valeur; il y fallait ajouter le droit d’exportation représentant
13 p. 100 de la valeur et les droits d’entrée à Marseille
qui s élevaient à 5 p. 100. C’était donc un total de
46 p. 100 de leur valeur que les huiles fabriquées dans la
région de Tunis, de Bizerte, du cap Bon, etc., avaient
payé quand elles étaient entrées en France. Si elles étaient
consommées dans la Régence, elles payaient encore, avant
d entrer dans le commerce, 28 p. 100 dé leur valeur. Il
fallait ajouter à ces charges fiscales, les entraves de
diverses sortes mises à la culture des oliviers par les
règlements beylicaux et les impôts dont les oliviers eux-
mêmes étaient frappés pour se rendre un compte exact
des difficultés que rencontrait le développement du commerce
de la Tunisie en ce qui concerne ce produit. 1
Or, il en était de même pour tous ceux de Tagriculture
tunisienne. Il n’y en avait pas un seul qui ne fût frappé I
de droits de douane à l’exportation, ces droits étant toujours
d autant plus élevés que le produit avait plus de
chances d être exporté. Ainsi, les chevaux payaient à la
sortie de la Régence plus de 100 piastres par tête, les chameaux
plus de 30 piastres, les boeufs et les veaux ainsi!
que les mulets plus de 25 piastres, les ânes plus de
10 piastres 1 ; or, la Tunisie peut produire ces animaux
sans trop de difficultés en quantité suffisante pour en
exporter, et certains pays peuvent les désirer. Les dattes,
qui sont 1 un des produits delà Régence que la France et
d autres pays peuvent rechercher étaient frappés de droits
d autant plus élevés que leurs qualités étaient plus appréciées
en dehors de la Régence. Les éponges, les poissons,
les peaux, etc., étaient frappés à la sortie de droits élevés.
Ces faits sont très significatifs de l’inaptitude à gouverner
et administrer dont était frappé le gouverriement
beylical. Ayant besoin, comme tous les gouvernements du
reste, de recettes, il cherchait à les obtenir en frappant les
produits du pays de droits intérieurs ou de taxés douanières
à la sortie d’autant plus élevés qu’ils étaient plus
1. La piastre vaut environ 0f,62o.
recherchés par la consommation soit au dedans soit à
l’extérieur, et il établissait les impôts ou les taxes de
douanes sans se demander si leur élévation ne déterminerait
pas une diminution de la consommation, laquelle,
aurait pour conséquence inévitable .une réduction proportionnelle
de la production. Or, ce dernier fait ne manquant
jamais de se produire, les recettes sur lesquelles le
gouvernement avait compté lui faisaient défaut, en même
temps que le pays s’appauvrissait.
§ III. — Le COMMERCE ET LES IMPOTS
Parmi les impôts les plus nuisibles au développement
du commerce de la Régence avant notre occupation, il faut
citer : l’achour sur les céréales, le kanoun sur les oliviers
et les dâttiers, la dîme sur les produits des oliviers et les
mahsoulats.
L’achour sur les céréales était une véritahle dîme payée
par le blé et l’orge. Il était payé en nature. Primitivement,
après la récolte, on passait chez l’agriculteur et on prélevait
une gerbe sur dix ; plus tard, on perçut la dîme
sous la forme de grains à raison de cinq ouibas1 de blé ou
d’orge par méchia2. Le blé et l’orge de l’impôt étaient
conservés dans des silos et vendus par les soins du gouvernement.
Les tribus isolées payaient ordinairement
l’achour en argent, à raison de 50 piastres par méchia. Le
contribuable payait en outre : 5 piastres pour le collecteur,
12 karoubes 3 pour les remises à divers receveurs, 2 ka-
roubes pour la quittance, u n , demi-karoube pour le
timbre delà quittance. L’achour sur les céréales était l’un
des impôts les plus impopulaires de la Tunisie, parce qu’il
était l’un de ceux qui se prêtaient le plus aux abus. Chaque
année des commissions spéciales étaient chargées de
déterminer dans quelle mesure chaque propriétaire pou-
1. La oÿba vaut'environ .40 litres.
2. La méchia représente environ 10 à 12 hectares.
3. Le karohbe vaut 0f,04.