des coups de boutoir & de corne fous le ventre, où
la peau eft la plus fenfible & la plus pénétrable : mais
au/fi' lorfqu’ii manque fon premier coup, l’éléphant le
terrafle & le tue.
La corne du rhinocéros eft plus eftimée des Indiens
que l’ivoire de l’éléphant, non pas tant à caufe de la
matière dont cependant ils font plufieurs ouvrages au
tour & au cifeau ; mais à caufe de là fubftance même
à laquelle ils accordent plufieurs qualités fpécifiques &
propriétés médicinales * ; les blanches comme les plus
* d’une in tegno Bengalen rhinocerotes Lufitanis Abadas d iiïi, cujus
animalis corium, dentes, caro, fanguis, ’ unguia ù 1 ccetmê 'ejus partes
l°to genere reftjlunt venenis ; quâ de causa in maximo pretio eft apud
Indos. Johan. Hugon Lintfootani navigatio in Oriente!!!, Belgicè foripta,
Latine enunciata a Lonicero. Francfotdii, i y y y , pars I I S pteg. 4 4 ,
~1' Aux parties de Bengala proche, du G an ge , ies rhinocéros ou
licornes, que 1 on appelle vulgairement Abades, font très-communes,
& 1 on en apporte a Goa quantité de cornes ; elles ont environ deux
palmes de circonférence du côté qu’elles font attachées au front, &
allant peu a peu & finifîànt en pointe ; elles fervent d’armes défenfîves
a ces animaux. Elles font d’une couleur obfcure, & les taffes q u ’on
.en fait pour boire font très-eftimées, vû qu ’elles ont naturellement
îa propriété de chafîèr dehors la malignité d’une liqueur qui feroit
Cmpoifonnée. Voyage du P . Philippe, page y y i . — Toutes les parties
du corps du rhinocéros font médicinales : là corne eft fur-tout un
puiflànt antidote contre toutes fortes de poiions, & les Siamois en
font un grand trafic avec les nations voifines ; il y en a qui font
quelquefois vendues plus de cent écus ; celles qui font d’un gris-clair
& mouchetées de blanc font les plus eftimées des Chinois. Hifîoire
nat. de Siam, par Mie. Gervaife, Paris, 1 6 8 8 , page 3 4 . — Leurs
cornes, leurs dents, leurs ongles, leur chair, leur peau, leur làng,.
d u R h i n o c é r o s . 189
faces font aufh celles qu’ils eftiment & qu’ils recherchent
le plus.»Dans les préfens que le roi de Siam
envoya à Louis X IV en 1686 * , il y avoit fix cornes
de rhinocéros. Nous en avons air Cabinet du R o i,
douze de différentes grandeurs, & une entre autres qui,
quoique tronquée, a trois pieds huit pouces & demi
de longueur.
L e rhinocéros fans être, ni féroce, ni carnafiier, ni
même extrêmement farouche eft cependant intraitableb ;
leurs excrémens même & leur eau, tout en eft eftimé & recherché
par les Indiens,'qui y trouvent des remèdes pour diverfes maladies.
Voyages de la Compagnie des Indes de Hollüfide, tome 1 , page y. i y.
— Sa corne fort d’entre fes deux nafeaux, elle’ eft fort épaiffe par
le bas, & vers le haut elle devient aiguës elle eft d’un vert-brun,
& non pas noir, ainfi que quelques»uns l’ont écrit; quand elle eft
plus o-rifê ou. qu’elle tire fur le blanc, elle fè vend plus cher; mais
elle eft toujours chère, car on l’eftime auffi beaucoup aux Indes.
Idem, tome V U , page 2 y y .-
1 Parmi les préfens que le roi de Siam envoya en France en
1686, il y eut fix cornes de rhinocéros;; elles font extrêmement
eftimées dans tout l’Orient. Le chevalier Vernati a écrit de Batavia
en Angleterre, que les cornes, les dents, les ongles & le fàng des
rhinocéros font des antidotes j’ & qu’ils ont le même ulàge dans la
Pharmacopée des Indes, que la Thériaque dans celle de l’Europe.
Voyage de la Compagnie des Indes de Hollande, tome V II, page g 84.
*’ Nota. Chardin dit (tome 111,page 4 y ) que les Abyffins apprivoifent
les rhinocéros, qu’ils les élèvent au travail, comme on fait les éléphans.
Ce fait me paraît très - douteux, aucun autre Voyageur 11’en fait
mention, & il eft fur qu’à Bengale, à Siam & dans les autres parties
de l’Inde méridionale, où le rhinocéros eft peut-être encore plus
commun qu’en Éthiopie & où i’pn eft accoutumé à apprivoifèr les,
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