olearius,  tome  I ,  page  y y o. 
 *   Camclus proprium  inter  coeteras  quadrupèdes  habet  in  dorfo,  quoi  
 tuber  appellant, fed   ita  ut  Baârianoe  ab  Arabiis  différant;  alteris  enim  
 bina,  alteris fmgula  tubera  habentur.  Ariftot.  Hiß.  anim.  lifa.  I I ,  cap.  I.  
 Nota.  Théodore  G a z a ,  dont  j ’ai  toujours  efnprunté  la  traduction,  
 lorfque  j ’ai  cité  dans  cet  ouvrage  quelques  paflâges  d’Ariftote,  paraît  
 avoir rendu  celui - ci  d’une manière  ambiguë ;  alteris enim  bina,  alteris  
 fmgula  tubera  habentur,  fignifie  feulement  que  les  uns  ont  deux  ,  &  
 que  les  autres  n’ont  qu’une  b o ffe ,  tandis  que  le  texte  Grec  indique  
 préciféntent  que  ce  font  les  Chameaux  d’A rabie,  qui  n’ont  qu’une  
 b o llè ,  &  que  ceux  de  la  Baétriane  en  ont  .deux.  Auffi  Pline,  qui.  
 lur  l ’article  du  Çhameau,  comme  fur  beaucoup  d’autres,  n’a  fa it,  
 pour  ainfi  dire ,  que  copier  Ariftote ,  a  mieux  traduit  ce  paflâge  que  
 Ga za ,  en dilànt,  Cameli  Badriani  &   Arabici  differunt,  qubd  illi  bina  
 liaient  tubera  in  dorfo,  hi fmgula.  Plin. H ß . nat. lib. V I I I ,   cap.  x v i u . 
 D   d  iij.