des femmes, etc., qui les accompagnent toujours, détermine
l’importation d’une quantité considérable de produits
de la métropole jusqu’alors ignorés ou peu connus des
populations ; celles-ci se trouvant enrichies par la vente
de leurs propres produits achètent ceux de la métropole,
d’abord par simple curiosité, puis parce qu’elles prennent
goût aces objets nouveaux toujours supérieurs aux objets
similaires du pays, ou moins coûteux. Importations et
exportations s’accroissent ainsi simultanément et parallèlement
pour des raisons fort simples et qui découlent de
la nature même de l’esprit humain.
Les statistiques du commerce tunisien confirment l’exactitude
de ces considérations. Elles montrent que les
importations accrues très subitement pendant la première
année de l’occupation du pays par nos troupes, ne se sont
pas ralenties à mesure qu’on a diminué le nombre de
celles-ci, mais ont, au contraire, continué de s’accroître
dans de très fortes proportions. En 1880-81, la valeur des
importations est de 15.600.000 francs avec un corps de
troupes d’environ 48.000 hommes. En 1881-82, bien que
le nombre des soldats soit descendu à 40.000, le chiffre
des importations a continué son mouvement ascensionnel ;
il est de 22.200.000 francs ; en 1882-83, le nombre des
hommes n’est plus que de 30.000, le chiffre des importations
s’élève à 26.400.000 francs. En 1884-85, le nombre
des hommes est descendu à 16.000 et cependant le chiffre
des importations est le même que Tannée précédente.
Est-ce la France qui profita de tout l’accroissement du
commerce tunisien dû à son occupation du pays, ou bien
travailla-t-elle, comme on l’a dit, au profit des autres
nations? Les statistiques répondent qu’en 1886, la France
fournit à peu près la moitié des marchandises importées en
Tunisie, et que l’autre partie provenait de l’Angleterre
pour environ 25 p. 100, de ITtalie pour 11 à 12 p. 100 ;
de Malte pour 6 à 7 p. 100, de l’Algérie pour 4 p. 100, etc.
Pendant Tannée 1885, la valeur des importations de la
France en Tunisie s’éleva, en,chiffres ronds, à 14.000.000
de francs. Les principales marchandises françaises ou francisées
importées eh Tunisie étaient les peaux préparées,
les cuirs et les chaussures pour plus de 2.000.000 de
francs; les vivres pour une somme presque égale ; les
soies pour un million, et demi; les vêtements pour plus
de 800.000 francs ; les tissus de laine pour environ
700.000 francs, etc.
Il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de savoir
si tous ces produits étaient réellement d’origine française,
ou s’ils provenaient, en proportion plus ou moins grande,
d’autres pays, caries statistiques officielles réunissent sous
le titre de Commerce spècial les marchandises simplement
francisées, c’est-à-dire d’origine étrangère, mais ayant
payé en France les droits de douane, et les marchandises
fabriquées en France même. Il n’est pas douteux que,
parmi les marchandises expédiées de France pour la Tunisie,
il s’en trouvait une assez grande quantité provenant
d’autres pays que le nôtre.
Dans son Exposé de la situation économique de la
Régence de Tunis, la Chambre de commerce de Tunis, faisant
allusion aux chiffres donnés par la Statistique officielle
tunisienne pour le premier trimestre de 1885-86, faisait
remarquer que la Suisse figurait seulement pour une
somme de 4.000 francs et elle ajoutait : « Or, un seul
marchand de soieries des souks de Tunis a fait venir de
Suisse dans qe premier trimestre pour plus de 40.000 francs
de marchandises ». Puis elle continuait : « l’Angleterre,
portée seulement pour 1.325.000 francs pour le premier
trimestre de l’exercice de 1885-86, importe annuellement
en Tunisie pour 7.325.000 france, ainsi qu’il résulte d’une
statistique officielle qui a été mise sous nos yeux, où l’Angleterre
figure pour 5.700.000 francs et l’île de Malte
(articles divers d’origine anglaise) pour 1.625.000 francs.
D’un autre côté, l’Allemagne est portée pour le modeste
chiffre de 10.000 francs ; comment expliquer, dans ce cas,
qu’un document officiel, en novembre dernier, appelait
l’attention de la chambre de commerce de Tunis sur l’extension
que prenaient les relations commerciales de l’Allemagne
avec la Tunisie ? Cet appel à la Chambre a con-
J.-L. D e L a ne ssan. — La Tunisie* 14