dustrie locale. En faveur de la nécessité du relèvement
de celle-ci, il importe de noter la persistance du goût des
riches tunisiens pour les faïences émaillées. Tous les
appartements des riches maisons tunisiennes sont carrelés
et souvent tapissés à Taide de ces faïences, fournies actuellement
par l’Italie.
Quant aux ouvriers capables de creuser dans le plâtre
les magnifiques arabesques dont sont ornés la plupart des
vieux plafonds des palais tunisiens il n’en existe plus qu’un
petit nombre. Je crois savoir que l’administration actuelle
du Protectorat se préoccupe de relever cette fort intéressante
industrie. '
En résumé, les industries indigènes de la Tunisie, après
avoir joui d’une assez grande prospérité, sont tombées en
décadence. « Il serait aisé, disais-je dans la première
édition de çe livre, de les relever. » Des tentatives ont
été faites, depuis quelques années, pour restaurer un
certain nombre d’entre elles. En même temps que M. Ala-
petite se préoccupait de l’enseignement agricole des indigènes,
il s’attachait à créer, dès l’école primaire, des
ouvriers pour les diverses industries. Des résultats notables
ont été déjà obtenus pour la pêche, le tissage, les tapis, la
broderie sur étoffes.et cuirs, les faïences, etc.
On lit à ce sujet dans le Rapport sur l’année 1910 les ’
renseignements que voici : « L’école de péché et de navigation
dirigée à Sfax par M. Gapriata fonctionne comme
établissement de second degré. La direction de l’Enseignement
étudie, de concert avec celle des Travaux
publics, le programme d’un enseignement spécial qui y
serait donné en vue de former des instituteurs, pour les
écoles du littoral. Les connaissances acquises trouveraient
leurs sanctions dans un diplôme spécial, délivré
en fin d’études.
« L’enseignement du tissage, industrie qui occupe beaucoup
d’ouvriers en Tunisie, mais qui est pratiquée au
moyen de procédés tout à fait défectueux, a été développé,
à Tunis-, à l’Ecole Emile-Loubet, et organisé à Ksar-
Hellal (Saheï). À Tunis, à l’atelier de tissage de l’Ecole
professionnelle, les résultats attendus de la présence des
élèves adultes se sont déjà produits. »
L’atelier de tissage de l’Ecole Emile-Loubet a été ouvert
le r r octobre 1909. Il a des cours de jour qui, en 1910,
furent suivis par une dizaine d’élèves indigènes, et des
cours du soir fréquentés, la même année, par une soixantaine
d’élèves. Le rapport de 1910 dit à ce sujet : « Les
résultats espérés lors de l’installation de l’atelier commencent
à se manifester. Par les soins de l’Ecole, des métiers
à bras lyonnais ont été achetés et revendus aux indigènes
qui en désiraient, dans des conditions très avantageuses
et avec facilités de paiement... Quelques indigènes ont
modifié leurs anciens métiers d’après ceux qu’ils avaient
vu fonctionner à l’école ».
A Ksar-Hellal, centre d’iin pays où le tissage du coton
est beaucoup pratiqué, il a été adjoint à l’école un atelier
où furent installés, en 1910, un métier de Lyon pour les
étoffes de soie et un métier d’Orléans pour les cotonnades.
A la tête de l’atelier se trouve un moniteur indigène,
ancien élève de l’Ecole Emile-Loubet ; il enseigne le tissage,
théoriquement et pratiquement, aux élèves de l’école
et aux adultes de la localité, qui viennent suivre ses
leçons. Les tisserands de la région ont commencé d’appliquer
sur leurs vieux métiers les procédés modernes enseignés
à l’école et quelques-uns ont acheté des métiers
français.
L’industrie des tapis a été l’objet de mesures analogues
à celles dont il est question ci-dessus. Le rapport pour 1910
dit à propos des tapis de Kairouan : « De nombreuses
maquettes en couleur, reproduisant des dessins de tapis
anciens, ont été mises à la disposition des ouvrières. Des
métiers nouveaux, de modèles divers, leur ont été cédés.
Un appui efficace a été prêté à la Manufacture de tapis,
société essentiellement indigène, pour l’installation d’une
teinturerie moderne ».
La commission de relèvement des arts indigènes s’est
également préoccupée des tapis d’El-Oudref (oasis voisiné
de Gabès) et des tribus. nomades des Zlass (centre tuni