
 
		de l’Afrique, comme  à Madagafcar\  à  Java1’,  & jufques  
 aux  Philippines0.. 
 Après  avoir  conféré  les  témoignages  des  Hiftoriens  
 &   des Voyageurs,  il  nous  a  paru  que  les  éléphans  font  
 aéluellement plus  nombreux ,  plus  fréquens  en  Afrique  
 qu’en  Afie ;  ils  y  font  aulfi  moins  défians,  moins  fàu-  
 vages  ,  moins  retiré^  dans  les  folitudes;  il  femble  qu’ils  
 connoiffent l’impéritie &  le  peu de puiflànce des hommes  
 auxquels  ils  ont  affaire  dans  cette  partie  du  monde;  
 ils  viennent  tous  les jours  &  fans  aucune  crainte jufqu’à 
 “ Dans  I’ifle  de  Madagafcar  ,  f e ’ trouvent  tant  d ’éléphans,  qu’on  
 n’eftime contrée  du monde  en  produire  davantage ;  au moyen  de quoi  
 s ’y  fait  grand  trafic  de  marchandife  d’ivoire,  comme  femblableinent  
 en  une  autre  ifle  voifine  appelée  Çiqibtt;  &   par  le  jugement  des  
 Marchands  ne  fe  retire  pas  du  refte  du monde  fx  grande  quantité  de  
 dents  d’éléphans  (  qui  eft  le  vrai  ivoire )  q u e  i’on  en  trouve  exi  ces.  
 deux  ifie's.  Defcript.  de  l’Inde  orient,  par Marc  Paul.  Paris,  i p p 6 ,  
 liv.  I I I ,   chap. X X X I X ,  page  r 1 4 . 
 1 Les'  animaux  qui  fe  trouvent  dans  l’ifle  de  J a v a ,  font  1 .°  des  
 éléphans qu’on apprivoife  &  qu’on loue  enfuite  pour  travailler. Recueil  
 des voyage de  la  Compagnie  des  Indes de Hollande, tome 1 .page 4 1 1 .   
 _  A  Tuban  les  HoIIandois  virent  ies  éléphans  du  R o i  dfe  J a v a ,  qui  
 font  chacun  fous  un  petit  toit  particulier,  foûtenu  par  quatre  piliers  
 au  milieu ;  &  dans  le milieu de  l ’efpace,  qui  eft  fous  ce  to it ,  il  y   a  
 un  grand  pieux  auquel  l’éléphant  eft  attaché  par  une  chaîne.  Idem,  
 tome  I ,  page  p 2 6 . 
 c L ’ifle  de  Mandanar  eft  la  feule  des  Philippines,  qui  ait  des  élé-  
 phans  , parce  que  les  Infulaires  ne  les  apprivoifent  pas  comme  l’on  
 fait  à Siam  &  à Comboya ,  ils s’y font  extrêmement multipliés.  Voyage  
 autour du Monde, par Gemelli Cartri. Paris,  1 y i  I ,  tome V, page 2 0 y . 
 leurs  habitations  *  ,  ils  traitent  les Nègres  avec  cette  
 indifférence  naturelle  &   dédaigneufe  qu’ils  ont  pour  
 tous  les  animaux;  ils  ne  les  regardent  pas  comme  des  
 êtres  puifîàns,  forts  &   redoutables,  mais  comme  une  
 efpèce  cauteleufe,  qui  ne  fait  que  dreffer  des  embûches, 
   qui  n’ofe  les  attaquer  en  face  &  qui  ignore  
 l’art  de les  réduire  en  fèrvitude. C ’efl  en  effet par  cet art  
 connu  de  tout  temps  des Orientaux,  que  ces  animaux  
 ont  été  réduits  à  un  moindre  nombre;  les  éléphans  
 fàuvages,  qu’ils  rendent domefliques,  deviennent  par  la  
 captivité  autant  d’eunuques  volontaires  dans  lefquels  fe  
 tarit  chaque  jour  la  fource  des  générations  ;  au  lieu  
 qu’en  Afrique,  où  ils  font  tous  libres,  l’efpèce  fe  foû-  
 tient &  pourvoit même augmenter  en  perdant  davantage,  
 parce  que  tous  les  individus  travaillent  conftammént  à  
 fà  réparation.  Je   ne  vois  pas  qu’on  puiffe  attribuer à  une  
 autre  caufe  cette  différence  de  nombre  dans  l’efpèce;  
 car  en confidérant  les  autres effets,  il paroît que  le  climat  
 de l’Inde méridionale & de l’Afrique  orientale  eft la vraie  
 patrie,  lè  pays  naturel &  le  féjour  le  plus  convenable  à  
 l ’éléphant ;  il  y  eft  beaucoup  plus  grand,  beaucoup  plus  
 fort  qu’en  Guinée  &  dans  toutes  les  autres  parties  de  
 l ’Afrique  occidentale;  l’Inde  méridionale  &  l’Afrique  
 orientale  font donc les  contrées  dont  la Terre & le Ciel 
 *   Les  éléphans pafîïnt  fouvent les nuits dans les villages,  &   craignent  
 fi  peu  les  lieux  fréquentés,  qu’au lieu  de  (ê  détourner  quand  ils  voient  
 les  maifons  des  Nègres,,  ils  paflènt  tout  droit,  &   les  renverlènt  en:  
 marchant comme une coquille de noix.  Voyage de le Maire, page  q  g..