qualités spéciales et qui pourraient servir à la formation
d’une variété mieux [étoffée-,, s’engraissant mieux, etc.,, que
la race commune.
Les chevaux appartiennent à la race arabe; ils sont
généralement de petite taille, mais très résistants, très
dociles et propres à tous les services. On a commencé
avec succès un croisement de la race locale avec le pur
sang arabe. Les indigènes profitent très volontiers pour
leurs juments des étalons mis à leur disposition dans des
stations de remonte dont le nombre va sans eesse en
augmentant.
Les mulets et les mules sont, depuis une époque reculée,
très appréciés par les indigènes. Un équipage de belles
mules était un luxe recherché par les riches Tunisiens.
Afin d’améliorer la race, qui est petite mais très robuste,
l’administration du protectorat a commencé de mettre à
la disposition des indigènes des baudets-étalons du Poitou
et des Pyrénées, notamment dans la région de Béja
où l’élevage du mulet est particulièrement pratiqué, et
dans celles de Teboursouk, Mateur, Zaghouan, environs
de Tunis,; etc.
Les chameaux sont, à proprement parler, des dromadaires
ou chameaux à une seule bosse. Ces animaux sont
surtout très nombreux dans le sud de la Tunisie, où ils
font à peu près tous les transports de quelque importance.
Les ânes existent dans presque toutes les familles tunisiennes,
si pauvres qu’elles soient. Ce sont des animaux
de très petite taille, mais robustes et plus sobres encore
que le chameau, si la chose est possible. C’est à eux
qu’incombent toutes les corvées domestiques; c’est avec
eux que les femmes vont chercher de l’eau aux puits, que
les hommes portent au marché leurs denrées ; ce sont
eux qui transportent au village tous les produits des jardins
et des champs, le maïs, la luzerne pour les moutons
et les boeufs, le blé et l’orge qui viennent d’être moissonnés
; c’est à eux encore que revient le soin de transporter'
le matériel restreint des ménages qui émigrent. L’âne est,
enfin, le coursier des gens pauvres. L’indigène ne
demande guère au cheval et même au mulet et à la mule
que de porter son maître ou de traîner les voitures et les
arabas (petites charrettes du pays); c’est à l’âne et au chameau
qu’incombent tous les transports faits à dos d’animal.
Quant aux labours, les indigènes les font toujours avec
des boeufs ou des chameaux.
Les moutons appartiennent tous à la race à grosse queue
qui, on le sait, est peu estimée en France. On à fait des
essais en vue de l’introduction du mouton à queue fine
d’Algérie que l’on croiserait avec le mérinos de la Crau ;
mais on n’en est encore qu’aux premières expériences.
Les indigènes utilisent la plus grande partie de la laine de
leurs moutons pour le tissage . des vêtements de laine.
Les chèvres indigènes ressemblent à celles de la Nubie.
Les indigènes les élèvent surtout pour la viande, et font
des tapis ou des manteaux avec les peaux recouvertes de
leurs poils.
Les animaux dont nous venons de parler sont presque
tous élevés par les indigènes en plein air. Les chevaux
seuls sont- souvent abrités sous de petits hangars en branchages.
Quant aux chameaux, aux ânes, aux boeufs, aux
moutons et aux chèvres,'ils vivent constamment dehors.
11 résulte de cette manière de faire que les indigènes sont
entièrement privés de fumier.
Les pâturages sont, il faut le dire, dans la majeure partie
du pays, d’une extrême maigreur. Les seuls lieux
dans lesquels existent des prairies sont les bas-fonds
situés sur le cours d’un petit nombre de rivières : nous
citerons les plaines que traverse le cours inférieur de
la Medjerdah, entre Utique et Porto-Farina, celles qui
bordent les parties les plus basses de l’Oued Miliane, et,
près de Soliman, les plaines qui entourent l’Oued Bézirh,
au point où il va se déverser dans le golfe de Tunis. Plus
au sud, citons quelques parties basses de l’Enfida, le
pourtour du lac Kelbia, entre Sousse et Kairouan, etc.
Partout ailleurs, les troupeaux paissent, pendant l’hiver,
dans les terres laissées en jachères et dans les parties