chemin de fer de Tunis à Alger. Au congrès de Berlin de
1878, le représentant de l’Angleterre déclara que la
Grande-Bretagne ne s opposerait pas « au développement
de l’influence française dans la Régence ». Mais, en 1880,
1 Italie obtint pour un de ses nationaux la concession du
chemin de fer de Tunis à la Marsa-Goulette et rinfluence
italienne lutta énergiquement contre celle de la France
auprès du bey.
A cette époque, l’état économique et politique de la
Régence est lamentable. Les tribus du sud et du centre
s agitent ; les Kroumirs font des incursions répétées en
Algérie. Il devient nécessaire , de rétablir l’ordre, pour
garantir les intérêts matériels et moraux de la France. Le
31 mars 1881, nous débarquons des troupes. Le 4 avril,'
Jules Ferry obtient carte blanche de la Chambre. Le H mai
nos troupes sont campées à la Manouba, près de Tunis.
Le 12 mai le bey Mohamed Es-Sadok signe le traité du
Bardo qui donne à la France le protectorat de la Tunisie
en assurant au gouvernement tunisien le maintien.de ses
pouvoirs sous le contrôle de la France. A peine est-il besoin
de rappeler qu avant la fin de cette même année 1881,
1 ordre était rétabli sur tout le territoire de la Tunisie,
tandis que le protectorat était organisé par M. Paul
Cambon sur des bases aussi rationnelles qu’économiques
et auxquelles il n’a guère été touché.
Les pouvoirs du bey ont été conservés ; tous les décrets
sont pris en son nom et portent sa signature; mais ils
sont arrêtés par un Conseil que préside le résident général
de France, ministre des Affaires étrangères de la
Régence et ou figurent le général commandant du corps
d occupation en. tant que ministre de la Guerre dé la
Régence. Deux ministres indigènes remplissent à peu près
les fonctions de ministres de l’Intérieur, assistés par deux
secrétaires généraux du gouvernement tunisien français, et
les directeurs français des finances, des travaux publics,
de l’agriculture (du commerce et de la colonisation); des
postes et télégraphes, de l’enseignement. - ;
En tant que représentant de la France, le résident
. général a sous son autorité les forces de" terre et dé mer et
tous les services administratifs, judiciaires, financiers, etc.
Auprès de lui siège un Corps représentatif des Européens
et des indigènes, la Conférence: consultative, formé d’un
groupe indigène et d’un groupe européen. Ce Conseil est
consulté sur toutes les questions intéressant la colonie,
notamment sur le budget, les impôts, les travaux
publics, etc., mais ilne jouit pas de pouvoirs propres. Des
Chambres d’agriculture et de commerce sont également
consultées sur les questions qui intéressent l'agriculture
ou le commerce.
L’administration du pays est assurée à la base par les
fonctionnaires et agents indigènes qui existaient avant
1 occupation française (caïds ou gouverneurs des provinces
assistés ou suppléés par des khalifats et cheiks
ou chefs des douars) sous la surveillance et la direction
de fonctionnaires français, les contrôleurs civils, qui
î représentent directement le résident général et remplissent,
en outre, les fonctions de vicë-consuls de France
vis-à-vis des étrangers. Indépendamment de ces fonctionnaires,
dont le premier devoir est d’assurer le maintien de
l’ordre public, il ëxiste un service spécial de police représenté
par la gendarmerie et par une direction de Jâ sûreté
publique (avec commissaires de police, agents, etc.) placée"
sous les ordres des secrétaires,généraux du gouvernement.
§ II. — La justice
La justice indigène fonctionne, en principe, comme par
le passé, c’es t-à-dire qu’elle est rendue, en bas dé l’échelle,
par les cheiks et les caïds et par des tribunaux régionaux,
dont le tribunal de la Driba à Tunis, avec faculté d’appel
au tribunal laïque criminel et correctionnel de l’Ouzara
ou au tribunal religieux du Chaara qui est spécialement
chargé des affaires immobilières et de quelques affaires
civiles.
La justice européenne était exercée, avant le Protectorat,
par les consuls dé chaqùe nationalité; elle est aujourd’hui