et à entretenir d’un bout de l’année à l’autre, car il pleut
rarement à Zarzis, et la quantité d’eau que fournit un puits
suffit à peine à l’arrosage d’un ou deux hectares. Les
dattes de Zarzis et de Djerba, étant de qualité inférieure,
sont incapables de rémunérer un pareil travail. Il n’est
donc pas étonnant que lêut culture soit peu à peu délaissée.
Dans les conditions d’arrosage dont nous venons de
parler, Zarzis et Djerba ne peuvent faire que des cultures
de jardins ou la culture de plantes, pouvant se passer de
pluie, dans une certaine mesure, comme l’olivier et lh
vigne.
Les oasis dont il me reste à parler se présentent dans
de tout autres conditions et seules méritent véritablement
d’attirer l’attention des Européens qui voudraient se livrer
aune culture productive des dattiers.
Arrêtons-nous d’abord dans les oasis du Nefzaoua qui
sont les plus rapprochées des précédentes. On donne le
nom de NefzaouaAune région du sud delà Tunisie, bornée
au nord par la petite chaîne de montagnes de Tebbaga.
Celle-ci est dirigée, à peu près, de l’est à l’ouest; elle est
située au sud du chott El-Fedjejd qu’elle sépare de l’extrémité
orientale du chott El-Djerid; elle s’avance de l’est à
l’ouest entre ces deux grandes dépressions, sous la forme
d’une sorte de promontoire. La chaîne du Tebbaga est
formée de deux chaînons à peu près parallèles, séparés
par une vallée, très étroite à l’est, mais s’élargissant de
plus en plus à mesure qu’on s’avance vers l’ouest. Les
deux chaînons sont formés par des soulèvements de calcaires
crétacés ; le fond de la vallée qui les sépare est constitué
par des alluvions que l’on trouve également dans le
fond des ehotts et sur les flancs de la chaîne de montagnes.
C’est sur ces alluvions que se dressent les oasis du
Nefzaoua.
Les plus importantes sont situées sur le flanc méridional
de la chaîne de Tebbaga, sur une bande de terrain large
seulement de quelques kilomètres, entre Kebili à l’est et
Debabcha à l’ouest. On peut donner à cette portion du
Nefzaoua le nom de Nefzaoua septentrional. Au sud de
Kebili, dans la partie du Nefzaoua que l’on peut dénommer
Nefzaoua méridional et qui est formée par un terrain tout
à fait plat, sur la rive orientale du chott El-Djerid, les
oasis sont beaucoup plus petites et les agglomérations
humaines moins importantes. Le régime des eaux est également
différent dans les deux parties du Nefzaoua,
Les oasis du Nefzaoua méridional sont au nombre de
trois cents, mais chacune d’elles n’a pas plus de quelques
hectares de superficie et se compose d’une ou parfois plusieurs
sources entourées d’un petit nombre de palmiers,
souvent sans aucune agglomération de maisons, chaque
village contenant d’habitude des familles qui cultivent
plusieurs oasis. Toutes les sources y sont superficielles.
Le terrain est sablonneux et les oasis sont entourées de
dunes de sable dont les vents modifient sans cesse la surface
en les chassant contre les plantations qu’elles tendent
à envahir et à détruire en comblant les sources. Le mal
est surtout causé par le sable que les ve(nts enlèvent de la
crête des dunes et qu’ils abandonnent au pied de l’obstacle
formé par les palmiers.
Le sol des oasis a été ainsi graduellement exhaussé au
point que chacune semble reposer sur un petit monticule
de sable, plus haut que la plaine voisine et dont le point
culminant est occupé par la source fécondatrice. Pour
éviter l’ensablement de-cette dernière, les indigènes ont
soin d’exhausser ses bords à mesure que le sol s’élève par
les dépôts de sable. Suivant què les vents ont une direction
constante ou variable, les oasis sont envahies soit
sur tous les points à la fois, comme dans le cas précédent,
soit sur un ou plusieurs côtés; dans ce dernier
cas des dunes de huit à dix mètres de haut se dressent dans
un point de la circonférence correspondant à la direction
des vents les plus habituels. Afin d’éviter l’envahissement
par ces dunes, les habitants ont soin d’élever leurs maisons
entre elles et l’oasis, mais cette précaution est habituellement
insuffisante à cause de la violence des venfs qui
transportent le sable à de grandes distances et à une
hauteur suffisante pour défier l’obstacle offert par les