qui s’étalent en éventail dans toutes les parties de l’oasis.
Malheureusement, les sables envahissent rapidement celle-
ci et son état actuel ne donne qu’une idée très insuffisante
de ce qu’elle était autrefois. Sa superficie a dû être double
ou triple de ce qu’ellp est aujourd’hui. Les sables apportés
par le vent s’accumulent autour d’elle, y forment des ■
dunes envahissantes qui comblent les canaux et peu à peu
détruisent les cultures. Les habitants ont fait de grands
efforts pour combattre cet ennemi ; ils élèvent des talus et
construisent avec des broussailles et du sable de véritables
fortifications ; mais ces travaux, ayant été exécutés sans
vues d’ensemble, ont été impuissants. Aujourd’hui, la
partie qui reste de l’ancienne oasis est déjà coupée en
deux, dans le nord, par une dune de sable qui s’enfonce
comme un coin entre les cultures, et les sources elles-
mêmes, sont fort menacées. Afin de les préserver contre
le danger qui les menace, on est en train de planter les
dunes.
L’oasis de Tozeur, située sur le bord du chott El-Djerid,
qui la limite immédiatement au sud et à l’est, est la plus
grande des oasis du Djerid et par conséquent de toute la
Tunisie; elle compte plus de palmiers que celle de Nefta,
mais le nombre de ses habitants est moindre, il ne dépasse
guère 6.000. On y compte officiellement près de 200.000 dattiers,
dont plus de 13.000 « degla » ou de première qualité;
mais le nombre de ces arbres doit être beaucoup plus considérable;
il est probablement double du chiffre officiel.
La quantité de dattes produites est évaluée, en moyenne,
à 8.000.000 de kilogrammes.
Dans cette oasis, les oliviers sont peu nombreux, environ
300 : il en est de même des autres arbres fruitiers, qui
sont, par ordre d’abondance, l’abricotier, le citronnier,
le grenadier, le pommier, le pêcher, l’amandier et le jujubier.
Les sources qui arrosent l’oasis sont au nombre de 155 ;
elles prennent naissance dans les anfractuosités d’un ravin
très ramifié, couvert de palmiers et situé à l’ouest de
Tozeur, à une certaine distance de la ville. La gorge principale
du ravin a un kilomètre et demi de longueur. De
ces sources résulte une petite rivière, dont les eaux, habilement
distribuées, vont arroser toutes les parties de l’oasis
et se répandent ensuite en dehors, dans le chott El-Djerid.
Comme l’oasis de Nefta, mais à un moindre degré, celle
de Tozeur est menacée par les sables, particulièrement
au nord et à l’ouest, où elle est dominée par le plateau
sablonneux d’où sortent les sources. Des dupes importantes
se sont formées sur ces points et le sable empiète
graduellement sur les cultures. A Test et au sud, l’oasis
ne court aucun danger, le sol du chott qui la borne étant
solidifié par la couche de sel incorporé au sable. L’enva-
hissement des sables à l’ouest et au nord est favorisé par
le fait que les habitants arrachent pour chauffer leurs fours
les arbustes du plateau qui domine les sources ; le sable
de la surface ainsi dénudée devient très mobile, puis est
enlevé par le vent, qui, ne rencontrant plus d’obstacle, le
transporte jusque dans l’intérieur de l’oasis. Malgré cela,
l’oasis de Tozeur a beaucoup moins à redouter l’envahissement
que celle de Nefta et il sera plus facile de la protéger
contre ce redoutable destructeur des cultures du
désert.
L’oasis d’El-Oudian, qui vient au troisième rang, par
ordre de richesse, est cependant la plus étendue de toutes
celles du Djerid. Elle a 8 kilomètres environ de longueur
et 1 à 3 kilomètres de largeur; mais sa population
dépasse à peine le chiffre de 4.000 individus, et le nombre
officiel de ses palmiers, nombre, il est vrai, très inférieur à
la réalité, n’est que de 118.000, dont 8.000 « degla ». La
quantité des dattes produites est évaluée à 5.000.000 et
demi de kilogrammes.. El-Oudian compte plus de 25.000 oliviers
payant l’impôt, ce qui doit faire supposer l’existence
d’un nombre bien supérieur de ces arbres. Les orangers
et les citronniers y sont très abondants et donnent des
fruits d’excellente qualité ; il y existe aussi beaucoup
d’abricotiers, de pommiers, de pêchers, de grenadiers, de
figuiers, d’amandiers, etc. Le petit nombre relatif des dattiers
et le grand nombre des oliviers s’expliquent aisément
J.-L. De L a heseau. — La Tunisie. o