3 4 - H i s t o i r e N a t u r e l l e
ne font jamais montés que fur des éléphans : les jour*
de fctes, ils font précédés & fuivis d’un nombreux
cortège de ces animaux pompeufement parés de plaques
de métal brillantes, & couverts des plus riches étoffés.
On environne leur ivoire d’anneaux d’or & d’argent3 ,
on leur peint les oreilles & les joues, on les couronne
de guirlandes, on lelir attache des fonnettes; ils fem-
blent fe complaire à la parure, & plus on leur met
d’ornemens plus ils font careflàns & joyeux. Au refte,
l’Inde méridionale eft le feul pays où les éléphans foient
policés à ce point : en Afrique on lait à peine les-
dompter É Les Afiatiques, très-anciennement civilifés, fe
* Nous avons vû des éléphans qui ont tes dents d’une beauté &
d’une grandeur admirables; elles fortent à quelques-uns plus de quatre
pieds hors de la bouche, & font garnies d’efpace en efpace de cercles
d’o r, d’argent & d e cuivre. Premier voyage du P . Tachard, page 2 7 3 c.
— Les Princes font confifter leur grandeur & leur pouvoir à nourrir
beaucoup d'éléphans, ce qui leur eft d’tine'grande dépenfe. L e
Grand-Mogol en a plufieurs milliers. L e roi de Maduré, le feigneur
de Narzingue & de Bifnagar, le ror des Naires & celui de Manlul.
en ont plufieurs centaines, qu’ils diftinguent en trois claffes les plus
grands font pour le fervice immédiat du Prince : leur harnois eft très-
riche ; on les couvre de draps travaillés en or & couverts de perles,,
leurs dents font ornées d’or très-fin & d’argent, & quelquefois on
les couvre de drn in an s ; ceux d’une taille moyenne font pour la guerre,,
& les petits pour l’ulàge & le fervice ordinaire. Voyage du P . Vincent
'Marie de S ." Catherine de Sienne, chap. 11- ( Cet article a été traduit
de l’Italien, par M. le Marquis.de Montmirail).
b Les habitans de C on go n’ont pas l ’art de dompter les éléphans c
ils font fort.médians, & prennent les crocodiles avec leur trompe
& les jettent au loin. I l Cenio vag. del conte Aurelio,. tome I I ,p . 4 7 Tfont
faits une efpèce d’art de l’éducation de l’éléphant
& l’ont inftruit & modifié félon leurs moeurs. Mais de
tous les Afriquains les feuls Carthaginois ont autrefois
dreflë des éléphans pour la guerre, parce que dans le
temps de la fplendeur de leur république , ils étoient
peut - être encore plus civilifés que les Orientaux.
Aujourd’hui il n’y a point d’éléphans fauvages dans
toute la partie de l’Afrique , qui eft en deçà du
mont Atlas ; il y en a même peu au-delà de ces
montagnes jufqu’au fleuve du Sénégal ; mais il s’en
trouve déjà beaucoup au Sénégal même3, en Guinée11,
* Les éléphans, dont je voyois tous les jours un grand nombre le
répandre fur les bords du fleuve Sénégal, ne ni etonnoient plus.
L e 5 novembre je me promenois dans ies bois qui font vis-a-vis le
village de Dagana, j’aperçûs quantité de leurs traces toutes fraîches ;
je les fuivis conftamment pendant près de deux lieues, & enfin je
découvris cinq de ces animaux, dont trois fe vautroient couchés dans
leur fouil, à la manière des cochons, & le quatrième étoit debout
avec Ion petit, mangeant les extrémités des branches d u n acacie qu il
venoit de rompre : je jugeai par coinparaifon de la hauteur de l’arbre
contre lequel étoit cet éléphant, qu’il avoit au moins onze à douze
pieds depuis la plante des pieds jufqu’à la croupe ; les défenfes for-
toient de la longueur de près de trois pieds. Quoique ma préfence
ne les eût pas émus, je penfai qu’il étoit à propos de me retirer :
en pourfuivant ,ma route je rencontrai des impreffions bien marquées
de leurs pas, que je mefurai, elles avoient près d’un pied & demi de
diamètre ; leur fiente, qui relîèmbloit à celle du cheval, formoit des
boules de fept à huit pouces d’épaifîèur. Voyage au Sénégal, par A I,
Adanfon. Paris, / J 5 7 > page y y . |— V oye z aufîi le Voyage de le
Maire, pages y 7 & y 8.
bVoy, le voyage de Guinée,par G- Bofman. Vtrecht, 1 y 0 y,p. 2 4 3 .
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