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 ne  font  jamais  montés  que  fur  des  éléphans  :  les  jour*  
 de  fctes,  ils  font  précédés  &   fuivis  d’un  nombreux  
 cortège  de  ces  animaux pompeufement parés de plaques  
 de  métal  brillantes,  &  couverts  des  plus  riches  étoffés.  
 On  environne  leur  ivoire  d’anneaux  d’or  &  d’argent3 ,  
 on  leur  peint  les  oreilles  &  les  joues,  on  les  couronne  
 de  guirlandes,  on  lelir  attache  des  fonnettes;  ils  fem-  
 blent  fe  complaire  à  la  parure,  &  plus  on  leur  met  
 d’ornemens  plus  ils  font  careflàns  &  joyeux.  Au  refte,  
 l’Inde méridionale  eft le  feul pays  où  les éléphans  foient  
 policés  à  ce  point  :  en  Afrique  on  lait  à  peine  les-  
 dompter É Les Afiatiques,  très-anciennement  civilifés, fe 
 * Nous  avons  vû  des  éléphans  qui  ont  tes  dents  d’une  beauté  &   
 d’une  grandeur admirables;  elles  fortent  à  quelques-uns plus  de  quatre  
 pieds hors de  la  bouche,  &  font  garnies  d’efpace  en  efpace  de  cercles  
 d’o r,  d’argent  & d e  cuivre.  Premier voyage du  P .  Tachard, page  2 7 3  c.  
 — Les  Princes  font  confifter  leur  grandeur  &  leur  pouvoir  à nourrir  
 beaucoup  d'éléphans,  ce  qui  leur  eft  d’tine'grande  dépenfe.  L e   
 Grand-Mogol  en  a plufieurs  milliers.  L e   roi  de Maduré,  le  feigneur  
 de  Narzingue  &  de  Bifnagar,  le  ror des  Naires  &   celui  de  Manlul.  
 en  ont  plufieurs  centaines,  qu’ils  diftinguent  en  trois  claffes  les  plus  
 grands  font  pour  le  fervice  immédiat du  Prince :  leur  harnois  eft  très-  
 riche ;  on  les  couvre  de  draps  travaillés  en  or & couverts  de  perles,,  
 leurs  dents  font  ornées  d’or  très-fin  &   d’argent,  &  quelquefois  on  
 les  couvre  de  drn in an s ;  ceux  d’une taille moyenne  font  pour  la guerre,,  
 &  les  petits  pour  l’ulàge  &   le  fervice  ordinaire.  Voyage  du  P .  Vincent  
 'Marie  de  S ."  Catherine  de Sienne,  chap.  11-  (  Cet  article  a  été  traduit  
 de  l’Italien,  par  M.  le Marquis.de Montmirail). 
 b Les  habitans  de  C on go  n’ont pas  l ’art  de  dompter  les  éléphans  c  
 ils  font  fort.médians,  &  prennent  les  crocodiles  avec  leur  trompe  
 & les jettent au loin. I l Cenio vag. del conte Aurelio,. tome I I ,p . 4 7 Tfont  
 faits  une  efpèce  d’art  de  l’éducation  de  l’éléphant  
 &   l’ont inftruit  &  modifié  félon  leurs  moeurs.  Mais  de  
 tous  les  Afriquains  les  feuls  Carthaginois  ont  autrefois  
 dreflë  des  éléphans  pour  la  guerre,  parce  que  dans  le  
 temps  de  la  fplendeur  de  leur  république  ,  ils  étoient  
 peut  -  être  encore  plus  civilifés  que  les  Orientaux.  
 Aujourd’hui  il  n’y  a  point  d’éléphans  fauvages  dans  
 toute  la  partie  de  l’Afrique  ,  qui  eft  en  deçà  du  
 mont  Atlas  ;  il  y  en  a  même  peu  au-delà  de  ces  
 montagnes  jufqu’au  fleuve  du  Sénégal  ;  mais  il  s’en  
 trouve  déjà beaucoup  au  Sénégal  même3,  en Guinée11, 
 * Les  éléphans,  dont  je  voyois  tous  les  jours  un  grand  nombre  le  
 répandre  fur  les  bords  du  fleuve  Sénégal,  ne  ni etonnoient  plus.  
 L e   5  novembre  je me  promenois dans  ies  bois  qui  font  vis-a-vis  le  
 village  de  Dagana,  j’aperçûs  quantité  de  leurs  traces  toutes  fraîches ;  
 je  les  fuivis  conftamment  pendant  près  de  deux  lieues,  &   enfin  je  
 découvris  cinq  de  ces  animaux,  dont trois  fe  vautroient  couchés dans  
 leur  fouil,  à  la  manière  des  cochons,  &  le  quatrième  étoit  debout  
 avec  Ion  petit, mangeant  les  extrémités des branches  d u n   acacie  qu il  
 venoit  de  rompre  :  je  jugeai par  coinparaifon  de  la  hauteur de  l’arbre  
 contre  lequel  étoit  cet  éléphant,  qu’il  avoit  au  moins  onze  à  douze  
 pieds  depuis  la  plante  des  pieds  jufqu’à  la  croupe ;  les  défenfes  for-  
 toient  de  la  longueur  de  près  de  trois  pieds.  Quoique  ma  préfence  
 ne  les  eût  pas  émus,  je  penfai  qu’il  étoit  à  propos  de  me  retirer :  
 en pourfuivant ,ma  route  je  rencontrai  des  impreffions  bien  marquées  
 de  leurs  pas,  que  je  mefurai,  elles  avoient  près  d’un  pied  &   demi  de  
 diamètre ;  leur  fiente,  qui  relîèmbloit  à  celle  du  cheval,  formoit  des  
 boules  de  fept  à  huit  pouces  d’épaifîèur.  Voyage au  Sénégal,  par A I,  
 Adanfon.  Paris,  / J  5 7  >  page  y  y .  |—  V oye z  aufîi  le  Voyage  de  le  
 Maire,  pages  y 7   &   y  8. 
 bVoy, le voyage de Guinée,par G- Bofman. Vtrecht,  1  y  0 y,p.  2 4 3 . 
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