
 
		alfurent  tous  de  concert  que  les  éléphans  n’ont  jamais  
 produit  dans  l’état  de  domefticite.  Les  Rois  des  Indes  
 en  nourriflent  en  grand  nombre,  &  après  avoir  inutilement  
 tenté  de  les  multiplier  comme  les  autres animaux  
 domelliques  ,  ils  ont  pris  le  parti  de  féparer  les mâles  
 des  femelles,  afin  de  rendre  moins  fréquens  ies  accès  
 d’une  chaleur  ftérile  qu’accompagne  la  fureur ;  il  n’y a  
 donc  aucun  éléphant  domeftique  qui  n’ait  été  fauvage  
 auparavant, & la manière de les prendre *,  de les dompter, 
 couple  jamais  avec  les  femelles  qu’en  fecret,  &   n’engendre  jamais  
 q u ’un  petit.  Cofmographie  du  Levant,  par TJievet,  i y y y . ,  page  y  0.  
 Voye?  auflî les  notes  que  nous  citerons  dans  la fuite  à  cefujèt. 
 *  J ’allai  voir  la  grande  charte  des  éléphans,  qui  fe  fait  en  la  forme  
 fuivante..  L e   R o i  envoie  grand  nombre  de  femelles  en  compagnie,  
 & quand  elles  ont  été  plufieurs  jours  dans  les  bois  &   qu’il  elt  averti  
 q u ’on a trouvé des  éléphans, il envoie trente  ou quarante mille hommes  
 qui  font une  très-grande  enceinte  dans  l ’endroit  où  font les  éléphans ï   
 ils  fe  portent  de  quatre  en  quatre,  de  vingt  à  vingt-cinq  pieds  de  
 diftance  les  uns  des  autres,  &   à  chaque  campement  011  fait  un  fe u ,  
 élevé de  trois  pieds  de  terre  ou  environ.  Il  fe  fait  une  autre  enceinte  
 d ’éléphans  de  guerre,  diflans  les  uns  des  autres  d’environ  cent  &  
 cent  cinquante  pas,  &   dans  ies  endroits  ou  les  éléphans  pourroienî  
 fbrtir  plus  aifément,  les  éléphans de  guerre  font  plus  fréquens ;  en  
 plufieurs  lieux  il  y a du canon, que l ’on tire quand  les éléphans fâuvages  
 veulent  forcer  le  partage,  car  ils  craignent  fort  le  feu ;  tous  les  jours  
 on  diminue  cette  enceinte,  &   a  la  fin  elle  ert  très-petite,  &  les  feux  
 ne  font pas  à  plus  de  cinq  ou  fix  pas  tes  uns  des  autres.  Comme  cés  
 éléphans  entendent  du  bruit  autour  d’eux ,  ils  n ofent  pas.  s enfu ir,  
 quoique pourtant  il ne  lairtè  pas  de  s’en  fauver  quelques-uns,  car on  
 ïh’a dit  qu’ il  y avoit  quelques  jours  qu’il  s’en  étoit fauve  dix.  Quand  
 on  les  veut  prendre,  on  les  fait  entrer  dans  une  place  entourée  de  
 p ieu x ,  où  il  y  a  quelques  arbres  entre  lefquels  un  homme  peut 
 de  les  foûmettre,  mérite  une  attention  particulière.  Au  
 milieu  des  forêts  &  dans  un  lieu  voifin  de  ceux  qu’ ils  
 fréquentent,  on  choifit  un  etpace  qu’on  environne  
 d’une  forte  palilfade  ;  les  plus  gros  arbres  de  la  foret  
 fervent  de  pieux  principaux  contre  lefquels  on  attache  
 les  traverfes  de  charpente  qui  foûtiennent  les  autres  
 pieux :  cette  palilfade  elt  faite  à  claire - voie,  en  forte  
 qu’un  homme  peut  y  palfer  aifément ;  on  y  lailfe  une  
 autre  grande  ouverture  ,  par  laquelle  l’éléphant  peut  
 entrer,  & cette baie eft furmontée  d’une trape fufpendue,  
 ou bien  elle reçoit  une  barrière  qu’on  ferme  derrière  lui.  
 Pour 1 ’attirer jufque dans cette enceinte, il faut l’aller chercher; 
   on  conduit une femelle en chaleur  & privée , dans  
 la  forêt,  &  lorfqu’on  imagine  être  à  portée  de  la  faire  
 entendre,  fon gouverneur  l’oblige à faire  le  cri  d’amour;  
 le  mâle  fauvage  y  répond  à  l’inftant &  fe  met  en  marche  
 pour  la  joindre;  on  la  fait  marcher  elle-même  en 
 facilement  paffer.  II  y   a  une  autre enceinte d’éléphans  de  guerre  &  de  
 foldats,  dans laquelle  il  y  entre  des  hommes montés  fur des  éléphans,  
 fort  adroits  à  jeter  des  cordes  aux  jambes  de  derrière  des  éléphans ,  
 q u i ,  lorfqu’ils  font  attachés  de  ceue  manière,  font  mis  entre  deux  
 éléphans  privés,  entre  lefquels  il  y   en  a  un  autre  qui  les  pouffe  par  
 derrière,  de  forte  qu’il  eft  obligé  de  marcher;  &   quand  il  veut faire  
 le  méchant,  les  autres  lui  donnent  des  coups  de  trompe.  O n  fes  
 mena  fous  d e s 'to its ,  & .0 11  les  attacha.de  la  mente  manière  que  le  
 précédent :  j’en  vis  prendre  d ix ,  &   on  me  dit  qu’il  y   en  avoit  cent  
 quarante  dans  l ’enceinte.  L e   R o i  y   étoit  préfënt,  il  donnoit  fës ordres  
 pour  tout  ce  qui  étoit  néceflàire.  Relation  de  l’ambajfade  de  A I.  le  
 chevalier  de  Chaumont  à  la ,cour  du  Roi  de  Siam.  A   Paris,  1 6 8 6 ,   
 page  y 1  Ù1 fuivantes. 
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