les centres indigènes, à l’ouverture de nouvelles écoles
de filles musulmanes, à l’institution de cours d’adultes
spéciaux d’enseignement du français : il est dû surtout à
l’empressement que témoignent nos protégés indigènes
pour l’instruction donnée à l’école française. Ils demandent
des écoles et des cours d’adultes avec un empressement
croissant ».
Au sujet de l’assistance pour laquelle il a été beaucoup
fait depuis quelques années, M. Alapetite disait le 26 janvier
1912 à la tribune delà Chambre ; « Messieurs, cette
population indigène, il ne faut pas croire qu’elle ignorait
l’assistance avant notre arrivée. Les Arabes ont bien des
défauts, vous me dispenserez d’en parler aujourd’hui, mais
ils ont aussi de grandes qualités. Ils sont très généreux,
ils ont le sentiment très développé de la solidarité entre coreligionnaires,
entre membres de la même tribu. Dans une
tribu il n’y a pas d’orphelins ; celui qui a perdu son père
est immédiatemènt recueilli. De même autrefois, dans les
villes, quand il y avait de riches bourgeois qui profitaient
de la faveur du souverain, ces bourgeois avaient, comme
jadis les patriciens à Rome, une clientèle qui venait chaque
matin et chaque soir recueillir les restes du repas de la
famille. Ces habitudes se perdent depuis que nous sommes
là. La bourgeoisie indigène s’appauvrit. Certaines sources
de revenus iui manquent. Elle est moins généreuse et
puis elle compte sur le Gouvernement qui, ayant organisé
l’assistance pour les Européens, doit bien l’organiser aussi
pour les indigènes.
« Il a donc fallu s’occuper de l’assistance aux indigènes.
Il y avait déjà à Tùnis un établissement hospitalier considérable,
bien connu, admirablement dirigé, et où l’on
vient de très loin pour les opérations chirurgicales les plus
difficiles, l’hôpital Sadiki, Mais il ne suffisait pas d’un
seul hôpital indigène sur tout le territoire de la Régence.
11 fallait créer de petits hôpitaux, de petits dispensaires ; il
fallait encore leur assurer une dotation. Nous ayons créé
des centimes additionnels spéciaux à l’assistance. Nous
avons d’autre part, amené l’administration des habous à
participer à la dépense, en sorte qu’aujourd’hui, sur le territoire
de la Tunisie, il y a une quarantaine, de médecins
qui ne soignent pas seulement la colonie française, qui
sont aussi des médecins affectés à des oeuvres d’assistance
aux indigènes... Après le dispensaire de Kairouan et à son
exemple, un grand nombre d’autres établissements analogues
se sont fondés et fonctionnent aujourd’hui avec le
concours des médecins civils ou militaires. (Très bien! très
bien !) Le nombre des consultations s’élève chaque année ;
l’an dernier, on n ’a pas présenté moins de 60.000 malades
à nos divers hôpitaux et dispensaires. Il y a là une oeuvre
française qui est à l’honneur de notre race. »[Très bien! très
bien !)
En somme, la Tunisie ne saurait trop se féliciter de la
manière dont ses intérêts financiers, économiques, moraux,
intellectuels, etc., ont été gérés par le Protectorat. Plus
heureuse que la plupart de nos colonies, elle a échappé à
la manie d’administration directe et d’assimilation à la
métropole que les représentants du ministère des Colonies
ont manifestée partout où ils sont passés. Elle a été administrée
non point d’après les principes appliqués à la
métropole et dont celle-ci n’a pas toujours à se louer,
mais conformément aux conditions ethnographiques,
sociales, chimatériques, etc., qui lui sont imposées parla
nature ou les traditions, et c’est pour cela que depuis quarante
ans elle n’a jamais cessé d’évoluer dans la voie du
progrès. M. Alapetite tirait la philosophie de cette évolution
lorsqu’il terminait ses discours par les considérations
suivantes : « Nous n’avons pas eu l’ambition de couvrir le
sol africain de constructions aussi somptueuses que celles
dont les ruines attestent la puissance de Rome.
« Ce n’est pas dans des murailles colossales que nous
avons voulu mettre nôtre orgueil et notre sécurité. Nous
avons voulu que toutes les ressources de la Régence fussent
employées à accroître le bien-être, lçs facultés de production
et d’échange des populations qui l’habitent. (Très bien!
très bien!) Nous avons voulu mener de front l’éducation
qui suscite de nouveaux besoins, en même temps que la