ment le prix de l’alfa qu’elle achetait. Enfin,.établie à la
Skhira, près de Sfax, la Compagnie exigeait que tout
l’alfa fût apporté dans ce petit port, au détriment de Sfax.
« Une aussi profonde modification des conditions antérieures
de l’exploitation et du commerce de l’alfa, disais-je
dans la première édition de ce livre, ne pouvait manquer
d’apporter des perturbations considérables à la fois sur le
marché de Sfax et dans la vie des tribus qui se livraient
à cette industrie. Les commerçants de Sfax ne cessent de
faire entendre les plaintes les plus amères et les mieux
justifiées sur le mauvais état de leurs affaires. Quant aux
indigènes, d’après les renseignements que j’ai reçus, ils
ont déjà abandonné le pays et sont allés s’établir dans la
Tripolitaine. J’ai pu voir sur le maiché de Tripoli un
grand nombre de chameaux chargés d’alfa et conduits par
des indigènes qui m’étaient désignés par des personnes
compétentes comme ayant abandonné la Tunisie. Leur
alfa venait-il de leur ancienne patrie? l’avaient-ils récolté
dans les déserts qui entourent Tripoli? Il serait bien difficile
de répondre à cette question, mais ce qui ne fait
aucun doute pour les hommes les plus autorisés, c’est
que, depuis quelque temps, le marché aux alfas de Tripoli
augmente d’importance, tandis que celui de Sfax est
en grande partie ruiné. » J ’insistais pour que l’on trouvât
un moyen légal de supprimer la concession Duples-
sis.
Une entière satisfaction ne tarda pas à être donnée à ce
voeu. Un décret beyliçal du 31 juillet 1887 résilia, la concession,
en s’appuyant sur ce que le concessionnaire
n’avait pas exporté le minimum de 10.000 tonnes prévu
par son contrat. Une circulaire du premier ministre, en
date du 11 août 1887, rétablit le principe de la liberté de
l’arrachage et du trafic dans la Régence. Depuis lors, ce
principe a été constamment respecté, malgré de très
nombreuses demandes de concessions de terrains alfa-
tiers.
Les principaux chantiers d’alfa sont situés le long de
la voie ferrée de Gafsa à Sfax (Sened, Maknassy) et
d’Henchir Souatir à Kairouan (Kairouan, Sbeïtla, Hadjeb-
el-Aïoun) et l’exportation se fait par les ports de Sousse,
Sfax, la Skhirra et Gabès.
La presque totalité de l’alfa exporté va en Angleterre
où l’on fabrique beaucoup de papier avec cette matière.
En 1913, il a été'exporté en totalité 493.195 quintaux
d’alfa, dont 439.949 quintaux à destination de l’Angleterre
et 47.164 à destination de la France.
§ VIII. — L ’é l e v a g e d u b é t a i l ( B o e u f s , m o u t o n s ,
CHÈVRES, CHEVAUX)
L’élevage des boeufs, des moutons, des chèvres, des
porcs occupe en Tunisie, malgré la rareté des pâturages,
une place considérable dans les préoccupations des indigènes.
Les chameaux, les chevaux, les ânes et les mulets,
existent aussi en assez grand nombre, mais sans avoir la
même importance que les précédents.
D’après la statistique officielle de 1912, il y avait dans
toute la Tunisie, y compris les établissements agricoles
européens, au 31 décembre 1911, les nombres suivants
d’animaux domestiques :
Chevaux . . : ........................... 39.941
Anes ................................ 86.951
Mulets .................... 13.239
B o v in s .................... 191.450
Caprins. . ............................................... . 468.828
■ Ovins. ............................. 686.730
P o r c i n s . ......................................................... 17.893
Chameaux. ........................ 110.707
Les boeufs appartiennent à la même race que ceux de
l’Algérie : ils sont de petite taille, mais très bien faits, avec
le mufle et le dessus du cou noirâtres, les cornes peu
développées et élégamment recourbées sur la tête. Les
vaches donnent peu de lait. Les boeufs s’engraissent difficilement.
C’est surtout dans le nord et le centre de la
Régence que les boeufs abondent. Dans les régionsde Béja,
du Kef et du cap Bon, il en existe une race jouissant, de