tures d’oliviers et d’amandiers qu’y faisaient depuis fort
longtemps les indigènes et vers lesquelles se sont portés,
depuis une quinzaine d’années, un certain nombre de colons
français.
Parmi les principaux domaines créés par les Français,
nous devons citer ceux de M. Boucher, sénateur, ancien
ministre (10.000 hectares), géré par un de ses fils ; de
M. Cochery, ancien ministre, député du Loiret, mort
récemment (près de 3.000 hectares) ; le domaine de la
Fauconnerie, appartenant à M. Faucon, liquidateur judiciaire
à Paris, et géré parM. Charroin, cultivateur émé-
rite qui fait des expériences pour le compte delà Direction
de l’Agriculture : on y voit une autrucherie récemment
achetée par l’État tunisien ; celui de M. Mougeot, sénateur,
ancien ministre ; ceux de MM. Siry, Liby, Boizel, etc., etc.,
tous créés dans les Terres sialines, vendues par l’État à
10 francs l’hectare, à la condition d’être-plantées en oliviers.
M. Begnault, ancien résident du Maroc, ambassadeur
au Japon, M. Serres, Contrôleur civil à Tunis,- le
docteur Chrétien, de Nancy, e tc .,'etc ., ont également
planté des oliviers dans cette région devenue tout à fait
florissante.
La plupart des propriétaires européens ont adopté pour
leurs plantations le système des m’gharsis dont il a été
question plus haut, qui aboutit au partage des oliviers
par moitié entre le propriétaire et le travailleur lorsque
les arbres commencent à produire. D’autres ont préféré
garder à leur charge tous les frais de la plantation et de
l’entretien des olivettes, afin d’en avoir l’entière propriété.
Les uns et les autres ont éprouvé des difficultés dans
le recrutement des m’gharsis, d’autant plus grandes que
leurs propriétés étaient plus éloignées de Sfax. L’ancien
Directeur de l’Agriculture, M. Bourde, à qui.Ton doit le
développement de la culture des oliviers par les Européens,
dans les environs de Sfax, doit être félicité pour
cette oeuvre éminement utile à la colonisation française en
Tunisie.
Dans la région de Sousse la statistique signale 192 viticulteurs
dont 23 français, 160 italiens et 9 anglo-maltais
cultivant ensemble 967 hectares de vignes. Les 23 français
en ont ensemble 187 hectares ; les 160 italiens en
ont 786.
L’un des domaines les plus anciens de la Tunisie, celui
de Khroussia, se trouve près de Sousse, non loin du lac
Kelbia, dans une localité très riche en eau. On y avait
planté une cinquantaine d’hectares de vignes qui n’ont pas
réussi. On y fait des fourrages et Ton y appliquait pour
la culture des céréales un système sur lequel on avait
fondé de grandes espérances. Les propriétaires louaient
aux Arabes la majeure partie de leurs terres moyennant
une faible somme d’argent et l’obligation de cultiver, au
profit exclusif du propriétaire, une certaine étendue de
terres. Grâce à ce système le propriétaire n’avait que peu
d’avances de fonds à faire et l’Arabe était fixé au sol par
ses intérêts. Mais la sécheresse est trop grande dans cette
région pour que la culture des céréales soit avantageuse.
On se heurta pour la culture de la vigne, à une autre difficulté
: la trop grande richesse du sol en chlorure de
sodium, en sels magnésiens et en gypse. Partout où le sol
est salé la vigne refuse de vivre.
Dans la région de GabèsM. de Lesseps possédait un très
vaste domaine qui passa aux mains du commandant
Roudaire et qui est actuellement divisé en deux parties :
Tune appartenant à MM. Person et Maugery, l’autre à
l’Omnium immobilier, société tunisienne dont nous avons
déjà parlé. L’origine de ce domaine remonte au projet
de M. Roudaire, relatif à la création d’une mer intérieure
s’étendant sur tous les ehotts du sud de la Tunisie et de
l’Algérie, Un canal de près de deux cents kilomètres devait
relier les chotts au golfe de Gabès et permettre leur
envahissement par l’eau du golfe. Par décret du,22 novembre
1885 le Bey concédait à M. de Lesseps le droit de
creuser des puits artésiens dans toute la région des chotts
et s’engageait à lui vendre autour de chaque puits une
surface de terre de 100 hectares par chaque mètr.e cube
de débit à la minute, à un prix calculé d’après la valeur