de Bas Kapoudia à la Squira, à Djerba, aux environs de
Zarzis et dans la mer de Bou-Grara; il en existe aussi
quelques-unes dans le golfe de Mo'nastir1. »
Au point de vue de leurs rapports avec l'industrie de la
pêche, les poissons les plus intéressants de la Tunisie sont
rationnellement classés par M. de Fages en trois catégories
:
1° Les espèces sédentaires. Elles fréquentent d'une
manière permanente certains parages où les pêcheurs ont
des chances de les trouver. Citons parmi elles : la. barbue,
le congre, la limande, la loubine, le bar ou loup, le
merlan, les diverses variétés du mulet, la raie, le rouget,
la rascasse, la sole, le turbot, le grondin, la vieille, la
vive, etc.; on les trouve en tout temps, un peu partout, le
long des côtes.
2° Les espèces aventurières. A certaines époques de
l'année, variable pour chaque espèce, elles s’approchent
des côtes ou entrent dans les lacs qui communiquent avec
la mer, y séjournent pendant un certain temps* puis s'en
éloignent. Gitons parmi elles : l'aiguille qui passe de mai
à septembre, abondante en juin et juillet ; l’anguille*
d’octobre à février, abondante en décembre et janvier ; la
daurade, de septembre à janvier, abondante en décembre
et janvier; la maigre, de juillet à novembre. Ces poissons
sont péchés surtout dans les lacs.
3° Les espèces migratrices. Citons : l'anchois, de passage
sur les côtes de la Tunisie en juin, juillet et août |
la bonite, absente pendant l'hiver, abondante surtout en
juin et juillet; le maquereau, absent aussi pendant l'hiver,
abondant surtout de juin à août ; la sardine, de passage
entre avril et août, abondante surtout en juin et
juillet; l’allache ou alose feinte, de passage en avril, mai
et juin, abondante surtout en juin ; le thon, de passage en
mai et juin. Parmi ces espèces, la sardine et l'anchois d'une
part, le thon de l’autre, méritent une mention spéciale.
La sardine a été pêchée de tout temps par les Siciliens
et les Italiens sur les côtes nord de la Tunisie, spécialement
dans la région de Tabarka. En 1888, à la suite de la
rupture des traités de commerce entre la France et l'Italie,
Tabarka vit se réunir aans ses eaux les pêcheurs siciliens
qui fréquentaient auparavant les côtes voisines de l'Algérie,
notamment* le petit port de la Calle, parce qu’en
Tunisie la pêche était libre. De 1888 à 1897, la pêche de
la sardine et de l’anchois fut très prospéré à Tabarka. « Elle
atteignit son apogée en 1895, avec 225 barques jaugeant
1.421 tonnes, montées par 1.340 pêcheurs. A partir de
1897, le nombre des barques diminua graduellement, et
tomba, en 1904, à 27, jaugeant 99 tonnes et montées par
180 hommes. En 1906, cette pêche a été exercée par
60 barques, jaugeant 210 tonnes, montées par 455 pécheurs1.
» Il ne paraît pas y avoir eu de changement notable
dans cette situation depuis 1906. Elle paraît due à la trop
faible rémunération du travail des pêcheurs, M. de Fages
dit à cet égard : « D’après les statistiques exactes suivies
depuis 1894, chaque barque pêche, en moyenne, dans une
campagne de cinq mois, 3.100 kilogrammes de sardines et
1.050 kilogrammes d’anchois. Au prix moyen de 26 francs
les 100 kilogrammes pour les sardines et de 70 francs les
100 kilogrammes pour les anchois, une barque de pêche
gagnerait 1.549 francs dans une campagne, ce qui représente
par mois un gain de 46 fr. 50 pour le patron et de
31 francs par homme d’équipage ; salaires bien minimes si
l’on tient comp,te de la dure existence de ces hommes qui
restent parfois campés pendant plusieurs mois dans des
criques désertes, loin de leur famille et de toute civilisation
». Ces conditions expliquent pourquoi ont échoué
toutes les tentatives qui furent faites par le protectorat
pour attirer en Tunisie des pêcheurs métropolitains, Après
avoir rappelé ces échecs, M. de Fages ajoute : « En se
plaçant au point de vue strict de la pêche, la Tunisie ne
peut actuellement accueillir des pêcheurs métropolitains,
soit du Nord, soit du Midi, avec quelque chance de suc