par ce fait que l’oasis d’El-Oudian ne reçoit qu’une quantité
d’eau très inférieure à celle qui arrose Nefta etTozeur.
Or, le palmier a besoin de beaucoup plus d’eau que les
oliviers et les autres arbres fruitiers.
On compte actuellement à El-Oudian 44 sources ; elles
prennent naissance dans la chaîne de collines qui forme
l’axe de l’isthme de Kriz entre le chott El-Djerid et le chott
Rharsa. Il en existait autrefois 37, mais 13 s’étaient taries ;
on est en train de les désaveugler. Toutes sortent de terre
dans des bassins profonds creusés de main d’homme et
leurs eaux sont dirigées yers l’oasis par des canaux très
encaissés qui ont demandé un travail considérable. Le
débit de ces sources est très faible et si les habitants n’ont
pas le soin d’arrêter l’eau, pendant une partie de la journée
ou de la nuit, par de petits barrages, elle se perd avant
d’arriver aux parties éloignées de l’oasis. Celle-ci n’est
donc arrosée que d’une manière intermittente et insuffisante.
En revanche, les sables ne lui font courir que peu
de dangers; elle est bordée, au sud et à l’est, par le'chott
El-Djerid, à sol formé de sables agglutinés par le sel et
peu mobiles, et au nord-ouest, par des collines rocailleuses,
à surface peu friable. Le seul péril qu il y ait à craindre, et
à prévenir est l’envahissement des. sources par le sable
qui se détache des flancs de la colline d’où elles sortent.
L’oasis d’El-Hamma est située dans le bassin du chott
Rharsa, sur le versant nord de la chaîné de collines qui
forme l’axe de l’isthme Kriz, entre le chott Rharsa et le
chott El-Djerid. En raison de sa position, elle jouit d’une
température moins élevée que ses voisines et ne peut rap^
porter ni autant de fruits ni des fruits d’aussi bonne qualité
que les oasis de Tozeur, de Nefta et d’El-Oudian. On la
considère même comme étant dans des conditions plus
défavorables que celles du Nefzaoua dont nous avons parlé
plus haut. 1
L’oasis d’El-Hamma ne contient guère plus de 900 habitants,
distribués dans deux ou trois villages. Les dattiers
sont au nombre d’environ 32.000, sur lesquels on compte
moins de 600 « degla ». Elle ne produit guère que
1.700.000 kilogrammes de dattes. Il n’y exisfe pas plus
de 200 oliviers et un nombre restreint d’arbres fruitiers.
L’oasis d’El-Hamma est arrosée par une quinzaine de
sources, dont une chaude, qui lui a valu son nom. Quoique
ces sources soient en mauvais état et mal entretenues,
elles pourraient arroser une étendue double de celle de
* l’oasis actuelle, mais celle-ci est très négligée, peu cultivée,
entièrement abandonnée même sur éertains points,
très menacée par les sables auxquels les habitants n’opposent
aucune résistance, et probablement condamnée à
disparaître si l’on ne modifie pas les conditions qui ont
provoqué cet état de choses.
Il résulte de tout ce qui précède, que la région de la g
Tunisie la plus propre à la culture du dattier est celle du
Djerid ; le Nefzaoua vient ensuite, puis le nord de la chaîne
du Tebbaga et enfin la région de Crabes, qui est très inférieure,
de même que celles de Zarzis et de Djerba. La
médiocre qualité des dattes de Grabès, de Zarzis et de
Djerba fait de la culture du dattier dans cette région,
une opération agricole très secondaire et peu rémunératrice.
P en est autrement dans le Nefzaoua et surtout dans le
Djeyid, où l’extrême chqleur et l’absence de pluie rendent
très aléatoires toutes les autres productions du sol. Dans
ces régions, le dattier constitue la première source de
richesse des habitants. Si l’on part de ce fait, on est étonné
de voir qu'ils prennent si peu de soins de la plupart des
oasis, qu’elles sont graduellement envahies par le sable
et seraient condamnées à disparaître, peut-être dans un
temps assez court, sans l’intervention de l’administration
française.
L’indolence naturelle à la race indigène n’est pas la seule
cause qui puisse être signalée pour expliquer le peu d’efforts
faits par les habitants des oasis pour les protéger
contre l’envahissement des sables. Sans doute cette indolence
y est pour quelque chose, mais il s’y joint une autre
raison qu’il me paraît utile de signaler : l’élévation des
impôts qui frappent les dattiers et les dattes.