village de Zeriba que se trouve la source thermale de Hammam
Zeriba.
On avait établi à Dar-el-Bey un marché où se rendaient
tous les dimanches plusieurs centaines de marchands dont
un grand nombre venaient de fort loin. J ’y ai vu, il y a près
de trente ans déjà, des gens de Nebeul, avec leurs légumes
et leurs poteries, des habitants du Sahel avec leur huile
d’olive, des juifs ambulants avec leurs vêtements, leurs
étoffes, etc. Un grand mouvement se fit ainsi rapidement,
chaque semaine, autour du chef-lieu de l’Enfida. Attirés
par les Européens et par les bénéfices que ceux-ci leur
procuraient, les indigènes tendaient de toutes parts à
pénétrer dans le domaine, et la Société franco-africaine
donnait ainsi un très bel exemple à nos colons.
En dehors des habitants des villages berbères, les indigènes
de FEnfida vivent à peu près tous sous la tente ou
dans des gourbis en branches et se déplacent avec leurs
troupeaux sur le domaine, mais presque tous tendent à se
fixer au sol. « Leur tendance au sédentarisme, fait observer
M. Loth (p. 113), s’affirma dès.qu’ils eurent la certitude de
récolter en toute sécurité le produit de leurs semailles.
Sans doute, beaucoup d’entre eux continuent à faire transhumer
leurs troupeaux, mais ces déplacements qu’imposent
les nécessités climatériques sont effectués dans un rayon
extrêmement court. Ce n’est plus que du demi-nomadisme.
Cette population, vivant autrefois presque exclusivement
des produits du pâturage, se transforme peu à peu en
groupements de paisibles agriculteurs menant de front les
travaux de la terre et les soins à donner aux troupeaux. »
Ee nombre de leurs têtes de bétail s’est accru au point
d’atteindre aujourd’hui le chiffre de 115.276, dont plus de
77.000 moutons, près de 28.000 chèvres, près de
5.000 boeufs, près de 1.400 chevaux et près de 2.700 chameaux.
Il y faut ajouter près de 2.000 ruches d’abeilles.
« Sans doute, dit M. Loth, les efforts tentés pour atténuer
les funestes effets de l’imprévoyance n’ont pas toujours
été couronnés de succès. Il arrive encore que faute d’abris
les troupeaux des indigènes sont décimés par le froid et la
maladie, que dans les années sèches la terre insuffisamment
préparée ne donne pas de rendements < suffisants,
mais cependant chaque année on constate que l’étendue
des terres cultivées augmente de quelques méchias, le
troupeau de quelques centaines de têtes ».
La meilleure preuve que l’on puisse donner du progrès
réalisé par la culture indigène dans le domaine est fournie
par l’élévation graduelle du revenu des locations de terres
faites par la Société aux indigènes. En 1882-83 « le total
des perceptions effectuées n’avait pas atteint 40.000 francs ;
en 1883-84, le montant des locations et des droits de pacage
s’éleva à 72.640 francs... Dans l’année agricole 1886-87
les recettes atteignirent 126.000 francs, c’est-à-dire trois
fois plus qu’en 1882-83 (p. 114) ». En 1908-09, elles
ont atteint 257.781 francs. « Pendant la longue période
qui s’étend entre ces deux dates, il y eut parfois des
fléchissements déterminés par de mauvaises conditions
climatériques, mais le mouvement général ascensionnel
persista toujours. Le total des revenus fournis par les^
locations en vingt-neuf ans donne une moyenne annuelle
de 150.000 francs. En prenant seulement les dix premières
années, la moyenne ne dépasse pas 79.000 francs. Pour la
période de 1890 à 1899 elle s’élève à 163.000 francs. Et
enfin de 1899 à 1908 elle atteint le chiffré de 193.000 francs.
Il y a donc progression constante, attestant la remise en
exploitation de la plus grande partie d’un sol reste jusqu’alors
inculte et la collaboration toujours plus grande
de la population indigène. » M. Loth rappelle qu’au
cours de la dernière session de la conférence consultative,
M. de Carnières, président de la Chambre d’agriculture
de Tunis, fit observer à ses collègues combien la collaboration
des indigènes à l’oeuvre de colonisation agricole des
Français contribue à l’amélioration du sort matériel de la
population indigène de l’Enfida, et il conclut que cette collaboration
des indigènes à l’oeuvre de colonisation de la
France est « l’explication la plus véridique que l’on puisse
donner des heureux changements économiques survenus
dans toute cette partie du Sahel ».