déterminer une' diminution dé la rusticité. Or, cette qualité
est absolument indispensable dans un pays où les fourrages
et les pâturages sont rares, et où la température est
souvent excessive.
« En choisissant comme sujets des étalons et des juments
arabes d’une taille élevée, comme on en produit aujourd’hui
en Algérie pour notre cavalerie ; en mettant ces étalons
à la disposition des Arabes, qui ne manqueraient certainement
pas de leur amener des juments, on ne tarderait
pas à élever la taille moyenne des chevaux tunisiens. Ils
pourraient alors être achetés pour les services qui demandent
de la force et pour la cavalerie. Comme, ils augmenteraient
de valeur, les indigènes seraient intéressés a soigner
davantage les produits de leurs écuries et ils y mettraient
sans aucun doute quelque amour-propre.
« Ce que je viens de dire du perfectionnement des chevaux
peut s’appliquer aux bêtes à cornes. C’est bien plus
à la sélection et au régime alimentaire qu’au croisement
qu il faut demander 1 amélioration de la race bovirie de la
Tunisie. J ’ai vu, il est frai, à Sidi-Tabet, de très jolies
bêtes obtenues par le croisement de la racé charolaise avec
la race-tunisienne. Mais ces produits exigent des soins
très grands, qu’il serait difficile aux indigènes de leur
donner. Il est même permis de se demander si à la deuxième
ou troisième génération les métis ne perdraient pas, sous
l’influence du climat, une partie des qualités qu’ils ont à
la première.
« Tel est, à mon avis, le principe sur lequel devrait
être organisé le haras de Sidi-Tabet pour rendre à la
Tunisie des services réels et pour rapporter à ses propriétaires
des bénéfices dénaturé à encourager leur entreprise.
Cela n’empêcherait pas de faire des expériences de croisements
entre les races africaines et celles de l’Europe.
« Parmi les clauses imposées à la Société, il en est une
particulièrement défavorable à l’entreprise de Sidi-Tabët
et contraire aux intérêts de la Régence, c’est celle qui
interdit aux propriétaires du haras de faire des mülets.
En effet, le mulet et la mule sont rares en Tunisie ; ils y
sont très estimés et atteignent des prix élevés. Or, on fait
peu de mules dans la Régence. Presque toutes celles qu’on
y trouve viennent de la Sicile. Est-ce pour protéger le commerce
italien qu’une influence hostile à la France a fait
inscrire dans le cahier des charges de Sidi-Tabet l’interdiction
de faire des mulets ? Je l’ignore, mais tout permet de
le supposer. Quoi qu’il en soit, la situation prépondérante
que la France occupe aujourd’hui en Tunisie nous impose
le devoir de faire tomber toutes les barrières qui ont été
autrefois dressées contre notre oeuvre de colonisation. »
Les desiderata que j’exprimais en 1887, dans la page
ci-dessus, ont été réalisés, car je lis dans la brochure de
M. Loth sur l’Enfîda et Sidi-Tabet (publiée en 1910,
p. 184) : « Le haras, agrandi à plusieurs reprises, possède
un effectif permanent de quarante juments poulinières,
dont trente sont de pur- sang arabe. Ces bêtes sont le produit
d’une sélection minutieuse, et il est difficile de rencontrer
une jumenterie présentant un pareil ensemble
d’animaux. Trois étalons de pur sang arabe sont également
attachés au haras où fonctionne une station de monte,
chaque année, de janvier à fin avril. Il y a, en outre, trois
élèves étalons. Parle croisement d’un baudet appartenant
à l’une des meilleures races d’Europe avec des juments
barbes bien choisies, on obtient des mulets très recherchés
dans toute la Tunisie.
« L’élevage des bovins est pratiqué avec la même
méthode scientifique. M. Duprez (le régisseur de Sidi-
Tabet) se préoccupe surtout de sélectionner les races du
pays... La bouverie compte plus de trôis cents bêtes à
cornes.
« En dehors du contrat passé avec le gouvernement, une
intéressante tentative est' poursuivie depuis huit ans à
l’aide du zébu. Le croisement de cet animal avec des
vaches de race tunisienne ou de race italienne a donné
d’excellents produits. Les défectuosités de la vache tunisienne
ont été corrigées, et l’on remarque dans les croisés
zébus des formes plus développées, une force et une agilité
plus grandes. Ces animaux, sobres et endurants à la