La situation de la Tunisie pour 1909 : « 30.420 quintaux de
liège de reproduction ont été adjugés pour la somme de
570.000 francs. La vente des écorces à tan (30.580 quintaux)
a produit 233.800 francs, et celle des coupes de bois
d’oeuvre (10.780 mètres cubes de chênes-réen) 192.000 fr.
Les recettes du service des forêts ont atteint en 1909, la
somme totale de 1.168.722 francs 75 centimes. »
Les dépenses, sont portées, en effet, au budget de 1909,
pour une somme totale de 694.650 francs, se divisant en :
personnel, 197.350 francs; matériel, 112.555 francs; délimitation
et amélioration des forêts, 277.720 ; entretien des
forêts, 84.025; fixation des dunes, 23.000 francs.
Les massifs forestiers situés au sud de la Medjerdah,
dans les terrains calcaires, sont formés surtout de pins
d’Àlep, de chênes verts et de genévriers. Les plus importants
sont ceux des montagnes de Zaghouan d’où naissent les
sources qui alimentent Tunis en eau potable; ceux du
Djouggar et du Djebel-Reças, aux environs de Tunis; celui
d’Aïn-Fouma dans la partie supérieure de la vallée dè
l’Oued Milianah, presque entièrement formé de pins d’A-
lep ; celui de la Kessera, sur la route du Kef à Kairouan,
long de douze kilomètres et large de plusieurs kilomètres ;
ceux des montagnes des Zlass, à l’est de Kairouan; ceux
de Sidi-Youssef et de l’Oued Mélègue sur la route du Kef
à Souk-Ahras ; celui de Nébeur, sur la route du Kef à
Souk-el-Arba ; celui d’Haïdra, près de la frontière d’Algérie,
continuation en Tunisie des massifs forestiers algériens
du cercle de Tebessa; enfin, celui de Blad-Thalah, dans
l’ouest de Sfax, distinct de tous les autres en ce qu’il est
formé par'une espèce d’arbre inconnu dans tout le reste de
la Tunisie et en Algérie, Y Acacia tortissima.
D’après une note de source officielle qui m’a été remise
en juillet 1914, la surface totale des forêts situées au sud
de la Medjerdah et dans la presqu’île du cap Bon atteint
898.212 hectares dont il est dit dans la note à laquelle
je fais allusion : « on ne peut pas les considérer comme
totalement inexploitables puisqu’elles fournissent le bois
de chauffage et le bois de construction nécessaires aux
populations indigènes stationnées dans la région, mais on
ne peut pas les considérer non plus comme susceptibles
de fournir des exploitations régulières. Quelques massifs
cependant, pourront, après aménagement, être mis en
coupes réglées, notamment aux alentours des concessions
minières. On peut évaluer au maximum de 200.000 hectares
la contenance de ces massifs susceptibles d’être un
jour exploités régulièrement; à 400.000 hectares la
superficie des terrains boisés qui pourront fournir, sans
exploitation régulière, les produits nécessaires aux populations
usagères de la Régence et, enfin, à 300.000 hectares
la superficie des forêts complètement inexploitables
».
La forêt d’acacias goipmifères citée plus haut mérite
une mention spéciale. Elle est située à 69 kilomètres
de Gafsa et à .28 kilomètres seulement d’Aïaïcha,
poste situé sur la route de Gafsa à Sfax. La plaine de
Thalah, dans laquelle s’étale la forêt, est formée par un
terrain d’alluvion très riche, sur lequel les indigènes font,
quand il pleut, de magnifiques cultures de blé et d’orge.
Entourée de montagnes calcaires, cette plaine offre un
grand nombre d’ondulations stériles, constituées par des
débris de roches calcaires et gypseuses qui sont descendues
des montagnes voisines, et des dépressions remplies
de terres alluvionnaires. C’est uniquement dans ces dernières
que poussent les. gommiers. Ceux-ci ne dépassent
guère 3 mètres de haut; au centre de la forêt, ils sont
écartés de 40 à 50 mètres les uns des autres et disposés
presque toujours par bouquets, ce qui montre qu’ils
représentent des repousses de souches plus anciennes.
Autrefois, la forêt de Thalah avait une étendue beaucoup
plus considérable ; elle occupait une surface longue d’environ
35 kilomètres et large de 8, ainsi qu’en témoignent
des pieds ou de petits bouquets isolés, épars sur cette
surface ; actuellement, elle n’a guère plus de 8 kilomètres
de long et 2 kilomètres de large. Sa décadence doit être
attribuée à l’exploitation inconsidérée qu’en font depuis
longtemps les tribus qui viennent chaque année y faire