deux kilomètres, aux abords de la station de Bou-Ficha,
de part et d’autre de la voie ferrée, la campagne change
d’aspect, grâce aux persévérants efforts des petits colons
italiens et donne vraiment l’idée de ce que devait êtrè
le pays tout entier au temps de la domination romaine
(p. 124). » M. Loth ajoute que l’un de ces petits colons « a
réussi à transformer ses dix hectares en un jardin si merveilleusement
agencé qu’on lui offrait récemment de ce
coin charmant une vingtaine de mille francs ».
A Enfîdaville, la Société essaya d’abord sans succès de
faire de la colonisation avec les ouvriers italiens du domaine;
puis elle y installa des familles choisies avec soin
et, après quelques épreuves, elle a obtenu de bons résultats.
M. Loth fait remarquer avec raison que cette petite
colonisation n’a pu réussir que grâce à la situation particulière
dans laquelle se trouvaient les familles. « Avec des
colonss dit-il, se contentant d’être un peu moins mal que
dans leur patrie, le système de morcellement inauguré à
Reyville et à Bou-Ficha au profit des Siciliens était possible.
Avec des cultivateurs français quittant leur pays pour
trouver aux « colonies » plus de bien-être, des combinaisons
de ce genre étaient irréalisables » (p. 126). Il faut
noter que les expériences de petite colonisation dont il est
question ci-dessus sont les seules qui aient réussi depuis
trente ans sur le domaine de l’Enfida.
On y a fait aussi des essais de colonisation dite
« moyenne », c’est-à-dire portant sur des étendues de 150
à 200, 300 et même 800 hectares. « Deux lots de 300 hectares
et un lot de 800, un lot de 100 hectares, un autre de
530 furent cédés en toute propriété moyennant le quart du
prix de vente payable cçmptant et les trois quarts restants
en dix annuités portant intérêt annuel de 6 p. 100. Producteurs
de céréales,'éleveurs de bétail, les possesseurs
de ces divers lots ont assez bien réussi pour que le problème
de la moyenne colonisation française à l’Enfida
puisse être considéré comme résolu. »
La solution du problème a dû être cherchée dans un
traitement spécial des terres et un choix particulier des
semences, adaptés aux conditions dans lesquelles ke trouvent
lé sol et le climat de l’Enfîda. Il fallait découvrir les
procédés de culture qui conviendraient le mieux à des
terres sèches et à un climat chaud avec des pluies rares.
La solution fut donnée par un travail raisonné du sol, ayant
pour objet de lui permettre d’emmagasiner et de conserver
la presque totalité des eaux pluviales et par 1 emploi de
variétés de céréales résistant à la sécheresse et se développant
aussi vite que lé nécessite la courte durée de la
végétation. D’après les expériences faites par MM. Achille
Côeytaux et Debrit à Upenna et à Bou-Ficha, il faut ameublir
la terre et la rendre perméable aux pluies par « trois
labours pendant l’année de jachère, un premier exécuté
immédiatement après 'les semailles, avec une Brabant
n° 42, le second croisant le premier au printeriips, et le
troisième enterrant la semence en automne » (p. 127).
Grâce à ces procédés, sept métayers européens sont
établis aujourd’hui sur le domaine de l’Enfida. « Les résultats
obtenus sont assez satisfaisants pour que le colon
réalise des bénéfices» suffisants, en même temps que la
Société obtient une redevance au moins double de celles
que lui procurent les contrats de location aux indigènes »
(p. 130). On lira dans la brochure de M. Loth, avec beaucoup
d’intérêt, le journal dans lequel M. CoeytauX, directeur
actuel du domaine de l’Enfida, donne un récit détaillé
des efforts qu’il a faits.et des résultats qu’il a obtenus pendant
neuf années, sur un terrain qu’il avait pris en location
pour dix ans. Le lecteur en déduira sans peine que tout
colon intelligent doitréussir, à la condition de déployer une
grande activité, et de tenir un compte très exact des
diverses conditions spéciales de sol et de climat qui existent
dans ce domaine.
Les résultats favorables obtenus par les colons français
ont déterminé l’administration à faire achat de plusieurs
.milliers d’hectares du domaine*. dans la région voisiné de
Zaghouan, pour établir des centres de colonisation française.
Le premier de ces centres - fut établi, en 1909, a
Segermès, ancienne colonie romaine, sur des terrains