la Tu n i s i e
De 1907 à 1911, les Sociétés de prévoyance avaient
réparti entré leurs adhérents pour 4 millions de prêts de
semences de céréales. En 1912, elles en ont réparti pour
environ 2 millions de francs.
Les dispositions du décret du 26 janvier 1911 ont été
d abord appliquées dans le Djerid, puis étendues aux contrôles
' civils de Sousse et de Souk-el-Arba. Elles seront
ultérieurement appliquées dans les autres régions de la
Regence. Dans le Djerid ou le taux des intérêts était de
40 à 50 p. 100, l’application du décret de 1911 a fait
tomber le taux à des chiffres normaux. Il a, pendant la
guerre, beaucoup contribué au soulagement des misères
qu’elle a déterminées.
§ X* " L ENSEIGNEMENT AGRICOLE POUR LES INDIGÈNES
L organisation dont les écoles primaires indigènes sont
dotées depuis quelques années, en Tunisie, pourrait être
utilement consultée par notre Ministère de l’instruction
publique, car elle tend à faire des petits Tunisiens non
point des mandarins comme le deviennent les meilleurs
élèves de nos écoles primaires, mais des agriculteurs ou
des ouvriers. Dans le Rapport au président de la République
pour 1909, je lis avec un véritable plaisir ce qui
suit : « Des notions de culture sont données dans la plupart
des écoles de l’intérieur, un certain nombre sont
pourvues d’un jardin et d’un petit champ de démonstration
; 1 instituteur y établit la supériorité dès méthodes
culturales modernes sur les procédés indigènes... Des
jardins scolaires ont été acquis à Kebili, à Foum-
Tatahouine, à Djerba, etc. On s’efforcera d’y faire réussir
la culture des légumes et des primeurs qui peut être une
source de richesse pour la région des oasis ». Il s’agissait,
on le voit, d’une oeuvre naissante.
L’utilité, la nécessité même en était établie dans les
lignes suivantes du rapport, que l’on peut recommander à
la méditation de la direction métropolitaine de l’enseignement
primaire car elles s’appliquent à un grand nombre
L AGRICULTURE INDIGENE 93
de nos paysans et surtout à leur progéniture : « La généralisation
de ces efforts s’impose avec un intérêt d’autant
plus pressant que l’agriculture est en général tenue en
piètre estime par la partie aisée de la classe indigène qui
préfère les carrières administratives ; on voit trop souvent
des fils de gros agriculteurs renoncer à cultiver eux-
mêmes pour ne pas s’astreindre aux travaux des champs
considérés comme serviles. Un fait typique en passant :
quelques élèves d’une école du Sud, au moment où il fut
question de leur donner un enseignement horticole pratique
dans le jardin scolaire, proposèrent à leur maître de
faire faire le travail par leurs khammès. Seule l’école, par
l’action à longue échéance qu’elle exerce, paraît pouvoir
entreprendre cette réhabilitation de la terre et arriver à
remplacer, dans un laps de temps qui sera peut-être considérable,
le fellah d’aujourd’hui, obstiné dans son ignorance,
par un ouvrier agricole conscient de la supériorité
de nos procédés de culture.
« Si le zèle des instituteurs actuels est à la hauteur de
cette tâche, si d’autre part il est relativement facile de
préparer pour l’avenir un personnel possédant toutes les
connaissances techniques nécessaires en faisant suivre
aux élèves-maîtres les cours d’agronomie professés au
collège^ Alaoui, l’instrument premier de cette réforme par
l’enseignement, le livre, fait encore défaut; mais des
démarches sont entreprises pour doter la clientèle indigène
de nos écoles d’un manuel d’agriculture pratique et
concis qui pourra d’autre part, une fois traduit en arabe,
être répandu dans les milieux agricoles et contribuer à
l’instruction des adultes. »
Le rapport de 1910 prouve que M. Alapetite poursuit
avec ténacité son but et tient à faire de l’école primaire
tunisienne une institution essentiellement sociale, pratique
et utile aux indigènes dans tout le cours de leur
existence. On y lit, en effet, ce qui suit : « On s’est attaché
à multiplier le nombre des jardins scolaires, étant
entendu qu’il ne s’agit plus de menus enclos consacrés à
la production de quelques fleurs, mais de véritables petits