minèrent la création de voies ferrées. Gélles-ci n’auraient
pas été construites aussi rapidement qu’elles le furent si les
mines ne leur avaiènt assuré un trafic rémunérateur. La
ligne de Sfax à Gafsa — Metlaoui et Redeyef — longue
de plus de 280 kilomètres a été construite entièrement
aux frais de la compagnie des mines de Grafsa. La ligne
de Sousse à Henchir-Souatir, dont la longueur dépasse
300 kilomètres, n’aurait pas été construite par la compagnie
de Bone Guelma si elle n’avait pas eu à desservir
les mines très importantes et exploitées d’Aïn-Moulârès,
etc., qui se trouvent au bout de son parcours. Il en est de
même de la ligne de Tunis à Kalaa-Djerda et à Kalaa-es
Senam, avec embranchements sur le Kef, sur le Slata, etc.
La même observation s’applique à la ligne de Bizerte à
Tabarka qui dessert les mines de Nefzas, etc. Or, la construction
de ces lignes n’a pas eu seulement pour effet
d’attirer des ouvriers européens dans la Régence, elle a
déterminé en outre la fixation au sol tunisien d’un très
grand nombre de familles attachées au service des voies
et des gares. Toutes ces familles cultivent des parcelles
plus ou moins considérables du sol et font souche de
colons.
D’un autre côté, les mines elles-mêmes occupent un
personnel considérable. Dans toutes les mines actuellement
exploitées, les ingénieurs, les chefs mineurs et les
géomètres sont des Européens, presque toujours des Français.
L’abatage du minerai, les recherches, la conduite dés
fours et, en général, tous les travaux exigeant des connaissances
techniques sont confiés à des ouvriers européens.
Ces derniers, presque tous de nationalité italienne, ont été
empruntés aux mines de la Sardaigne ou aux soufrières
de la Sicile. Depuis quelques années, on emploie aussi
pour l’abatage des ouvriers kabyles et marocains ayant
travaillé dans les mines algériennes. Les travaux de simples
manoeuvres sont exécutés par des indigènes de la Tunisie,
que l’on paie peu, mais dont le travail est lent et irrégulier.
« L’indigène, ditM. Roberty, se fixe rarement à la mine et
les services qu’il rend sont essentiellement temporaires.
C’est d’ailleurs une remarque générale applicable aux
exploitations minières et peut-être aux exploitations de tout
genre du nord de l’Afrique : le personnel ouvrier s’y trouve
en état d’instabilité perpétuelle ; il se déplace et se renouvelle
constamment. »
D’après la sixième édition (1909) de la Notice sur la
Tunisie publiée par la Direction de l’Agriculture, etc., le
nombre des ouvriers européens employés dans les mines
métallifères atteindrait près de 3.000, celui des ouvriers
indigènes dépassant 6.000. Les mines de phosphates occu-,
peraient de leur côté près de 2.000 Européens et plus de
6.000 indigènes. Quant aux carrières de matériaux de construction,
elles occuperaient plus de 2.000 ouvriers. Il y
aurait donc près de 20.000 hommes employés dans les
industries d’exploitation du sous-sol tunisien. La notice
estime à plus.de 14 millions de francs le montant annuel
des salaires de ces ouvriers.
La presque totalité des minerais produits par la Tunisie
est exportée, soit en France, soit à l’étranger. Les marchés
étrangers principaux des minerais de zinc et de plomb de
la Tunisie se trouvent en Belgique, en Angleterre et en
Allemagne. D'après le rapport au président de la République
pour 1909 (p. 73) ce fait « tient, entre autres, à ce
que les minerais tunisiens jouissent en Allemagne, eri
Angleterre, en Belgique, etc., d’une entière franchise douanière
qui ne leur est pas acquise en France ». Il faut
ajouter que l’Angleterre, la Belgique et l’Allemagne sont
beaucoup mieux outillées que la France pour le traitement
des minerais.
Depuis quelques années, certains minerais de plomb sont
traités en Tunisie même. En 1910 la Tunisie exporta pour
la première fois du plomb ouvré en masses, barres ou
plaques (5.OIS quintaux valant'152.860 francs). En 1911,
elle en a exporté 52.114 quintaux représentant une Valeur
de 1.728.625 francs. Elle a importé, la même année
4.454.421 kilogrammes de résidus de pyrites grillées que
la Société métallurgique de Mégrine utilise comme fondants
pour la fusion des minerais de plomb (Rapp. 1911, p. 74).