domine prefqu’entièrement fui' ie verdâtre * ; ia dénomination
d’ivoire verd, doit pluflôt défigner Ton état que- fi couleur ;
car on ne trouve cet ivoire verd que dans les défenfes qui ont
été prifes fur Féiéphant, ou qui n’en ont pas été féparées pendant
un affez long temps pour que leur fubflance ait perdu, en fe
defféchant, fa teinte d’olivâtre pour prendre une couleur blanche.
L ’ivoire des défenfes qui font refiées pendant long-temps féparées
de ieléphant 8c expofées à la chaleur, efl blanc; les ouvriers qui
l’emploient, difent que dans cet état il efl mate, je ne fais s’ils
veulent exprimer par ce mot le changement que i’impreffion de
l’air caufe à l’ivoire par le defféchement : il y a lieu de croire
que la couleur naturelle de l’ivoire qui efl l’olivâtre, efl changée
en blanc par cette caufe; l’ivoire blanc a plus de dilpofition à
devenir jaune que lorfqu’il efl encore de couleur olivâtre. Dès(
qu’un morceau d’ivoire de cette couleur a été fépré du refie
de la défenfe, il fe décolore à l’air 8c là couleur difparoit d autant
plus vite que l’air efl plus chaud; durant la chaleur de l’été, on
voit dès le premier jour une diminution dans cette couleur, 8c
elle paffe en peu de temps. L ’aélion immédiate du foleil ou du
feu la fait paffer encore plus vite; au contraire l’humidité la fait
durer. Tous ces faits prouvent que l’ivoire blanc efl plus fec
que l’olivâtre; auffi les ouvriers chauffent-ils celui-ci pour le
rendre blanc avant de livrer l’ouvrage auquel ils l’ont employé,
parce que l’ivoire efl d’autant plus beau qu’il efl plus blanc ;
maïs il efl certain qu’il efl d’autant plus éloigné de devenir jaune,
qu’il efl plus olivâtre, le blanc fûccédant à cette couleur avant
que le jaune paroiffe : l’ivoire qui fe trouve blanc dans la défenfe
prend la couleur jaune bien plus tôt que celui que l’on a vû
paffer de la couleur olivâtre à la blanche. C ’eft en préfervant
* Voyez la Defcription de la partie du CaJbinet} qui &rapport à l'éléphantfivoire
de l’aclion de l’air que l’on conferve fa couleur blanche;
on l’enveloppe de coton 8c on le ferre dans une boîte bien
fermée : un moyen plus (ur efl de le mettre fous un verre bien
mafliqué. C ’efl ainfi que l’on conferve la blancheur des figures
taillées en ivoire * ; mais fi le verre fe fêle, on voit 1 ivoire
jaunir v is -à -v is l’ouverture. La couleur jaune qu’ il prend à
l’ air devient rouffeâtre 8c même rouffe lorfqu’il y refie expofé
pendant un très-long temps ; ces couleurs ne pénétrait qu’à la
profondeur d’environ une demi-ligne. En enlevant l’ivoire jaune
on trouve le blanc par-deffous, mais ce moyen efl le plus
fouvent impraticable; p u r y fuppléer on fuit différens procédés,
le plus commun efl d’expofer l’ivoire jaune à la rofée, principalement
à celle du mois de Mai; lorfqu’on le met à l’air, il faut
le préferver foigneufement des rayons du foleil, parce que leur
chaleur immédiate le feroit fendre, mais s’il efl plongé dans leau,
ce mauvais effet n’eft pas a craindre.
La couleur jaune que prend 1 ivoire, efl un defaut qui a contribué
à le faire paffer de mode, lorfque le luxe a introduit celle
des bijoux d’or,des pierres fines, d’émaux, 8cc. indépendamment
de la couleur jaune, il fe trouve encore dans l’ivoire d’autres
qualités qui le rendent défectueux 8c qui en diminuent le prix.
Les ouvriers rejettent l’ivoire dont les fibres font très-apparentes,
8c celui qui a des taches ; ils défignent le premier par ia dénomination
d’ivoire grenu, & ils donnent aux taches le nom de
fèves. Mais les Naturalifles doivent regarder l’ivoire grenu comme
le plus intéreflànt, parce que ce grain marque la direaion des
fibres dont il efl compofé.' .
Lorfqu’une défenfe d’éléphant efl coupée tranfverfilement, on
* Les ouvriers qui font des figures d’ivoire ne (ont pas appelés fculptcum
on leur a’ conferve leur ancienne dénomination de tailleurs d ivoirtf Qaj