valeur du corail vrai au point que la pêche ne fui plus
reprise. Peut-être le sera-t-elle de nouveau plus tard;
La pêche des poulpes, dont les indigènes font une importante
consommation et que l’on exporte en Grèce pendant
le'carême des orthodoxes, était autrefois l’objet d’une réglementation
semblable à celle des éponges, sans doute parce
qu’elle se fait sur les mêmes bancs de la côte orientale. Les
poulpes se cachent dans tous les creux de pierres ou entre
les objets qui peuvent les protéger. On en prend beaucoup
sur les côtes en disposant des branchages sur le fond de la
mer. A marée basse on vient recueillir ceux qui s’y sont
abrités. Aujourd’hui cette pêche est libre, mais les poulpes
paient un droit de 0,05cent. par kilogramme en dehors dés
villes et de 2 francs par 100 kilogrammes dans les villes
comptant plus de S00 habitants.
La pêche des éponges a constitué pendant longtemps un
monopole que les beys de Tunis concédaient; elle est
aujourd’hui libre mais réglementée et soumise au paiement
de patentes qui varient d’après les procédés employés
pour la récolte des éponges. Les lieux dans lesquels celles-
ci se développent en grandes quantités sont les bancs du
Kerkenna, le banc de Dragana, au milieu du golfe de Gàbès,
les bancs de Djilidj et de Ras Moustapha, le premier à
l’ouest, le second à l’est de Djerba, le banc de Fango ou
Laspi, à 45 milles au nord-est du Ras Turgoeness, et les
petits fonds qui avoisinent la côte. Les éponges s’y développent
souvent sur les zostères qui tapissent le fond de la
mer. Les éponges les plus recherchées sont celles qui se
développent sur les bancs de Kerkenna, au nord de Djerba
et dans le voisinage de la frontière tripolitaine. Plus on
remonte vers le nord et moins les éponges sont fines. Le,s
espèces pêchées dans ces lieux appartiennent toutes aux
deux genres Euspongia qui fournit les pjus fines et au genre
Hippospongia. La pêche est faite soit par des plongeurs qui
arrivent à rester jusqu’à deux et trois minutes sous l’eau,
soit par des scaphandriers» soit au moyen de tridents, de
foënes ou de filets. Elle est pratiquée par les indigènes de
la Tunisie ou par des Grecs, ceux-ci se servant en général
du scaphandre. D’après M. de Fages.1, « il à été pêche en
1906 sur les côtes de la Régence, 150.600 kilogrammes
d’éponges valant 2 630.000 francs. Les pays importateurs
de ce produit sont : la France pour la plus grande partie,
l’Italie pour Un cinquième ; viennent ensuite, par ordre
d’importance, la Hollande, la Belgique, l’Angleterre, la
Grèce, etc. ».
On a fait des essais de multiplication et d’élevage des
éponges dont les résultats sont encore incertains.
L’industrie de la pêche ne fournit au budget tunisien que
des recettes minimes. En 1904, la somme inscrite au budget
sous ce titre était de 162.§00 francs; en 1912 elle
s’élevait à 192 900 fruncs.
En résumé, la Tunisie ne peut que se louer et être louée
du développement pris, depuis l’établissement du Protectorat,
par toutes ses industrie s. La métropole y a contribué par
le libéralisme relatif du régime douanier qu’elle a cqncédé
à la Régence. Il est permis d’espérer qu’elle y contribuera
encore dans l’avenir en assimilant de plus en plus les produits
tunisiens à ceux de la France. La vérité économique,
en ce qui concerne les colonies, est que la métropole doit
les considérer comme de simples prolongements de son
territoire.
La Tunisie, de son côté, a fait déjà des efforts notables
pour faire connaître ses minerais, ses phosphates, ses
huiles, été., sur les marchés étrangers. On ne peut que
l’encourager dans cette voie.
1. Loc. cit., 241.