sien). Des avances en argent ont été faites et des métiers
nouveaux ont été cédés aux indigènes.
On s est préoccupé aussi d’enseigner la fabrication des
tapis aux filles indigènes des écoles primaires. « En raison
de la vogue croissante dont les produits jouissent en
Europe, dit le rapport pour 1910, cette industrie familiale
peut devenir une profession rémunératrice pour la femme
musulmane, que sa, claustration met dans l’impossibilité
de gagner sa vie au dehors. »
Le rapport pour 1912 dit encore : « Etudiant les moyens
de relèvement de l’industrie, autrefois florissante à Kai-
rouan, du tissage des étoffes de laine et notamment des
couvertures, nous cherchons à introduire dans pette ville
un nouveau type de métier adapté à ce tissage spécial...
Des apprentis kairouannais venus à Tunis pour s’exercer
à l’usage du nouveau métier, sont prêts à rentrer à Kai-
rouan où ils l’emploieront... Des démarches sont faites
auprès de l’administration des Habous pour qu’elle veuille
bien substituer dès maintenant le nouveau métier à l’ancien
dans les ateliers de tissage qu’elle loue elle-même,
outillage compris, aux artisans de Kairouan. On a créé
également à Kairouan un petit atelier de démonstration
pour le tissage, annexé au laboratoire de teinture. Les
leçons pratiques du moniteur de cet atelier doivent
s’adresser aux élèves de l’école franco-arabe, à des apprentis
et à des tisserands adultes- ».
Cette préoccupation fort sage a déterminé l’administration
de M. Alapetite à multiplier autant que possible les
écoles de filles musulmanes, en leur faisant donner fin
.enseignement pratique. Au -3l décembre 191/2 il existait
de ces écoles dans 8 centres et elles avaient 613 élèVes,
dont 78 à Tunis, 112 à Nebeul, 152 à Kairouan, 82 à
Sousse, 72 à Soliman, etc. A Nebeul l’enseignement de
la broderie et de la dentelle « a pris, dit le Rapport, le
caractère vraiment utilitaire d’une production industrielle
régulière, permanente et aux débouchés assurés ».
Afin de faire connaître les produits de ces industries, il
a été créé, dans un grand magasin de Tunis, un dépôt des
tapis de Kairouan et des autres localités citées plus haut ;
mais leur entrée en France est rendue difficile par un droit
de douane excessif (5,50 par mètre carré).
La poterie et la céramique tunisiennes ont été aussi
l’objet de mesures. ayant pour objet de les relever. « A
Nebeul, dit le Rapport pour 1910, centre de cette fabrication,
des élèves de l’école primaire ont été placés en apprentissage
dans les usines où l’on n’emploie que la main-d’oeuvre
indigène et où l’on remet en usage les procédés et les
dessins anciens. Aujourd’hui, les produits obtenus, notamment
les panneaux de faïence, peuvent rivaliser avec les
très belles productions du passé. »
On n’a pas essayé de restaurer l’art des arabesques. « Il
eût été chimérique, dit le Rapport pour 1910, de prétendre
ressusciter certains travaux d’art comme ceux des sculptures
sur plâtre (nakatp), très beaux en eux-mêmes, mais
que leur prix de revient trop élevé rend inabordables aux
budgets actuels, publics ou privés. Les merveilles de ce
genre qui existent en Tunisie dans les palais, les mosquées
ou les habitations, doivent être protégées et conservées
par les soins de l’Etat, toutes Íes fois que son intervention
est possible, comme des vestiges précieux du passé;
il ne peut être question d’en favoriser, la production à
l’avenir. »
Tandis que l’administration de M. Alapetite s’efforçait
d’organiser l’enseignement professionnel, soit dans les
Ecoles spéciales comme l’Ecole Emile-Loubet de Tunis,
soit dans les écoles primaires, elle donnait des soins à la
formation d’apprentis indigènes dans les divers métiers. Il
y eut des résistances à vaincre pour réaliser ces oeuvres,
en raison du dédain dans lequel les indigènes tiennent
les travaux manuels. Cependant, la nécessité de vivre a
commencé de leur faire comprendre les avantagés qu’ils
trouveraient dans la connaissance de professions devant
lesquelles les Européens ne reculent pas. Il a été possible,
depuis 1909, de former des apprentis à Tunis, à Béja, à
Bizerte, à Kairouan, à Nebeul, etc., pour les métiers de la
menuiserie, de la ferblanterie, de la serrurerie, des forge