variétés exclusivement locales (baldi, meski, assli, etc.).
Les cinq dixièmes de la production sont> consommés à
Fétat frais ; le reste est, soit séché, soit vinifié en vue de
la fabrication du vinaigre. Les localités dans lesquelles
les indigènes cultivent particulièrement la vigne sont : l'île
de Djerba, l’oasis de Gabès, le cap Bon et les environs
de Porto-Farina1.
§ Y. —*■ L a c u l t u r e d u ta ba c
A côté des cultures dont nous venons de parler, nous
devons dire quelques mots de celle du tabac, qui s’en rapproche
par la nature des soins qu’elle exige, mais qui doit
être envisagée séparément parce qu’elle est, soumise à des
conditions tout à fait spéciales.
En Tunisie, au moment de l’occupation française, le
tabac était, ainsi qu’une .foule d’autres produits, l’objet
d’un monopole mis en adjudication et abandonné à des fermiers
qui, en échange, s’engagaient à verser au Trésor
une sommé déterminée.
En principe, le fermier ne devait employer dans sa
fabrication que des tabacs fournis par la Tunisie; mais, en
fait, il tendait de plus en plus à s’approvisionner au dehors
et à décourager les producteurs indigènes. Le motif de
cette conduite est aisé à découvrir. Le fermier étant obligé
de surveiller à ses frais la culture du tabac, ne pouvait
le faire qu’à l’aide d’un personnel dont le traitement venait
en diminution de ses recettes. Il avait donc tout intérêt à
la faire disparaître, car il supprimait à la fois ses frais de
surveillance et toute crainte de contrébande intérieure. Il
est vrai que, d’après le cahier des charges, le fermier était
« tenu de recevoir tous les tabacs indigènes, quelle qu’en
fût la quantité, provenant des plantations qui auront été
autorisées dans les provinces et localités où cette culture
est permise ». Mais, pour détourner les indigènes de la
culture du tabac, les fermiers avaient à leur disposition
1. Voy. La vigne en Tunisie, p. 11.
bien des moyens qu’il est assez aisé de deviner, tels que le
classement des tabacs dans une catégorie inférieure à
celle qui leur revenait réellement, l’évaluation exagérée de
la quantité cultivée, permettant de toujours prendre le
producteur en faute, de lui infliger des amendes, etc.
L’administration tunisienne favorisait, du reste, très ou- _
vertement les fermiers dans leurs efforts pour provoquer la
disparition de la culture indigène. Le cahier des chargqs
autorisait le fermier à faire venir de l’étranger des tabacs en
feuilles et fabriqués, et il le dispensait des droits de douane
que ces tabacs auraient à payer s’ils étaient introduits par
des particuliers. La seule condition mise à cette autorisation
était que le produit de la récolte indigène fût inférieur
aux besoins de la consommation, ce que le fermier se
chargeait aisément d’obtenir par les moyens indiqués plus
haut ou par d’autres de même nature. Non content d’autoriser
le fermier à recevoir des tabacs étrangers, le cahier
des charges lui imposait l’obligation de mettre en vente
certaines variétés de ces tabacs, tels que le scaferlati, le
chebli, les cigarettes algériennes, les cigarettes de Virginie,
etc., et les cigares de Malte, de Virginie, etc.
Pour aider encore à la suppression de la culture indigène
du tabac, l’administration limitait chaque jour davantage
les autorisations nécessaires et le nombre des localités
dans lesquelles ces autorisations pouvaient être accordées.
Dans ces conditions, la culture du tabac ne pouvait que
diminuer et même disparaître. L’administration française
des tabacs ne fut pas étrangère à ce fait. Il y a plus de
vingt-cinq ans déjà, l’ingénieur en chef, inspecteur, M. Ca-
ron, exposait dans un rapport officiel tous les arguments
favorables à la suppression de la culture des tabacs en
Tunisie. Après avoir conseillé le remplacement de la ferme
par une régie d’Etat, il ajoutait : » Quant à la culture du
tabac, il n’y aurait pas autre chose à faire que de prononcer
son interdiction ; elle n’a qu’une minime importance; ses
produits sont de mauvaise qualité et payés d’un prix excessif;
ils n’entrent que pour une part insignifiante dans le
total de la production agricole. Le sol du nord de la Tunisie ..