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la couper & de l’enlever à l’animal vivant. Outre cette
houppe de gros poils qui eft à l’extrémité, la queue
eft couverte, ou pluftôt parfemée dans fa longueur, de
foies dures & plus greffes que celles du fanglier; il fe
trouve auffi de ces foies fur la partie convexe de la
trompe & aux paupières où elles font quelquefois longues
de plus d’un pied; ces foies ou poils aux deux
paupières ne fe trouvent guère que dans l’homme, le
finge & l’éléphant.
L e climat , la nourriture & la condition influent
beaucoup fur l ’accroiffement & la grandeur de l’éléphant ;
en général ceux qui font pris jeunes & réduits a cet
âge en captivité n’arrivent jamais aux dimenfions entières
de la Nature ; les plus grands éléphans des Indes & des
côtes orientales de l’Afrique ont quatorze pieds de
hauteur, les plus petits qui fe trouvent au Sénégal &
dans les autres parties de l’Afrique occidentale n’ont
que dix ou onze pieds, & tous ceux qu’on a amené
jeunes en Europe ne fe font pas élevés à cette hauteur.
Celui de la Ménagerie de Verfailles , qui venoit de
Congo * , n’avoit que fept pieds & demi de hauteur à
l’âge de dix-fept ans, en treize ans qu’il vécut il ne
grandit que d’un pied, en forte qu a quatre ans lorfqu’il
fut envoyé, il n’avoit que fix pieds & demi de hauteur,
& comme l’accroiffement va toujours de moins en'
moins, on ne peut pas fuppofer que s’il fût arrivé à
* Mémoires pour (èrvir à I’Hiftoire des Animaux. Paît, I l J ,
"pages i 0 i i f i o 2*
d e Ly É l é p h a n t . 7 1
1 âge dé trente ans , qui eft le terme ordinaire de
i’accroiflement entier, il eût acquis plus de huit pieds
de hauteur ; ainfi la condition ou l’état de domefticité
réduit au moins d’un tiers l’accroiflement de l’animal,
non feulement en hauteur, mais dans toutes les autres
dimenfions. La longueur du corps mefurée depuis l’oeil
jufqu a l’origine de la queue eft à peu près égale à fa
hauteur prifè au niveau du garrot. Un éléphant des
Indes de quatorze pieds de hauteur, eft donc plus de
fept fois plus gros & plus pefant que ne l’étoit l ’éléphant
de Verfailles. En comparant raccroiffement de
cet animal à celui de l’homme, nous trouverons que
l’enfant ayant communément trente-un pouces, c’eft-à-
dire la moitié de là hauteur à deux ans, & prenant fon
accroiflement entier en vingt ans, l’éléphant qui ne le
prend qu’en trente, doit avoir la moitié de fà hauteur
à trois'ans ; & de même fi l’on veut juger de l’énormité
de la maffe de l’éléphant, on trouvera, le volume
du corps d’un homme étant fuppofé de deux pieds &
demi cubiques, que celui du corps d’un éléphant de
quatorze pieds de longueur, & auquel on ne fuppo-
feroit que trois pieds d’épaiffeur & de largeur moyenne,
feroit cinquante fois auffi gros * , & que par conféquent
* Peirère, dans la vie de Galîêndi, dit qu’il fit peler un éléphant,
& qu’il le trouva peler trois mille cinq cents livres. Cet éléphant étoit
apparemment trè s -p e t itc a r celui dont nous venons de fupputer les
dimenfions que nous ayons petit - être trop réduites, pèferoit au
moins huit milliers.