grande et trop rapide des mesures qu'ils réclàmentyavec
raison.
Pour que la colonisation officielle conserve les faveurs
du public français et des colons tunisiens actuels, il faut
qu elle évite toutes les causes d’échecs qui la déconsidéreraient
pour longtemps, sinon pour toujours. Ainsi qu’on l’a
vu dans les pages qui précèdent, il s’en est déjà produit un
certain nombre dus soit à ce que les lots ôtaient trop peu
étendus, soit à ce qu’ils étaient situés dans des régions
insuffisamment favorisées par la nature, soit à ce que les
colons auxquels ils étaient attribués n’avaient pas les
aptitudes nécessaires à l’agriculture ou bien désiraient
faire oeuvre de spéculation. Ces causes d’insuccès étant
connues, 1 administration a le devoir de les éviter et ne le
pourra qu’à la condition de procéder à la création de nouveaux
centres avec une extrême prudence.
Les colons eux-mêmes, ceux en particulier qui possèdent
des domaines susceptibles d’être morcelés, n’ont pas intérêt
à ce que 1 administration procède à son oeuvre colonisatrice
avec une hâte excessive, car plus la mise en valeur des
terres se développera, plus le prix de leurs propriétés s’accroîtra.
Une augmentation aussi rapide que possible des colons
français est, il est vrai, d autant plus désirable que les étrangers
sont actuellement beaucoup plus nombreux en Tunisie
que les Français ; mais il faut se dire que la domination
d’une race en un pays quelconque ne tient pas seulement
au nombre des individus qui la représentent. Elle dépend
surtout de la valeur intellectuelle, morale et économique
de ces individus. Or, on . a vu que si les Italiens sont en
Tunisie plus nombreux que les Français, ils y occupent, en
général, une situation inférieure à celle de nos compatriotes
et remplissent des fonctions dans lesquelles les Français
ne voudraient pas les remplacer et d’où ils se voient eux-
mêmes chassés par des indigènes, tant il est facile de les
remplir. Si l’on veut que la supériorité de notre race se
maintienne, il est indispensable de sélectionner avec
soin les colons français auxquels seront attribués les nouveaux
lots de la colonisation officielle. Il faut que tous,
autant que possible, réunissent les qualités nécessaires au
succès. Dans ces conditions, la France n’aura rien à
redouter de la présence des étrangers dans la Régence ;
elle devra même s’en réjouir puisqu’ils y rempliront des
rôles pour lesquels on ne trouverait pas de Français.
Pour terminer ce1 chapitre, je crois utile de donner le
tableau ci-dessous, dressé par l’administration de la Tunisie
et dans lequel se trouvent détaillées toutes les opérations de
la colonisation officielle de 1893 à -1913.