long et étroit qui rendait la pêche très facile. M. de Fages
rappelle que, d’après un rapport officiel, on avait pris « d’un
seul coup jusqu’à 22.000 daurades, du poids de 2 à S kilog.
chacune» et il ajoute : « l’Etat, qui mettait en adjudication
l’exploitation de la pêche dans le lac de Bizerte a, depuis
1870, retiré de cette ferme jusqu’à 150.000 francs par an.
Les frais du fermier étant au moins égaux à cette somme,
on voit que le lac de Bizerte, qui laissait un bénéfice sensible,
devait donner environ 400.000 francs de prôduits
par a n 1. » Lorsque le Protectorat traita pour la construction
du port de Bizerte, il accorda à la Société concessionnaire
le monopole de la pêche pour toute la durée de
sa concession (75 ans) dans les lacs de Bizerte et d’Iskeul,
avec exemption de tout droit sur le poisson qu’elle prendrait.
On expédiait une partie de ce poisson à Marseille
dans la glace. On prépara aussi des oeufs pour les pays.
d’Orient. La pêche ne donnait, en réalité, que des résultats
médiocres, en raison des difficultés de la vente et de l’ouverture
très fréquenie de la porte du barrage du canal qui
favorisait la fuite du poisson. La marine se plaignait, de
son côté, d’être gênée par les pêcheries dans les mouvements
de ses navires. En 1906 l’Etat racheta le monopole dont
jouissait la Compagnie et mit en adjudication l’exploita-
tiôn de la pêche dans le seul lac d’Iskeul.
Le lac de Porto-Farina, dont la superficie est d’une
trentaine de kilomètres et qui communique- avec la
mer par une passe ayant 500 mètres environ de large,
a été amodié en vue de la pêche en 1896, pour la première
fois.
Le lac marécageux de Tunis, dont la superficie est
d’environ 50 kilomètres carrés n’a été amodié en vue de
la pêche qu’à partir de 1896. La pêche, auparavant, y était
libre. Les résultats de la modiation paraissent .avoir été
également avantageux pour les fermiers et pour le protectorat.
Il en est de même pour le lac des Bibans, situé au voisinage
de Zarzis et dont la superficie est d’environ 300 kilomètres
carrés.
Les établissement dénommés « thonaires » situés près
des Côtes et dans lesquels on pêche et prépare les thons
sont l’objet depuis longtemps de. concessions de la part
des autorités de lg Régence et donnent des résultats intéressants.
L’ancienne thonaire de Sidi-Daoud, par exemple,
« a capturé, en 1906, 8.000 thons pesant 600.000 kilos,
valant 250.000 francs à l’état frais et plus de 600.000 franes
après préparation1 ». Elle occupe pour la pêche, la préparation
et la fabrication des conserves à l’huile, plus de
250 personnes. La thonaire de Ras-el-Ahmar, concédée
en 1906 pour quarante années, a pris dès sa première
campagne plus de 2.000 thons que l’on prépare à Sidi-
Daoud. La très ancienne thonaire de Monastir, reconcédée
en 1892 pour quatre-vingt-six ans, est organisée pour conserver
le thon dans le sel et dans l’huile. Elle occupe
320 hommes et a capturé en 1906 plus de 4.000 thons,
pesant 335.000 kilogrammes. Notons encore les thonaires
récentes d’El Aouaria, de Ras-el-Mihr, de Ras Marsa, de
Kuriat, de Bordj Khadidja, de Ras Salakia, de Menzel
Temine et de Mehdia. Tous ces établissements ont été créés
en vue de la pêche des thons qui circulent, à certaines
époques, en grandes bandes, le long des côtes orientales de
la Régence. La concession est faite moyennant une redevance
de 1 franc pour 100 kilos de thons capturés, plus
5 francs de supplément par chaque quintal au-dessus de
8.000 quintaux.
Le gouvernement beylical avait, depuis un temps immémorial,
contracté la coutume de concéder aux habitants de
la Régence le droit de créer et d’exploiter des pêcheries
sur divers pointSv des côtes. Il existe environ un millier
de ces pêcheries dont le rendement est fort variable de
l’une à l’autre. « Les pêcheries indigènes sont situées tout
autour des bancs de Kerkennah et principalement dans
l’est ; on en trouve également sur toute la côte est et sud,
1 . Loc. cit., p. 121.